Crédit photo : Alessia Pierdomenico / Shutterstock
Portrait sur le réalisateur et acteur Kevin Costner pour la sortie des films Horizon : Une saga américaine – Chapitres 1 et 2
En janvier prochain, l’acteur et réalisateur Kevin Costner soufflera 70 bougies. Depuis cinq décennies, le natif de la Californie s’est construit une image de héros taciturne, oscillant entre d’énormes succès populaires et quelques retentissants échecs commerciaux. Si ses rôles les plus marquants se sont inscrits principalement durant les décennies 1980 et 1990, Kevin Costner poursuit encore aujourd’hui une carrière honorable, au petit et au grand écran. Présentement, il incarne John Dutton, un père de famille contrôlant, dans la série western Yellowstone, qui cartonne chez nos voisins du Sud. Et cet été, il retourne derrière la caméra en plus d’être la vedette des deux premiers films de la saga Horizon, sur la conquête de l’Ouest américain.
Après un baccalauréat en arts à l’Université d’État de Californie à Fullerton, Kevin Costner épouse sa camarade de classe Cindy Silva et durant leur voyage de noces, il rencontre l’acteur Richard Burton par hasard dans un aéroport. Il lui demande s’il devrait tenter sa chance comme acteur, et Richard Burton le pousse à concrétiser son rêve. Motivé par cette affirmation, Kevin Costner décide de tout risquer et, s’armant de patience, il accepte des rôles mineurs dans des films oubliables, comme Malibu Hot Summer en 1981. Après que Costner a été coupé au montage de l’acclamé Les Copains d’abord (The Big Chill) réalisé par Lawrence Kasdan en 1983, ce dernier promet au jeune acteur de lui offrir un rôle dans un projet futur. Deux ans plus tard, le cinéaste lui propose le personnage de Jake dans le western Silverado, performance qui permettra à Kevin Costner de voir son nom au haut de l’affiche. C’est assurément son interprétation d’Eliot Ness dans Les incorruptibles (The Untouchables) réalisé par Brian De Palma qui marquera les esprits, aux côtés du vétéran policier Jim Malone campé par Sean Connery, et face au redoutable Al Capone auquel Robert De Niro donne vie. Cette image d’homme intègre, franc et en contrôle de la situation collera longtemps à la peau de Kevin Costner.
S’ensuit une période faste, durant laquelle le comédien enchaîne les héros ordinaires, comme son militaire coincé dans Sens unique (No Way Out) mis en scène par Roger Donaldson, et ses deux longs métrages sur le baseball (sport dans lequel il excellait durant ses études), La Belle et le vétéran (Bull Durham) de John Sheldon et surtout Le Champ des rêves (Fields of Dreams) réalisé par Phil Alden Robinson. Cette fantaisie, dans laquelle un père de famille construit un terrain de balle au milieu de ses champs de maïs pour attirer des fantômes de joueurs de baseball disparus, a touché une corde sensible chez beaucoup d’Américains. Ce faisant, il devient l’un des succès surprises de l’été 1989 et le film obtient trois nominations aux Oscars, dont celles du meilleur film et du meilleur scénario adapté. L’année suivante, Kevin Costner concrétise son statut de vedette internationale en jouant, réalisant et produisant Il danse avec les loups (Dances with Wolves), sa mise en scène du roman de Michael Blake que ce dernier a lui-même scénarisé. L’histoire humaniste de ce lieutenant décoré de la guerre de Sécession qui décide de s’installer dans un fort déserté, pour ensuite se rapprocher de la population sioux voisine, séduit la planète entière. Avec des revenus de plus de 420 millions de dollars, un box-office immense en 1990, une douzaine de nominations aux Oscars et une récolte de 7 statuettes dont meilleur film et meilleur réalisateur, Kevin Costner est à ce moment précis le roi d’Hollywood.
Ses succès se poursuivent, avec le Robin des bois : Prince des voleurs (Robin Hood: Prince of Thieves) de son ami Kevin Reynolds, le JFK du controversé cinéaste Oliver Stone, le duo improbable avec la chanteuse Whitney Houston pour Le Garde du corps (The Bodyguard) réalisé par Mick Jackson et un rôle plus sombre dans le drame Un monde parfait (A Perfect World) dirigé par Clint Eastwood. En 1994, Kevin Costner revient au western dans Wyatt Earp avec, encore une fois, Lawrence Kasdan aux commandes. Cette fresque de plus de trois heures ne trouve pas son public, surtout que le similaire Tombstone était sorti quelques mois plutôt. Pensant sûrement que ce nouveau projet pourrait le relancer, Kevin Costner est de l’aventure de Waterworld où il retrouve le réalisateur Kevin Reynolds. Avec un faramineux budget de 175 millions de dollars, le plus gros de l’histoire du cinéma à cette époque, le film ne couvre pas ses frais en raison d’un manque d’engouement autant chez le public que chez les critiques. Mais c’est avec Le Facteur (Postman), un autre film postapocalyptique, réalisé et interprété par Kevin Costner, que la chute est la plus brutale. En plus d’être un échec commercial, le long métrage remporte cinq prix Razzie en 1997 dont pire film, pire réalisateur et pire acteur. Ce revers semble avoir laissé une trace indélébile sur la filmographie du Californien, car sa carrière n’a plus jamais été la même par la suite.
À l’aube des années 2000, Kevin Costner cherche des personnages pouvant redorer son image. Il s’implique dans un autre film sur le baseball, Au-delà du jeu et de l’amour (For Love of the Game) réalisé par Sam Raimi, et un drame politique, Treize jours (Thirteen Days) dirigé par Roger Donaldson. Avec L’Ouest sauvage (Open Range), l’acteur et réalisateur espère obtenir le même succès qu’avec Il danse avec les loups. Mais ce western crépusculaire, malgré des critiques honnêtes et un succès raisonnable, se fait vite oublier. Durant cette décennie et la suivante, le père de sept enfants avec trois femmes différentes ralentit la cadence, se démarquant parfois, comme dans le film Mr. Brooks réalisé par Bruce A. Evans en 2007, dans lequel il se glisse dans la peau d’un tueur en série, et dans la minisérie Hatfields & McCoy pour laquelle il remporte un Emmy en 2012. C’est à travers la musique country rock et son groupe Kevin Costner & Modern West qu’il semble le plus s’épanouir. Mais l’été 2024 promet un retour en force au cinéma pour ce cowboy des temps modernes, alors que les deux premiers volets de sa tétralogie Horizon sur la conquête de l’Ouest d’un point de vue féminin prendront l’affiche respectivement en juin et août. |