Image tirée du film La Petite sirène (2023)

Depuis quelques années, les studios de Walt Disney Pictures revisitent leur catalogue de films d’animation afin d’offrir au public des versions en prises de vue réelles. Cet été, c’est au tour de La Petite Sirène de recevoir ce traitement spécial. Très populaire, ce film d’animation a marqué toute une génération d’enfants, aujourd’hui devenus parents, et ces derniers ne voudront pas manquer la chance de voir en famille cette nouvelle adaptation qui plongera les spectateurs littéralement… sous l’océan.

En 1989, le succès critique et commercial de La Petite Sirène, dès sa sortie en salle, marque un grand retour pour Disney, studio qui, depuis quelque temps, multipliait les échecs au box-office. Ce succès est en grande partie attribuable à une nouvelle approche musicale qui consiste à raconter le récit autour de chansons, comme dans les comédies musicales de Broadway. C’est le compositeur Alan Menken qui a concocté cette nouvelle recette qui s’avère rapidement gagnante. Aux Oscars, c’est sans surprise que ce film récolte la statuette de la meilleure musique ainsi que celle de la meilleure chanson pour Sous l’océan. Une grande première pour le compositeur Alan Menken qui n’en est qu’à ses débuts.

Alan Meken naît en 1949 à Manhattan, dans une famille de dentistes. Son père, son grand-père et son oncle pratiquèrent cette profession. Sa fibre artistique provient probablement de sa mère qui fut une comédienne et dramaturge pour le théâtre. Ainsi, devenir dentiste était une idée qui allait de soi au sein de la famille, mais Alan Menken n’est pas particulièrement bon élève. À l’Université de New York, c’est finalement un diplôme en musicologie qu’il obtient à la suite de plusieurs tentatives, dont une en anthropologie et une autre en philosophie.

Sa véritable passion, c’est la musique et la composition. Fortement encouragé par ses parents à poursuivre ses études dans ces disciplines, Alan Menken s’inscrit à plusieurs stages dans le domaine de la production théâtrale musicale. En 1968, il signe sa première comédie musicale intitulée Separate Ways qui relate la cohabitation de plusieurs hippies dans un immeuble où dominent les valeurs conservatrices.

« Avec huit Oscars en mains, Alan Menken est présentement la personne vivante ayant remporté le plus de statuettes dorées. »

Une amitié trop courte
Dans les années 1970, Alan Menken parvient à vivre de sa musique en écrivant des jingles, des courts refrains publicitaires pour la télévision. Il compose par ailleurs des chansons pour la populaire émission Sesame Street. Sur les planches, vers la fin de cette décennie, il fait la rencontre d’Howard Ashman, un parolier avec lequel il se lie immédiatement d’amitié, les deux partageant les mêmes sensibilités créatives.

En 1978, ils composent ensemble la comédie musicale God Bless you, Mr. Rosewater, adaptation d’un livre de Kurt Vonnegut. Alan Menken écrit la musique et Howard Ashman signe les paroles. Il en va de même pour leur prochaine collaboration, la comédie musicale La Petite Boutique des horreurs, inspirée d’un vieux film de 1960 réalisé par Roger Corman, le roi de la série B. Cette comédie musicale, présentée à un public au rendez-vous en 1982, cimente la réputation des deux confrères. Quatre années plus tard, en 1986, une adaptation cinématographique de cette pièce voit le jour. Mettant en vedette Rick Moranis, Steve Martin et une impressionnante marionnette d’une plante carnivore qui parle, le film La Petite Boutique des horreurs devient culte à son tour.

Après quelques années à travailler séparément sur différents projets, Howard Ashman introduit finalement Alan Menken dans la grande famille des studios Disney. Réunissant leurs talents à nouveau, ils travaillent sur La Petite Sirène, Menken à la musique et Ashman aux paroles comme dans le bon vieux temps. Disons tout simplement que la magie de Disney est au rendez-vous. La Petite Sirène propulse leurs carrières et revigore le répertoire du studio de films d’animation. Ensemble, ils récidivent pour La Belle et la bête, en 1991, le premier film d’animation à recevoir une nomination pour l’Oscar du meilleur film. Le film ne le remporte pas, mais Alan Menken réussit encore une fois à décrocher deux statuettes dorées pour sa partition musicale.

Comme ce fut le cas avec La Petite Sirène, il partage l’Oscar de la meilleure chanson originale avec Howard Ashman. Tristement, c’est à titre posthume que ce dernier remportera la statuette tant désirée. Six mois avant la sortie en salle de La Belle et la bête, Howard Ashman décède de complications liées au VIH/sida. Le film lui est d’ailleurs dédié. Pour Alan Menken, la perte de cet ami et collègue constitue un grand deuil, mais comme on dit si souvent dans l’industrie : « The show must go on ».

Howard Ashman a tout de même eu le temps de mettre ses talents à profit pour le film Aladdin, un troisième succès consécutif pour Disney. Il signe les paroles de trois des sept chansons du film. Le parolier Tim Rice prend la relève après son décès. Avec Aladdin, Alan Menken réalise le tour du chapeau et remporte encore un Oscar pour sa trame musicale. Cette fois-ci, il partage le prix de la meilleure chanson originale avec Tim Rice pour Un nouveau monde. Admettez-le, vous la fredonnez déjà !

C’est donc un total de six Oscars pour Alan Menken, mais ce ne seront pas ses derniers. Il en remportera deux autres pour sa participation au film Pocahontas. C’est avec Stephen Schwartz qu’il partagera celui de la meilleure chanson originale pour Colors of the Wind. Avec huit Oscars en mains, Alan Menken est présentement la personne vivante ayant remporté le plus de statuettes dorées. Au total, il aura composé la musique pour plus d’une vingtaine de productions, en majorité pour les studios Disney.

Pour notre plus grand bonheur, on retrouvera dans le remake de La Petite Sirène toutes les chansons originales du dessin animé et plus encore puisque, pour l’occasion, Alan Menken a composé de la musique inédite et des nouvelles chansons, question de nous faire encore une fois, chanter à pleins poumons. |

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