Crédit photo : Pierre Dupuy
Entrevue avec l’acteur Yves Jacques pour la sortie du film Le Successeur
Depuis une quarantaine d’années, Yves Jacques partage son temps entre le cinéma, la télévision et le théâtre. Il a joué dans six films de Denys Arcand et sept du cinéaste français Claude Miller. Dans le nouveau film de Xavier Legrand, Le Successeur, il incarne le personnage de Dominique Duchesne, un homme discret habité par un terrible évènement non résolu.
Comment avez-vous obtenu le rôle de Dominique Duchesne?
J’avais déjà rencontré le réalisateur Xavier Legrand à Paris. Il m’avait vu au cinéma, mais également au théâtre. Un jour, je reçois un texto de sa part me disant qu’il a un rôle aux petits oignons pour moi. J’avais beaucoup aimé son premier film, Jusqu’à la garde. D’une part, j’étais très heureux pour lui qu’il puisse faire ce deuxième film. Ensuite, c’est toujours flatteur quand on te propose un rôle.
Qu’est-ce qui vous a plu dans le scénario?
L’opportunité de jouer un gars ordinaire (rire)! Habituellement, je joue souvent des intellectuels ou des curés (rire). J’étais vraiment heureux de jouer un autre type de personnage auquel je suis moins associé. Aussi, je ne pouvais pas laisser passer la chance de jouer avec Marc-André Grondin.
Comment s’est déroulée cette collaboration?
Marc-André est un partenaire adorable. Je l’avais déjà croisé ici et là, sans plus. Je me souviens encore quand je lui ai remis, avec Louise Turcot, le prix Jutra du meilleur acteur pour C.R.A.Z.Y. en 2006 (rire). Pendant le tournage, on a appris que nous jouons de la batterie tous les deux. Je pense que jouer de la musique nous a aidés à trouver un rythme dans nos scènes ensemble.
D’ailleurs, vous partagez une scène très émouvante. A-t-elle été compliquée à tourner?
Nous l’avons faite en une prise! (rire). C’est une très belle scène qui me rappelle celle que j’avais jouée avec Dorothée Berryman dans Le Déclin de l’empire américain.
Comment est Xavier Legrand comme réalisateur?
Il n’est pas du tout autoritaire. Il aime bien que l’on retrouve son texte, mais il donne de la latitude pour réinterpréter les mots. Il sait ce qu’il veut de ses comédiens. J’aime qu’on me dirige. Après tout, ce n’est pas mon film. C’est celui du réalisateur. Je n’ai pas d’orgueil (rire). Ayant aimé son film précédent et en voyant le texte du scénario, j’étais complètement en confiance avec Xavier.
Quelle est votre interprétation de la scène finale avec votre personnage?
J’aime que Xavier laisse la porte entrouverte, tant pour mon personnage que pour celui de Marc-André. On peut deviner certaines choses, mais on ne montre pas tout. Je pense que mon personnage est enfin confronté à une résolution. Il obtient une réponse à un mystère qui l’habite depuis longtemps. Mais ce que je trouve de beau dans ce plan, c’est que Xavier montre le choc, mais pas nécessairement avec un gros plan de moi. On avait d’ailleurs tourné ma réaction, mais c’est plus intéressant amené comme ce l’est présentement.
Quelle a été votre scène préférée à tourner?
La scène de la célébration funéraire. Il y a un bref moment quand je parle où j’échappe une émotion, où je me montre vulnérable, puis je me ressaisis rapidement. Pour moi, c’est rare que je puisse jouer ce genre de scène. J’ai vraiment aimé ça (rire).
Le drame psychologique Le Successeur prend l’affiche le 2 février.