Image tirée du film La Fonte des glaces (2024)
Entrevue avec l’actrice Christine Beaulieu pour la sortie du film La Fonte des glaces
Originaire de Pointe-du-Lac (maintenant une partie de Trois-Rivières), Christine Beaulieu fait ses études à l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe. Diplômée en 2003, elle enchaîne rapidement des rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma. En 2015, Le Mirage, la comédie dramatique de Ricardo Trogi, la révèle au grand public. L’année suivante, elle remporte un énorme succès avec sa pièce documentaire J’aime Hydro. Depuis 2021, elle incarne Isabelle dans la populaire série familiale L’œil du cyclone.
Dans tes débuts au cinéma, il y a de petits rôles dans deux coproductions françaises de 2009, L’Instinct de mort et Romaine par moins 30. Quels souvenirs gardes-tu de ces tournages ?
Pour L’Instinct de mort, je me souviens de la longue file d’attente pour la cantine (rire). Et que c’était délicieux (rire) ! J’étais vraiment impressionné par Vincent Cassel. C’est aussi sur ce plateau que j’ai rencontré Roy Dupuis. On ne tournait pas tant que ça non plus. L’équipe prenait son temps pour bien installer les caméras afin que le directeur photo obtienne vraiment ce qu’il désirait comme images. J’ai tourné une scène avec des explosifs. C’était un peu stressant (rire). C’était juste une production immense. En ce qui concerne Romaine par moins 30, il faisait très froid (rire). Pour moi, ce film représente surtout ma rencontre avec Louis Morissette, qui allait devenir une personne très importante dans ma vie. Par la suite, il m’a fait jouer dans sa série C.A. alors que je n’étais pas vraiment connue. Puis, il y a eu le film qu’il a scénarisé, Le Mirage, dans lequel j’étais la moins connue des quatre avec Louis Morissette, Patrice Robitaille et Julie Perreault (rire). Et maintenant, je joue dans L’œil du cyclone, qu’il coproduit. Louis me fait confiance pour des rôles importants et je lui serai toujours très reconnaissante. J’ai beaucoup de plaisir avec lui. C’est une très bonne personne qui est toujours à l’écoute.
En 2015, tu tiens justement un rôle important dans Le Mirage de Ricardo Trogi. Avais-tu peur que l’énorme succès du film te cantonne dans le type de rôle de Roxanne ?
En fait, ça m’a plutôt libérée de cette crainte (rire). Dès l’école de théâtre, je voulais jouer des rôles de « gars ». Je refusais souvent ce genre de rôles de filles sexy. Puis, quand j’ai décroché celui de Roxanne, je me suis dit : « fais-le et aime Roxanne de tout ton cœur ». J’ai donc plongé dans le rôle. Le Mirage contient un long plan séquence quand je fais visiter le chalet au personnage de Louis et qu’il m’agresse à la fin. Le plan était très long. Il commençait à l’extérieur, puis on montait en haut pour revenir en bas dans la cuisine. C’était un énorme défi, car au début on est plus dans la légèreté pour terminer sur un ton dramatique. En plus, j’improvisais une bonne part des dialogues quand je lui montrais les différentes pièces (rire). C’était tout un défi technique à faire, qui demandait une logistique incroyable. C’était excitant et stressant ! Tu ne veux pas être celle qui se trompe juste avant la fin de la prise et que tu dois tout faire recommencer (rire).
As-tu senti qu’il y a eu un avant et un après Le Mirage ?
J’ai été en nomination aux galas du cinéma du Québec et du Canada anglais pour ce rôle. Je roulais ma bosse depuis quelque temps, mais c’est certain que ça aide pour la confiance. Même si on ne fait pas ce métier-là pour gagner des prix, ça m’avait vraiment touchée.
Tu as participé à deux films d’André Forcier : Embrasse-moi comme tu m’aimes (2016) et Les Fleurs oubliées (2019). Qu’aimes-tu de son univers ?
André est un très grand scénariste. Il est un génie pour inventer ce genre d’histoires et de personnages. Ses films sont des fables uniques dans lesquels jouer pose tout un défi afin de toucher à sa magie. J’ai vu tous ses films, dont je me suis délectée. C’est quelqu’un qui me fascine et que j’admire. J’ai été très honorée d’avoir pu jouer dans deux d’entre eux.
En 2021, tu participes à Nouveau-Québec de Sarah Fortin. Comment s’est déroulé ce tournage qui a eu lieu sur la Côte-Nord ?
C’était une expérience inoubliable. Nous étions une équipe de 25 personnes qui s’était installée à Shefferville après 12 heures de train. La communauté locale nous avait tous bien accueillis. Ce film marque ma rencontre avec Jean-Luc Kanapé, un formidable acteur innu. J’ai beaucoup aimé jouer avec les membres de la communauté. Ils étaient vraiment impressionnants. Ils avaient la capacité d’être dans le moment présent et ce qu’ils jouaient était toujours vrai. C’était une bonne leçon de jeu pour moi.
En 2023, tu étais de la distribution féminine toutes étoiles de Frontières de Guy Édoin. Que peux-tu nous dire de cette expérience ?
Tout d’abord, on filmait dans la maison de Guy et sur sa ferme familiale. C’était assez unique. Ensuite, je pourrais regarder sans cesse Pascale Bussières tellement elle est sensationnelle (rire). Micheline Lanctôt est inspirante comme femme. Elle ose s’affirmer. C’était juste formidable de jaser avec elle entre deux scènes. Et j’ai eu beaucoup de fun avec Marilyn Castonguay. J’étais honorée de faire partie de cette famille de femmes.
Le film contient une scène de nudité assez surprenante. Était-elle dans le scénario ? Comment l’as-tu abordée ?
Oui, elle était dans le scénario. Je trouvais que c’était une image forte qui valait le coup. Je dirais qu’en vieillissant, je me sens plus à l’aise avec mon corps, plus libérée. Mon corps est un outil. Mais bon, je ne ferais pas de nudité pour n’importe quelle raison (rire). Cette scène s’est faite en une prise. Je l’ai répétée quelques fois habillée, mais la tourner a été une expérience assez galvanisante (rire). Il faisait vraiment froid dans le garage (rire).
En regardant ta filmographie, on constate que tu aimes alterner entre des films plus commerciaux comme Norbourg et 23 décembre et des films d’auteur avec Nouveau-Québec et Les Tricheurs. Est-ce délibéré comme choix ?
Pour avoir envie de tourner un film, j’ai besoin d’aimer le réalisateur ou la réalisatrice. Il faut que j’aie le goût de passer du temps avec lui ou elle. Bien sûr, le scénario est quand même important, mais c’est davantage la rencontre avec le cinéaste qui m’allume. C’est avec elle ou lui que je vais échanger, à qui je veux faire plaisir. Jouer est un don de soi. C’est des grosses journées et c’est épuisant. On ouvre notre cœur et chaque rôle laisse des traces sur nous. Il faut donc que je sois motivée pour avoir envie d’aller jusqu’au bout.
Est-ce la raison pour laquelle tu as accepté le plus petit rôle de Karine dans Simple comme Sylvain de Monia Chokri, sorti l’automne dernier ?
Je connais Monia parce que nous avions joué au théâtre ensemble. Je sais qu’elle est une très bonne directrice d’actrice. Surtout, j’aime ce genre de rôle où la personne n’est pas trop éduquée, mais qu’elle tente de faire de son mieux. Malheureusement, on ne m’en offre pas beaucoup (rire). Mais si Monia voyait ça en moi pour le personnage de Karine, je me suis dit qu’elle m’avait bien saisie. J’étais donc très heureuse et super fière de participer au film. Il était important pour moi que Karine existe et qu’elle soit touchante. Je ne voulais pas qu’on puisse rire d’elle.
Que peux-tu nous dire de ton nouveau film, La Fonte des glaces ?
J’ai eu une belle rencontre avec François Péloquin (réalisateur et coscénariste) et Sarah Lévesque (coscénariste) qui m’a donné l’envie de faire le film. C’est aussi un très beau scénario. Je joue Louise Denoncourt, une agente de libération conditionnelle qui gère une aile expérimentale pour des prisonniers qui sont des meurtriers. Elle croit en leur réhabilitation en leur faisant faire différentes activités comme de la musique, du yoga et du canot sur glace. D’ailleurs, j’en ai réellement fait pour le tournage (rire). L’arrivée d’un nouveau détenu, joué par Lothaire Bluteau, va venir bousculer ses convictions. |
Le drame La Fonte des glaces prend l’affiche le 22 mars.