Image tirée du film Mission : Impossible – La Nation Rogue (2015)

« Votre mission, si vous l’acceptez, est de lire cette chronique. Heureusement, elle ne s’autodétruira pas dans cinq secondes. »

Diffusée sur la chaîne CBS de 1966 à 1973, la série Mission : impossible ne s’est jamais hissée parmi les émissions les plus regardées. Toutefois, elle a toujours été présente dans la culture populaire, probablement, en grande partie, grâce au thème accrocheur composé par Lalo Schifrin, qui lui a d’ailleurs valu un Grammy, en 1968. Après sept saisons et un total de 172 épisodes, le studio Paramount, qui détenait les droits de la franchise, a cherché à transposer l’univers des agents des services secrets de l’IMF, l’Impossible Mission Force, au grand écran. Mais pendant plusieurs années, personne n’est parvenu à offrir un concept satisfaisant jusqu’à ce que Tom Cruise démontre de l’intérêt.

Fan de la série depuis son enfance, Cruise, qui est l’une des vedettes les plus puissantes d’Hollywood au début des années 1990, décide non seulement de s’investir comme acteur dans un long métrage Mission : impossible, mais il choisit également ce projet comme premier film en tant que producteur. En effet, Cruise vient de lancer avec Paula Wagner, son agente, la société de production Cruise/Wagner. Et le duo réussit à obtenir un budget de 70 millions de la Paramount, même si le scénario n’est pas encore écrit! L’acteur travaille donc sur une histoire potentielle en compagnie du réalisateur de La Firme, Sydney Pollack, avec qui il vient de connaître un énorme succès.

Pendant le tournage d’Entretien avec un vampire, Tom Cruise fait la rencontre de Brian De Palma à l’occasion d’un souper avec Steven Spielberg. Impressionné par les connaissances cinématographiques de De Palma, Cruise se retape la filmographie du cinéaste. Il est convaincu qu’il tient son réalisateur. Après tout, De Palma excelle dans l’art de l’illusion visuelle, approche qui sera au cœur du film. D’abord réticent, le réalisateur, qui vient d’encaisser quelques échecs commerciaux, accepte finalement l’offre de Cruise, mais il rejette le scénario sur lequel travaille la vedette. On doit donc recommencer depuis le début.

Brian De Palma, ingénieux metteur en scène de plans-séquences dans ses productions, conçoit plusieurs séquences visuelles qu’il aimerait incorporer à l’histoire. Cruise lui-même suggère la fameuse scène du restaurant aquarium. Lors du tournage, une prise peu convaincante avec un cascadeur amène le réalisateur à proposer à Cruise d’essayer. Il réussit dès la première prise! C’est au scénariste Steven Zaillian, lauréat d’un Oscar pour La Liste de Schindler, qu’incombe la tâche de créer une histoire dans laquelle il devra intégrer tous ces éléments. Puis, David Koepp (Jurrasic Park) et Robert Towne (Chinatown) prennent la relève. De Palma veut une histoire qui gardera constamment le spectateur en haleine.

« Cruise réussit à obtenir un budget de 70 millions de la Paramount pour le film, et ce, même si le scénario n’est pas encore écrit! »

C’est pour cette raison que l’on fait de Jim Phelps le personnage principal de la série télévisée, le méchant. Apparemment, le rôle avait été offert à Robert Graves, mais il aurait refusé, insulté par le sort qu’on réservait à ce personnage qu’il affectionnait. On s’est donc tourné vers Jon Voight, un acteur sympathique que personne ne croirait coupable d’une telle trahison. Pour lui faire face, on a créé pour Cruise un nouveau personnage : Ethan Hunt. Une distribution tout étoile entoure Voight et Cruise. Mais, la fameuse scène d’ouverture réserve toute une surprise alors que l’équipe se fait décimer sous les yeux de Hunt. De Palma voulait des visages connus afin de déstabiliser les spectateurs avec cette séquence. Emilio Estevez a accepté l’invitation par amitié pour Cruise. Quant à Kristin Scott Thomas, elle aimait bien la proposition de mourir dans les bras de la vedette!

Le tournage s’amorce toutefois sans scénario définitif, alors que Towne et Koepp font continuellement de la réécriture. Et, plusieurs moments posent des défis. Pour la célèbre séquence de suspension dans la voûte, dont le design épuré est inspiré du vaisseau de 2001 : l’odyssée de l’espace, Cruise rate toujours sa cible alors que sa tête bascule vers l’avant. La solution? L’acteur remplit ses souliers de monnaie afin de faire un contrepoids pour rester plus stable. Une scène classique est ainsi née!

Le tournage a été éprouvant et parsemé de tensions entre la vedette et son réalisateur. Des rumeurs à l’effet que les deux ne s’entendaient pas du tout ont pris de l’ampleur devant l’absence de De Palma pendant la tournée médiatique qui précéda la sortie du film. Le grand public, lui, a répondu présent et le film est devenu le premier à être projeté sur plus de 3 000 écrans en Amérique du Nord, lui permettant de récolter 11,8 millions, et ainsi de battre par 100 000 dollars la plus grosse somme récoltée un mercredi, jour de sa sortie, que détenait Terminator 2: Judgment Day depuis 1991. Au final, le film termine sa récolte au box-office avec des recettes de 180,9 millions aux États-Unis pour un total de 457,6 millions internationalement, un montant impressionnant pour l’époque.

Cet énorme succès entraîne plusieurs autres suites qui continuent de susciter un grand engouement, surtout grâce aux cascades toujours plus folles les unes que les autres exécutées par Cruise lui-même. Cette nouvelle histoire, qui se divise en deux films, promet la conclusion de l’arc narratif d’Ethan Hunt. Assisterons-nous à sa dernière mission?

Mission : impossible – Bilan mortel, première partie prendra l’affiche le 12 juillet. |

Trending