Image tirée du film Creed (2015)

Ses parents l’ont prénommé en hommage à Beethoven… Comme quoi la carrière en musique de Ludwig Göransson lui était peut-être prédestinée. Suédois d’origine, il est arrivé à Hollywood tel un superhéros qui débarque la nuit incognito afin de sauver le monde. Aujourd’hui, les studios de cinéma sont à ses trousses et se l’arrachent. Puisqu’il faut l’admettre, son nom est désormais synonyme de prestige. En effet, lorsque l’on parle de Ludwig Göransson, les éloges ne sont jamais bien loin. Parlant de superhéros, c’est à lui que l’on doit la trame sonore du film Black Panther dont la suite, très attendue, est en salle en ce moment même et fait courir les foules. En 2023, on pourra découvrir sa plus récente contribution musicale dans Oppenheimer, le prochain film de Christopher Nolan qui place au cœur de son récit la bombe atomique. Attention, ça risque de faire du bruit! Alors, si vous ne le connaissiez pas encore, voici donc un portrait de ce compositeur prolifique et versatile, qui n’a pas fini de nous étonner par sa musique vibrante et son inventivité.

Né en 1984, c’est dans la ville de Linköping au sud de la Suède (environ 105 000 habitants aujourd’hui) que Ludwig Göransson grandit. La pomme ne tombe jamais trop loin de l’arbre : son père était professeur de guitare. La musique était donc omniprésente dans la vie du futur compositeur. Jeune adulte, c’est à Stockholm qu’il va étudier la musique avant de faire le grand saut. Il déménage à Los Angeles où il va poursuivre ses études à l’Université de Californie du Sud, dans un programme dédié à la création musicale de contenu audiovisuel.

C’est à cet endroit qu’il rencontre le réalisateur en devenir Ryan Coogler, avec lequel il développe une amitié et une complicité créative. Fort du succès d’un court métrage sur lequel ils ont travaillé ensemble, ils se réunissent à nouveau en 2013 pour Fruitvale Station, le premier long métrage du cinéaste. Ensuite, Ludwig Göransson signe les trames sonores des autres films de Ryan Coogler, dont Creed en 2015 et Black Panther en 2018. Pour ce dernier film, il remporte non seulement un Oscar, mais également un Grammy! Si la carrière du compositeur va déjà plutôt bien, l’année 2018 marque un tournant et le propulse vers une carrière exceptionnelle.

« Musicien accompli, curieux et érudit, il possède la capacité de jongler avec plusieurs genres musicaux puisqu’il les connaît bien. »

Ironie du sort, Ludwig Göransson ne se croyait pas l’homme de la situation pour composer la musique de Black Panther. Il trouvait cette proposition pour le moins délicate : lui qui ne connaissait, après tout, que très peu de choses sur les cultures africaines, leurs musiques et leurs instruments. La seule façon pour lui d’y arriver de façon authentique a été de prendre le temps de voyager en Afrique, de faire des rencontres, puis de s’en imprégner. Et c’est précisément ce qu’il a fait. Il est parti en tournée avec Baaba Maal, chanteur et guitariste sénégalais très populaire et il l’a accompagné pendant plusieurs semaines. Ainsi, il a pu jouer avec de nombreux musiciens et découvrir un éventail de nouveaux instruments qu’il a intégré, par la suite, dans ses compositions.

Il faut dire que Göransson ne manque jamais d’audace quand vient le temps de choisir ses projets. En 2019, le musicien suédois a fait les manchettes lorsqu’il a été annoncé qu’il remplacerait le compositeur Hans Zimmer, le talentueux et fidèle collaborateur de Christopher Nolan, pour le film Tenet. Zimmer était bel et bien le premier choix de Nolan, mais ce dernier a préféré travailler sur le film Dune de Denis Villeneuve, un choix tout à fait compréhensible qui, avec le recul, s’est avéré, dans tous les cas, franchement bénéfique!

Même si Christopher Nolan n’a pas caché sa déception de perdre Hans Zimmer pour son projet, il reste que Ludwig Göransson s’est fort bien tiré d’affaire. Il a composé pour Tenet une trame sonore frénétique, futuriste et étourdissante, à l’image du film. Après tout, les sensibilités musicales de Hans Zimmer et de Ludwig Göransson ne sont pas si éloignées. Les deux excellent quand vient le temps de mélanger des sonorités électroniques et orchestrales.

À l’origine d’un choix encore plus téméraire, Ludwig Göransson a accepté, après avoir été courtisé, d’écrire la musique de la série télé The Mandalorian, un space western qui se déroule dans l’univers des Star Wars. C’est un défi qu’il a immédiatement accepté de relever, étant lui-même un immense fan de la série et du compositeur légendaire John Williams. Cependant, le risque de déplaire aux admirateurs particulièrement intenses de Star Wars était réel. D’autant plus que, pour la première fois, il voulait s’éloigner du style musical habituel de ses films. Heureusement, les fans ont chaleureusement accueilli la série, car la musique de Ludwig Göransson a su rendre hommage à l’univers de Star Wars, tout en lui donnant un nouveau souffle. Ce qui n’est pas rien!

Ludwig Göransson est définitivement un compositeur de son époque. Musicien accompli, curieux et érudit, il possède la capacité de jongler avec plusieurs genres musicaux puisqu’il les connaît bien. Il est capable de composer pour un orchestre si c’est ce qui lui est demandé, mais il peut tout aussi bien créer des partitions seul, dans son studio, en jouant lui-même les instruments à sa portée et en profitant des technologies. Ludwig Göransson est surtout un artiste innovant, capable de retourner dans le passé afin de créer des pièces tournées vers l’avenir. |

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