Image tirée de l’affiche du film Avatar (2009)
Le réalisateur canadien James Cameron est habitué de confondre les sceptiques du milieu de l’industrie du cinéma. En fait, il y prend sûrement un malin plaisir! Tout au long de sa carrière, il a fait face à l’adversité provoquée par ses ambitions jugées démesurées, par son scepticisme, et probablement aussi par ses idées bien arrêtées quand il se lance dans un projet. Et, il n’hésite pas à mettre sa tête sur le billot comme en témoigne sa décision de réinvestir son salaire de huit millions dans la production de Titanic alors que le budget explosait et que le studio lui demandait de réduire les coûts. On connaît la suite. À sa sortie, Titanic est devenu l’un des films les plus lucratifs de l’histoire d’Hollywood. Cameron pouvait désormais se consacrer à un projet encore plus ambitieux et fou, celui d’Avatar.
Dès 1994, James Cameron avait créé un synopsis détaillé de 80 pages de l’univers de Pandora. L’idée était de réaliser le film après Titanic pour une sortie quelque part en 1999. En cours de route, il constate que la technologie, malgré les grandes avancées du numérique, ne lui permettrait pas de concrétiser sa vision du film. Il délaisse donc Avatar jusqu’à ce que Peter Jackson produise sa trilogie du Seigneur des anneaux. Cameron est encouragé par l’impressionnante percée de la technique de capture de mouvement qui a permis de donner vie au personnage de Gollum. Il est enfin convaincu qu’il possède les outils pour porter à l’écran son Avatar.
En 2005, le studio Fox octroie au cinéaste un montant de 10 millions de dollars pour la production d’un clip test afin de prouver qu’il peut mener son projet à bon port. Sans obtenir officiellement le feu vert du studio, Cameron débute tout de même un long travail en amont de l’éventuel tournage. Il collabore avec Paul Frommer, un linguiste, dans le but de créer la langue des Na’vi. L’année suivante, il met en place deux départements artistiques : l’un qui travaille sur la faune et la flore de Pandora et l’autre sur le monde militaire humain. Enfin, Cameron annonce qu’Avatar sortira en 3D, une technologie qui n’est plus à la mode depuis le milieu des années 1980, et que le film sera tourné avec une caméra qu’il a conçue avec l’ingénieur Vince Pace.
Malgré tout ce travail, la Fox, qui détient une option sur le projet, hésite encore à s’engager. Le studio a toujours en tête les dépassements de coûts de Titanic, ce qui l’a obligé à finalement coproduire le film avec la Paramount. Une décision qui ne lui a pas nécessairement plu. Cameron sonde alors le terrain du côté de Disney qui se montre plus qu’intéressé, forçant finalement la Fox à financer Avatar. Le tournage débute à Los Angeles en avril 2007 dans un hangar d’avion reconverti en studio de cinéma. Une trentaine de jours sont nécessaires pour filmer toute la partie qui englobe la capture de mouvement des comédiens qui se verront éventuellement transformer en Na’vi.
Cameron, un grand innovateur, peaufine depuis plus d’un an une caméra en réalité augmentée qui lui permet de voir sur des écrans en temps réel les avatars des comédiens dans les environnements du film. Pendant le tournage, le cinéaste invite même quelques amis, Peter Jackson, George Lucas et Steven Spielberg, à venir s’amuser avec cette technologie. Ils en sont grandement impressionnés!
La production s’installe ensuite à Wellington pour le tournage des prises réelles. Si Cameron choisit la Nouvelle-Zélande, ce n’est pas seulement pour la beauté des paysages qui serviront pour son monde de Pandora, c’est également pour travailler avec la compagnie d’effets visuels Weta Digital. Cofondée par Peter Jackson, la firme a créé les effets spéciaux de sa trilogie du Seigneur des anneaux. Cameron veut donc se servir de son expérience pour cette étape cruciale de postproduction qui s’avère très complexe et longue. Microsoft va même créer un espace de stockage infonuagique spécialement pour le film : Gaia.
Le budget initial de 230 millions aurait gonflé à près de 300 millions. Si la Fox retenait son souffle à la sortie du film, Avatar s’avère un succès monstre qui va même dépasser aux guichets les recettes d’un certain… Titanic! Encore une fois, James Cameron remporte son pari. Mais le cinéaste ne se repose pas sur ses lauriers. Dès 2010, il annonce la mise en chantier de deux suites qui deviendront finalement quatre, ce qui repousse la mise en chantier des films le temps de se concentrer sur l’écriture de tous les scénarios. Encore une fois, le cinéaste veut innover afin de nous montrer des images spectaculaires. Il se met donc au défi de pouvoir faire de la capture de mouvement sous l’eau! Le temps de créer toutes ces nouvelles technologies, puis les problèmes engendrés par la Covid retardent malheureusement le tournage. Cet hiver, après plusieurs années de délai, nous verrons enfin le fruit de son long travail. Est-ce que le succès sera de nouveau au rendez-vous? Comme le démontre le passé, il n’est pas sage de parier contre James Cameron! |