Image tirée de l’affiche du film Free Willy (1993)
Si les acteurs peuvent marquer un film, on peut dire que certains animaux le font tout autant, que l’on pense à la chienne Cléo dans La Guerre des tuques, à l’orque de Sauvez Willy (Free Willy), aux chevaux dans Ben-Hur et plus encore. Juste cet été, la chienne du film Deadpool et Wolverine a eu un succès fou, et à temps pour le congé des fêtes, la moufette apprivoisée de Mlle Bottine, inspiré du classique Bach et bottine, en charmera sûrement plus d’un ! S’il y a eu quelques scandales par le passé, aujourd’hui, plusieurs producteurs, réalisateurs et, surtout, les propriétaires et éleveurs d’animaux de plateau ont heureusement le bien-être de ces derniers à cœur.
« Pour les longues journées, avec des chiens par exemple, j’en possède quelques-uns qui sont habitués. J’apporte avec moi des ventilateurs, des lits pour que les chiens fassent des siestes entre les prises, je joue avec entre les scènes, etc. Il faut en prendre soin et il faut qu’ils soient heureux, c’est la règle numéro un ! Ils doivent se sentir importants, ils doivent avoir du plaisir à travailler. Avec moi, il n’y a pas un animal qui n’est pas content d’être sur un plateau », nous mentionne Sophie Longpré, dont plusieurs de ses animaux sont à l’écran depuis de multiples années, et qui s’entoure également de collègues et autres éleveurs pour avoir une variété d’animaux qui peuvent travailler sur des plateaux, autant québécois qu’internationaux.
Si les chiens sont parmi les animaux les plus demandés au cinéma, il y a quand même toutes sortes de demandes pour les spécialistes animaliers de plateau. Selon Sophie Longpré, il n’y a pas d’animaux plus difficiles que d’autres. Il faut être constant et patient. « J’ai des demandes pour des rats, des tarentules, des serpents, etc. Pour ce type d’animal, j’ai une autre collègue qui s’en occupe et qui connaît bien leurs signaux de bien-être. Chaque animal est différent et c’est pour ça que je travaille avec une variété d’éleveurs qui savent ce dont j’ai besoin sur un plateau. »
En France, l’ARA, un syndicat français de réalisateurs, a fait une étude récemment sur le bien-être animal au cinéma. Malheureusement, le portrait n’était pas des plus reluisants, disant que pour plusieurs tournages, l’animal aurait été placé en situation de peur ou détresse. Point positif : plusieurs réalisateurs et artisans du cinéma sont de plus en plus conscients de cet enjeu et n’hésitent pas à mettre le bien-être de l’animal au centre de la production. À Hollywood, plus d’une société s’occupe de protéger les animaux pendant les tournages. La Movie Animals Protected travaille avec les professionnels aux États-Unis, mais aussi au Canada et à l’international pour s’assurer du bien-être des animaux sur les plateaux. L’American Humane s’assure également de cette tâche. C’est d’ailleurs cette association qui permet à une production d’indiquer la fameuse phrase « Aucun animal n’a été maltraité sur ce tournage ». Malheureusement, la réputation a été entachée par le scandale du film Life of Pi (L’Histoire de Pi), alors que le tigre a failli se noyer sur le plateau.
Au Québec, on se fie aux bons soins des éleveurs. « Je suis un peu la “shérif” du plateau ! J’ai déjà arrêté un tournage, car je voyais que des chevaux avaient froid, qu’ils grelottaient, par exemple. Pour moi, c’est l’animal en premier, toujours. Parfois, je vais aussi mettre des conditions. Pour les chevaux encore une fois, je peux dire qu’on doit faire du galop, ensuite une scène et après, l’animal doit se reposer. L’animal doit être en parfaite condition pour le travail qu’il a à faire et aussi, les conditions doivent être optimales pour lui. Mais si je trouve que c’est trop long, j’avise. Un autre exemple est mon chien pour le film Jules au pays d’Asha. Le chien était de toutes les scènes, donc le travail durait toute la journée, avec 28 jours de tournage. Sauf que mon chien a de l’expérience et c’était une bête exceptionnelle pour les tournages ! Dès qu’elle avait une pause, je la retirais du plateau et je la faisais dormir », nous dit Sophie Longpré.
Comme pour les humains, les animaux aussi passent des auditions auprès des spécialistes. Pour le film Witchboard de Chuck Russell, Sophie Longpré a dû trouver le chat Main Coon parfait ! « La production avait besoin d’un gros chat et je n’en avais pas. Donc j’ai fait des auditions pour adopter un Main Coon et celui que j’ai trouvé, c’est mon chat que j’ai toujours. J’ai eu un mois et une semaine pour l’entraîner, ce qui est court, et j’ai beaucoup travaillé avec cette chatte. J’ai bien choisi, elle a bien voulu me faire plaisir ! Au final, elle a fait toutes les scènes du film. J’avais vraiment trouvé le bon candidat. »
Chaque année, les artisans du septième art ont leurs compétitions et soirées de remise de prix… Saviez-vous que les animaux du cinéma ont aussi leurs reconnaissances ? À Hollywood, il y a les prix Pawscars ! Cette année, ces prix ont, entre autres, couronné la chienne Sophie, qui a joué Reggie dans le film Strays (Vagabonds). Du côté de Cannes, on retrouve la Palm Dog depuis 2001. Cette année, la Palm Dog a été décernée à Kodi, qui joue Cosmos dans le film Le Procès du chien et l’an dernier, c’est sans surprise Messi, qui jouait le chien Snoop dans le film Anatomie d’une chute, qui a remporté les honneurs !
Si en 2019, le remake du Roi Lion avait été fait avec des images par ordinateur et des animations très réalistes, Sophie Longpré ne croit pas que les animaux seront remplacés par l’intelligence artificielle. « C’est difficile pour un acteur de jouer avec rien à côté de lui. Je crois aussi que ça coûterait plus cher à la production, et en plus, ça ne donnerait pas le même résultat. C’est fou, mais quand j’arrive sur un plateau, je vous jure, ça met de la joie ! On me dit souvent que mes animaux font du bien aux gens sur les plateaux. » |