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La musique est souvent à l’origine de grands moments de cinéma. Imaginez la scène de la douche dans Psychose, le classique d’Alfred Hitchcock, sans les cris stridents des violons de Bernard Herrmann. C’est franchement moins efficace. Pire encore, imaginez l’ouverture d’un film de La Guerre des étoiles sans la musique légendaire de John Williams. Rien à voir! Effectivement, le septième art doit beaucoup à la musique. C’est grâce à elle que le spectateur arrive vraiment à pénétrer dans l’ambiance d’un film. Pour un cinéaste, l’ajout d’une trame musicale peut être comparé à peindre un nouvel appartement. C’est donner une couleur et un ton particuliers à son film. La contribution des compositeurs au cinéma ne doit donc pas être sous-estimée. Souvent, ce sont les partitions musicales qui font que les films fonctionnent. Une bonne trame sonore va davantage marquer les esprits des spectateurs. Cette série sur les différents métiers du cinéma est donc l’occasion parfaite de célébrer et d’explorer le métier de compositeur au cinéma. Maestro!

Un peu d’histoire
À l’époque des films muets, il n’y avait pas de partitions créées exclusivement pour les films. Lors des représentations, on pouvait faire jouer de la musique avec un phonographe, mais c’était encore mieux au goût de plusieurs d’engager un musicien qui jouait sur place pendant les projections. Un pianiste ou un violoniste avait l’avantage certain de pouvoir improviser en fonction du contenu et même de générer un peu de suspense!

Lorsqu’il est devenu possible, vers la fin des années 1920, de synchroniser l’image et le son, Hollywood a commencé à engager des musiciens accomplis afin d’écrire la musique de ses productions. Max Steiner en est un exemple incontournable. C’est d’ailleurs lui qui a composé la musique du tout premier King Kong de 1933. Compositeur autrichien et prodige musical, il a conquis Hollywood et est devenu ce que de nombreux spécialistes qualifient de « père de la musique » du cinéma. Connaisseur en matière d’opéra, il a su transposer au cinéma certaines techniques de cette forme d’art comme l’utilisation de leitmotivs, de courtes phrases musicales qui reviennent plusieurs fois et qu’on associe à différents personnages.

Au fil des décennies, les styles de trames sonores se sont diversifiés. L’arrivée du cinéma parlant a mis fin à la nécessité d’avoir une trame musicale continue. Ainsi, l’utilisation du silence devient même un outil dramatique fort puissant. L’arrivée du jazz sur la scène culturelle apporte quant à elle de nouvelles possibilités : on s’éloigne des arrangements orchestraux plus classiques. Et puis, on commence à utiliser, de manière plus fréquente, des chansons issues de la culture populaire et de groupes musicaux. Les synthétiseurs électroniques, arrivés en grande pompe dans les années 1980, ont changé une fois de plus les textures musicales possibles, pour le meilleur et pour le pire!

« Être un compositeur au cinéma, ce n’est pas être une rock star. »

Être compositeur en 2022
Aujourd’hui, le métier de compositeur est largement défini. Son but ultime est de créer des arrangements musicaux pour un projet visuel diffusé devant public. Les moyens, par contre, ont résolument changé. Si certains compositeurs préfèrent toujours l’enregistrement d’un orchestre symphonique, d’autres choisiront de travailler en studio, en équipe réduite. Avec tous les logiciels qui existent désormais, il est néanmoins possible de signer la trame musicale d’un film sans avoir besoin de musiciens ni d’instruments. C’est possible, mais est-ce l’idéal?

La question qu’il faut plutôt se poser est celle-ci : qu’est-ce que ça prend pour être un bon compositeur au cinéma? Un prérequis semble évident : être avant tout un bon musicien. On aimerait tous être musicien. Cependant, rares sont celles et ceux qui peuvent le prétendre. Savoir jouer Für Elise en amateur, au piano, ce n’est pas assez. Les compositeurs professionnels maîtrisent souvent un sinon plusieurs instruments. De plus, l’art de la musique est très ancien. Pour cette raison, il est essentiel de bien connaître le langage de la musique dans toute sa complexité, d’être au fait de son évolution historique et de l’inventivité de ses différents styles et mouvements. Ce savoir du compositeur va lui permettre de prendre les bonnes décisions pour le projet sur lequel il travaille.

Imaginez un compositeur qui doit écrire la musique pour un film se déroulant en Égypte ancienne puis, tout de suite après, celle d’un autre qui se passe dans le New York des années 1970… Bien sûr que le compositeur devra changer son approche! Ce qui ne veut pas dire qu’il ne doit pas développer et posséder sa propre signature. Il est évident que d’avoir son propre style peut aider à se démarquer dans un marché qui, on l’admettra, peut être assez compétitif. Dans tous les cas, les compositeurs se doivent d’être flexibles et prêts au compromis. Être un compositeur au cinéma, ce n’est pas être une rock star. C’est un emploi… Et comme dans tout emploi, il y a un patron. À ce titre, producteurs et réalisateurs ont des attentes et des idées parfois bien précises, d’où l’importance de posséder un riche bagage culturel en matière de musique, mais aussi en matière de cinéma! |

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