Crédit photo : Unifrance / Philippe Quaisse
Entrevue avec le réalisateur Gilles De Maistre pour la sortie du film Le Dernier jaguar
Gilles de Maistre a commencé sa carrière professionnelle en 1985 comme journaliste reporter d’images, en réalisant plusieurs documentaires pour la télévision. En 1994, il tourne son premier long métrage, Killer Kid, pour lequel il obtient le prix du public et le Prix Cannes Junior au Festival de Cannes. Son troisième film de fiction, Mia et le lion blanc, est le plus gros succès français à l’étranger de 2019. Le Dernier jaguar est son huitième film en tant que réalisateur pour le cinéma.
Quel était le point de départ pour votre nouveau film Le Dernier jaguar ?
J’aime raconter des histoires humaines qui nous concernent. Je pars toujours d’une thématique problématique qui m’apparaît hyper importante, comme ici avec le braconnage amazonien. Tout part du sujet. Comme on veut s’adresser à un public large, on essaie de trouver des histoires amusantes avec des enfants et des animaux qui vont plaire à toute la famille. Et on espère qu’après, le public puisse parler du fond que l’on retrouve dans le film et en prendre conscience.
Qu’est-ce qui vous interpelle dans ce sujet ?
Le trafic des animaux concerne toute la planète. C’est quelque chose qui pourrit le monde.
Portiez-vous cette cause avant même la production du film Mia et le lion blanc (2018)?
Un peu avant, car j’avais fait une série documentaire sur les animaux.
Comment procédez-vous à la création d’un film comme celui-ci ? On se renseigne d’abord si c’est même possible de tourner avec un jaguar ?
Heureusement qu’on n’a pas trop écouté les gens, parce qu’on nous disait que ce n’était pas possible avec cet animal (rire). On a confiance dans notre processus et notre méthode. On sait que c’est une question de travail et d’engagement. Et de ne pas avoir peur. Mais oui, beaucoup de gens nous on dit qu’il ne fallait pas toucher à un jaguar parce que c’est un prédateur qui est ingérable. On nous conseillait de plutôt prendre une panthère pour le film. Mais pour nous, ça n’avait aucun sens d’amener une panthère en Amazonie pour en faire un jaguar (rire). Il faut être cohérent dans ce qu’on raconte.
Par rapport à vos deux films précédents, Mia et le lion blanc et Le Loup et le lion (2021), quels nouveaux défis ce film présentait-il ?
Pour ce film, je voulais ajouter une touche de comédie, ce qui était un peu nouveau pour nous. Il y a donc ce challenge de tourner avec des animaux en même temps que de faire de la comédie. Il fallait aussi trouver le bon rapport entre les personnages de l’enfant et de sa professeure. Donc je dirais de trouver le bon ton au film.
Avez-vous auditionné beaucoup de filles avant de vous arrêter sur le choix de Lumi Pollack ?
Nous en avons vu près de 300, pour en retenir une dizaine. Ensuite, nous les avons testées avec des animaux, de petits lions, pour voir comment elles réagissaient. La grosse partie du casting demeure les parents. Il faut savoir si eux sont prêts à faire partie de l’aventure. Dans ce cas-ci, c’étaient des Américains qui devaient déménager au Mexique pour un an. Ils devaient vivre près des jaguars et dédier pratiquement tous les jours de leur vie à leur fille. Il faut aussi les rassurer que tout soit sécuritaire. Après, on a quand même des films pour leur montrer notre sérieux (rire) et prouver que ceux-ci se faisaient sans danger. Les parents de Lumi étaient super et très impliqués. Lumi avait un comportement incroyable avec les animaux. Mais par moment, c’était quand même très difficile pour elle. On a toujours une doublure, une fille qui a fait le même travail et qui est prête à la remplacer si jamais elle changeait d’avis avant le tournage. Pour le besoin de notre histoire, Lumi a commencé à tourner avec l’animal lorsqu’il est devenu adulte, mais elle a quand même interagi avec lui pendant un an alors qu’il grandissait. Tout ça est donc complexe à organiser (rire).
Je crois qu’il y a eu quelques pépins avec le syndicat américain des acteurs concernant la participation de Lumi au tournage, non ?
Ça a posé de gros problèmes. Ils ne voulaient pas qu’elle fasse le film, car ils avaient peur. Elle a finalement réussi à négocier une entente avec eux.
Que pouvez-vous nous dire à propos du choix d’Emily Bett Rickards ?
Son personnage est plus drôle et j’ai tout de suite vu qu’elle pouvait faire cette professeure. On lui a demandé et elle a dit oui. Ç’a été vraiment incroyable de travailler avec elle. C’est une fille géniale sur tous les points : au plan humain, au plan d’actrice. Je trouve que les acteurs nord-américains, c’est autre chose en termes d’implication. Elle a travaillé énormément son personnage et elle a apporté plein d’idées. Elle a donné à son personnage quelque chose de très loufoque. C’est une cannibale de l’écran (rire)! Elle occupe tout! Après, il faut la contrôler un peu, mais il vaut mieux avoir trop de trucs géniaux que de la merde (rire).
Dans le film, le « méchant » est une vilaine, chose qui est plutôt rare au cinéma. C’était une volonté dès le départ de casser ce stéréotype ?
Ouais, ouais. En prenant aussi une femme qui était belle. Tout le film est une histoire à propos de femmes. Même le jaguar est une femelle.
Comment choisit-on un animal pour ce type de film ?
On ne le choisit pas (rire). On prend ce qu’il y a et on espère pour le mieux (rire). |
La comédie d’aventure familiale Le Dernier jaguar est présentement à l’affiche.