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Par

Evelyne Brochu

Image tirée du film Chez les beaux-parents (2024)

NĂ©e en 1982 Ă  QuĂ©bec, Evelyne Brochu Ă©tudie l’art dramatique au CĂ©gep de Saint-Laurent. Elle obtient son diplĂŽme du Conservatoire de musique et d’art dramatique du QuĂ©bec en 2005. À la tĂ©lĂ©vision, elle joue dans des sĂ©ries populaires comme La Promesse, Trop et Chouchou. Au cinĂ©ma, elle tourne pour des cinĂ©astes rĂ©putĂ©s comme Denis Villeneuve (Polytechnique, 2009), Jean-Marc VallĂ©e (CafĂ© de Flore, 2012) et Xavier Dolan (Tom Ă  la ferme, 2014). En plus de sa carriĂšre d’actrice, Evelyne a aussi lancĂ© deux albums de musique. Dans PhĂ©nix, la comĂ©dienne incarne Michelle, une femme de militaire qui voit sa vie chamboulĂ©e alors que ce dernier se prĂ©pare Ă  partir en mission Ă  l’étranger.

Êtes-vous une grande cinĂ©phile ?

Je dirais oui avec mon cƓur, mais je manque de temps. Ma liste Letterboxd ne fait que s’allonger (rire) !

Quel genre de film apprĂ©ciez-vous le plus ?

Je suis vraiment une fan du cinĂ©ma quĂ©bĂ©cois. J’aime notre regard sur le monde et notre maniĂšre de faire du cinĂ©ma. Je trouve qu’il y a une signature quĂ©bĂ©coise qui me parle Ă©normĂ©ment, non seulement dans les sujets, mais dans le traitement aussi. J’aime le cinĂ©ma qui tourne autour de personnages forts et d’histoires puissantes. Je dirais que les films de science-fiction ou les thrillers sont moins mon truc. Par contre, j’aime les films qui transcendent le genre, comme La Nuit du 12. On pense voir un film policier, mais il y a une critique sociale.

Avez-vous un premier souvenir liĂ© Ă  un film ?

Le premier film que j’ai vu, c’était une ressortie en salle de Fantasia de Disney. C’était assez trippy, car si je me souviens bien, il n’y a pas de ligne narrative. J’avais 3-4 ans et c’était trĂšs puissant comme images, presque trop psychĂ©dĂ©liques (rire) ! J’ai des souvenirs aussi de Willow (1988). J’étais une enfant sensible et je me souviens d’avoir pleurĂ© (rire). Mais le film qui a servi de dĂ©clic c’est CinĂ©ma Paradiso (1988) que j’ai dĂ©couvert grĂące Ă  ma mĂšre. Elle faisait mon Ă©ducation en me montrant des films Ă  TĂ©lĂ©-QuĂ©bec. C’est un grand coup de cƓur et, en plus, c’est un film sur le cinĂ©ma. Le film qui m’a rentrĂ© dans l’ñme et envers lequel j’avais une grande obsession, c’est Beetlejuice (1988). J’ai dĂ» le voir une trentaine de fois (rire) !

Pour quelle raison ?

Je pense que c’est Ă  cause du sujet de la mort et de l’ñge que j’avais. Il y a tellement de ludisme autour d’une thĂ©matique extrĂȘmement redoutable pour un esprit en formation (rire) : la mort, la peur, la maison hantĂ©e, qu’est-ce qui se cache derriĂšre les murs et la vie. C’est aussi jouissif comme film avec le cĂŽtĂ© dingue des personnages. La direction artistique est sublimissime.

Quelle comĂ©die vous fait le plus rire ?

Les films de Monia Chokri parce que je trouve qu’ils possĂšdent un humour exquis et une insolence. Il y a quelque chose de trĂšs stylisĂ©, mais en mĂȘme de temps de trĂšs vrai.

« Le film qui m’a rentrĂ© dans l’ñme et envers lequel j’avais une grande obsession, c’est Beetlejuice (1988). J’ai dĂ» le voir une trentaine de fois (rire) ! »

Quel est votre film rĂ©confort ?

J’ai de jeunes enfants, donc ces temps-ci, je dirais Home Alone (Maman, j’ai ratĂ© l’avion, 1990) (rire) !

Quel film vous a le plus marqué ?

Les Ordres (1974) ! J’ai rarement Ă©tĂ© aussi touchĂ©e par un film et, en plus, c’est une histoire qui parle de nous. C’est un chef-d’Ɠuvre cinĂ©matographique. Je pense que c’est le plus grand film quĂ©bĂ©cois.

Avez-vous un cinĂ©aste fĂ©tiche ?

Je dirais Paul Thomas Anderson. Il y a quelque chose d’hypnotisant dans la puissance narrative de ses films. J’aime ses personnages souvent dĂ©rangeants. Il y a quelque chose dans son cinĂ©ma qui me happe et qui continue de m’habiter.

Avez-vous dĂ©jĂ  vu un personnage dans un film que vous auriez aimĂ© vraiment jouer ?

Tellement (rire) ! Mais je pense que ça se recoupe avec des actrices que j’admire comme Jeanne Moreau, Meryl Streep ou Vicky Krieps. Ce n’est pas un rîle dans un film, mais l’ensemble des choix de leur carriùre. C’est plus leur parcours qui m’inspire.

Est-ce qu’il y a un type de rĂŽle que vous n’avez pas encore fait que vous aimeriez explorer au grand Ă©cran ?

J’aimerais ça jouer la folie, quelqu’un qui vire sur le top ! Je pense que c’est casse-gueule, mais en mĂȘme temps c’est un vrai plongeon. C’est un abandon total.

Que pouvez-vous nous dire sur votre prochain film, PhĂ©nix ?

J’aimais qu’on traite de l’attente d’une possible tragĂ©die ou non, du dĂ©part de quelqu’un qui reviendra peut-ĂȘtre ou pas. Je pense que de mĂ©langer un film du type rĂ©cit d’apprentissage avec un film d’anticipation de quelqu’un qui part Ă  la guerre, c’est crĂ©er une bulle oĂč il y a Ă©normĂ©ment de sentiments humains trĂšs subtils et trĂšs liĂ©s Ă  l’attachement et Ă  l’amour. Le film explore la question de comment retrouver l’autre alors que la relation est en train de changer. La puissance de l’amour est au cƓur du film : entre les soldats, entre les membres de la famille et les femmes de cette communautĂ© de militaires. La maniĂšre de filmer du rĂ©alisateur Jonathan Beaulieu-Cyr est chaleureuse et trĂšs tendre. Il a un leadership trĂšs vibratoire. Il donnait un sens trĂšs sacrĂ© Ă  ce que l’on faisait.

Qu’est-ce qui vous intĂ©ressait de votre personnage de Michelle ?

Je la vois comme une femme trĂšs aimante avec une grande force et un sens de l’autre. Elle possĂšde une trĂšs grande intelligence Ă©motionnelle. C’est un personnage que je trouvais trĂšs beau et qui est un hommage Ă  la mĂšre de Jonathan. |

Le drame Phénix sortira au cinéma le 22 août.