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Connaissez-vous Gertie le dinosaure? C’est un film d’animation qui a fasciné les foules à sa sortie en 1914. D’une durée d’environ 13 minutes, le film montre les prouesses d’un brontosaure dressé qui obéit plus ou moins aux ordres de son maître, ici interprété par son dessinateur, l’illustre auteur de bande dessinée Winsor McKay. Loin d’être le premier film d’animation, Gertie le dinosaure a toutefois marqué les esprits en raison de sa personnalité unique. À l’époque, on se contentait surtout d’explorer les possibilités de l’animation comme une potentielle forme d’art. Gertie offre quant à lui l’exemple d’un premier personnage animé dont la création n’avait pour unique but que celui de conquérir le cœur du public.

Aujourd’hui, plus de 100 ans plus tard, il serait difficile de produire un inventaire complet des personnages animés qui ont vu le jour depuis. Ils sont tellement nombreux que vouloir en dresser la liste serait téméraire. Parmi eux, nous affectionnons tout particulièrement ceux avec lesquels nous avons grandi. De Mickey Mouse à Bugs Bunny, de Scooby-Doo à Snoopy, d’Astérix à Garfield, de la Mariée cadavérique à Wall-E (et nous en passons), chaque génération possède ses propres héros animés…

Avec la sortie en salle du film d’animation 3D Katak, le brave béluga, les jeunes cinéphiles d’ici (et d’ailleurs) auront l’occasion de tomber sous le charme d’un nouveau héros dessiné au Québec par des artisans d’ici. C’est aussi une invitation à vivre une aventure sous-marine dans les eaux majestueuses du fleuve Saint-Laurent. Les films d’animation ont justement ce pouvoir-là, celui de nous propulser dans des environnements difficiles, voire impossibles à explorer autrement.

Si nous prenons aujourd’hui la succession de films d’animation 3D en salle pour acquis, force est d’admettre qu’ils appartiennent à une industrie relativement jeune. Le premier long métrage en images de synthèse, Histoire de jouets, n’est arrivé sur les écrans qu’en 1996, il y a un peu moins de 30 ans. L’apparition d’outils informatiques puissants a néanmoins donné naissance à plusieurs nouveaux métiers techniques. À côté du cinéma, les animateurs 3D travaillent désormais pour la télévision, pour l’industrie des jeux vidéo (particulièrement florissante au Québec), voire pour n’importe quel organisme ou entreprise qui a besoin de contenu animé audiovisuel.

Le film Katak, le brave béluga a été produit par 10e Ave Productions, une maison de production québécoise à qui l’on doit La Légende de Sarila, le tout premier long métrage d’animation 3D réalisé au Canada. Sorti en février 2013, ce film a tout récemment célébré son dixième anniversaire. Dix ans, ça se souligne! Le magazine MonCiné s’est donc entretenu avec Philippe Arseneau Bussières, directeur artistique pour La Légende de Sarila qui est de retour dans ce rôle central pour Katak, le brave béluga. Sa filmographie inclut également La guerre des tuques 3D et Nelly et Simon : mission Yéti.

« [u]n directeur artistique en animation 3D ne doit pas nécessairement exceller dans une chose, mais doit être bon dans tout et porter plusieurs chapeaux. »

Avant tout illustrateur, c’est par le fruit du hasard que Philippe Arseneau Bussières est devenu directeur artistique en cinéma d’animation 3D. Cependant, des études en graphisme, diverses formations sur des logiciels spécialisés et un emploi chez Ubisoft lui ont certainement permis de migrer lentement vers ses nouvelles fonctions. S’il reconnaît que son métier est moins technique que celui des animateurs qui passent de longues heures derrière les écrans d’ordinateur, il ne manque pas de souligner que ses études lui ont été essentielles. « En tant que directeur artistique, précise-t-il, je dois savoir de quoi on me parle. Je dois avoir un regard global sur l’ensemble des paramètres et être conscient des limites du 3D. »

La créativité et la liberté propres aux fonctions de directeur artistique en animation 3D sont précisément les aspects qui plaisent le plus à Philippe Arseneau Bussières. Il apprécie beaucoup, également, que son métier lui permette de participer à toutes les étapes de la pro
duction d’une œuvre : des premières esquisses jusqu’à la préparation des documents promotionnels, puisque celui-ci est LE responsable, de a à z donc, de l’identité visuelle du film. Un directeur artistique en animation 3D ne doit absolument pas être intimidé par aucun des aspects propres à l’animation, ni par l’éclairage, le maquillage, les costumes, les décors ou la colorisation. Comme le résume si bien Philippe Arseneau Bussières : « [u]n directeur artistique en animation 3D ne doit pas nécessairement exceller dans une chose, mais doit être bon dans tout et porter plusieurs chapeaux ».

Toutes les décisions prises par le directeur artistique viennent certes avec une grande part de responsabilité, puisqu’il y a un réel danger de s’égarer en chemin. Il doit mûrir longuement chacune de ses décisions puisqu’au final, le but ultime est de créer un produit unique, qui se tient et qui possède une cohésion interne. Ici, c’est exactement le même principe que celui qui prévaut dans la production d’un film comprenant des images réelles qui s’applique : si les différents volets de la réalisation ne communiquent pas entre eux, le résultat risque d’être douteux à l’écran. À cet égard, le rôle du directeur artistique en animation 3D n’est pas si différent de celui du directeur artistique d’un film traditionnel.

La bonne nouvelle, selon Philippe Arseneau Bussières, est que ceux et celles qui aspirent à travailler dans le domaine de l’animation 3D ne manqueront pas d’occasions de travail. Mais attention, cette industrie peut s’avérer très compétitive. « Souvent, les talents sont “spottés” lorsqu’ils sont encore à l’école, dit-il. Quand vient le temps pour les étudiants finissants en animation de montrer leurs projets, les gens de l’industrie sont déjà là! » Votre CV est-il prêt? |

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