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Par

François Papineau

CrĂ©dit photo : Ulysse del Drago

DiplĂŽmĂ© de l’École nationale de thĂ©Ăątre du Canada en 1990, François Papineau se distingue Ă  la tĂ©lĂ©vision, naviguant aisĂ©ment entre la comĂ©die et le drame. Il connaĂźt un immense succĂšs avec les sĂ©ries humoristiques Catherine (1999-2003) et Entre deux draps (2021-2023) et les dramatiques Fortier (2001), pour laquelle il remporte son premier de quatre prix GĂ©meaux, Vice caché (2005-2006) et Unité 9 (2012-2019). Au thĂ©Ăątre, il joue dans plusieurs classiques comme Cabaret, Un tramway nommĂ© dĂ©sir et Le Misanthrope. Au cinĂ©ma, il enchaĂźne rĂ©guliĂšrement des rĂŽles dans des films d’auteur. Parmi ses films Ă  succĂšs, on retrouve Route 132 (2010), MarĂ©cages (2011) et Le Club Vinland (2021).

Quel est votre premier souvenir liĂ© au cinĂ©ma ?

C’était une projection double de La Coccinelle Ă  Monte-Carlo et Le Voyage fantastique. Je l’avais revu par la suite quelques annĂ©es aprĂšs et, finalement, c’était vraiment plus fascinant avec des yeux d’enfant (rire).

Est-ce que le cinĂ©ma occupait une place importante dans votre enfance ?

Non. On n’allait pas tellement souvent au cinĂ©ma chez nous. Ce n’était pas une activitĂ© qu’on faisait rĂ©guliĂšrement. Je l’ai plus fait par moi-mĂȘme plus vieux.

Quel est votre film le plus marquant ?

Un film qui m’a bouleversĂ© Ă  la premiĂšre Ă©coute, puis Ă  chacun des visionnements, c’est Les Plouffe (1981) de Gilles Carle. Il y a quelque chose lĂ -dedans de tellement authentique et profond. C’est un film qui peut me faire pleurer tout le long ! C’est complĂštement Ă©mouvant. Mais je ne suis pas tough Ă  faire pleurer (rire). Je trouve que c’est un film bien tournĂ© avec des scĂšnes d’anthologie. Ça reprĂ©sente une Ă©poque oĂč la sociĂ©tĂ© Ă©voluait et un moment phare de notre culture. C’est encore aujourd’hui mon film fĂ©tiche.

Quel est votre film plaisir coupable ?

Pour moi, Rocky (1976) reprĂ©sente un rĂ©el plaisir, mais ce n’est pas coupable. J’ai peu de plaisirs coupables parce qu’à mon avis, quand tu apprĂ©cies quelque chose, il ne faut pas se sentir coupable (rire). J’aime tout ce qui est dĂ©passement de soi Ă  n’importe quel niveau. J’adore les histoires d’accomplissement, quand quelqu’un n’a rien pour lui et qu’il va rĂ©ussir quand mĂȘme. Je trouve que c’est super Ă©mouvant et motivant dans la vie. C’est ce genre de films qui me marque le plus.

Quelle comĂ©die vous fait le plus rire ?

Les Austin Powers ! Je trouve que ce sont de bons films avec des gens qui se donnent. Dans le premier film, la scĂšne oĂč il se trouve coincĂ© dans le tunnel avec un petit vĂ©hicule reste pour moi un grand moment de comĂ©die (rire).

« J’adore les histoires d’accomplissement, quand quelqu’un n’a rien pour lui et qu’il va rĂ©ussir quand mĂȘme. C’est ce genre de films qui me marque le plus. »

– François Papineau

Avez-vous un cinĂ©aste fĂ©tiche ?

Pas vraiment. Je dirais que je suis toujours en attente du prochain Martin Scorsese. J’aime bien aussi Quentin Tarantino, mĂȘme si je trouve qu’il y a parfois un peu trop de violence dans ses films qui heurte une sensibilitĂ© en moi (rire). Je pense qu’on n’a pas besoin d’ĂȘtre toujours aussi graphique afin de passer un message. Je pense qu’on peut parfois Ă©voquer sans tout voir.

Quel souvenir gardez-vous de votre premiĂšre expĂ©rience de tournage au cinĂ©ma pour Coyote (1992) ?

Mon Dieu ! Je n’ai tellement pas de souvenirs de ça (rire). C’est vraiment loin ! Je me souviens juste que je tournais avec Mitsou et que c’était quelque chose de trĂšs impressionnant, mais je ne rappelle mĂȘme pas de ce que j’ai fait dedans (rire). Je garde plus un souvenir du film Le Confessionnal (1995) de Robert Lepage, qui a Ă©tĂ© vraiment une belle expĂ©rience. J’étais content, car j’avais passĂ© une audition pour faire un personnage pour lequel j’étais beaucoup trop jeune. J’avais 28 ans Ă  l’époque et le personnage en avait 44. L’audition s’était super bien dĂ©roulĂ©e. Denys Arcand, le conjoint de Denise Robert (la productrice), lui avait mĂȘme dit qu’elle devait mettre les images de mon audition telles quelles dans le film mĂȘme si ça « clashait » complĂštement (rire) ! J’étais trĂšs fier de participer Ă  ce film-lĂ . Robert Ă©tait nouveau dans ce milieu. Il s’agissait de son premier film et il sentait une grande part de responsabilitĂ©. Il avait vraiment une vision qui Ă©tait souvent remise en question par une partie de son Ă©quipe. Mais il tenait Ă  ses idĂ©es. À la fin du tournage, j’ai vu des membres de son Ă©quipe s’excuser et lui dire qu’il avait raison. Robert est une personne super gentille, Ă  l’écoute et ouverte aux propositions des autres.

Vous avez tournĂ© dans plusieurs films de Louis BĂ©langer. Quels liens entretenez-vous ensemble ?

Louis, c’est quelqu’un que je connais depuis trĂšs longtemps. On s’est connus sur son premier film Post Mortem (1999) dans lequel je jouais une scĂšne qui avait Ă©tĂ© vraiment chouette Ă  faire. On s’est ensuite retrouvĂ©s pour Le GĂ©nie du crime (2006). Le film n’a pas eu trop de succĂšs, mais pour nous, ça demeure un moment important. Route 132 (2010) a Ă©tĂ© un moment majeur dans ma vie et dans mes rapports avec Louis et Alexis Martin, le coscĂ©nariste du film avec qui je jouais aussi. Louis est un gars extrĂȘmement brillant avec une intelligence sociale trĂšs Ă©levĂ©e. Je ne sais pas si c’est comme ça pour tout le monde, mais moi, je suis un gars d’expĂ©dition. Partager une expĂ©dition avec quelqu’un comme le film Route 132, c’est majeur dans un parcours commun. Aujourd’hui, Louis est encore mon ami. Partager des moments comme ceux-lĂ , ça crĂ©e vraiment des liens.

Que pouvez-vous nous dire sur votre prochain film, Habiter la maison, et qu’est-ce qui vous intĂ©ressait du personnage de Simon ?

Je trouvais le scĂ©nario trĂšs fort, construit comme une tragĂ©die grecque. C’est une saga familiale d’un pĂšre qui veut le meilleur pour sa famille, mais il y a de quoi qui se passe mal. Le rĂ©cit est structurĂ© en quatre moments importants de la vie de Simon. J’ai Ă©tĂ© attirĂ© par la profondeur que le rĂŽle exigeait de moi. Il y avait quelque chose dans ce personnage qui fait de la construction qui me rejoint. D’ailleurs, Ă  l’audition, j’ai dit : « C’est moi qu’il faut, parce que tout ce que le personnage fait, je peux le faire. Je “fakerai” pas. »(rire) Aussi, une partie de Simon me rappelait mon pĂšre, tout comme le personnage jouĂ© par Antoine Desrochers me faisait penser Ă  moi quand j’étais plus jeune. J’aime participer Ă  des projets qui ont une rĂ©sonance dans ma vie. Les liens familiaux, ça me tient Ă  cƓur. |

Le drame Habiter la maison prend l’affiche le 21 mars.