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Entrevue avec Serge Giguère

Crédit photo : Annick Sauvé

Entrevue avec le cinéaste Serge Giguère pour la sortie du film Maurice.

Depuis 1970, Serge Giguère mène une carrière de réalisateur, de caméraman et de directeur photo. Son nom figure au générique de plus d’une soixantaine de films. En 2021, il est le récipiendaire du prix Albert-Tessier, la distinction la plus prestigieuse accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine du cinéma. Amorcé en 1980, le tournage du documentaire sur Maurice Richard par Robert Tremblay (décédé en 2018) et Serge Giguère voit enfin le jour 45 ans plus tard. MonCiné a pu s’entretenir avec le réalisateur.

Comment Robert Tremblay avait-il convaincu Maurice Richard d’être le sujet d’un documentaire ?

Je ne l’ai jamais vraiment su, même si je le fréquentais beaucoup. J’ai demandé à un preneur de son qui travaillait souvent avec nous comment Robert l’avait abordé et il semblerait que c’était par un de ses anciens entraîneurs, Paul Stuart, qui est d’ailleurs dans le film. Et ç’a du sens, parce que chaque fois qu’on allait tourner, il était là. Paul avait également été boxeur et c’est lui qui a montré à Maurice à boxer (rire).

Pourquoi Robert voulait-il faire un documentaire sur Maurice Richard?

Il aimait beaucoup les vieux pionniers canadiens-français. Et Maurice Richard avait tout pour devenir un mythe: il était un petit gars pour un joueur de hockey qui vient à dominer la ligue dans les années 1940. Puis arrive l’émeute de 1955 qui le transforme en symbole de résistance face aux Anglais.

Aviez-vous déjà rencontré Maurice avant la première journée de tournage?

La première fois que je l’avais vu, c’était en 1971 pour un film produit par l’ONF. J’étais aide-caméraman et nous avions tourné une séquence une fin de semaine lors d’une partie des oldtimers. C’était même la première fois que j’allais au Forum (rire)! En 1980, on a commencé à le suivre à l’aréna de Verdun. On ne lui parlait pas. On le laissait aller. Il signait des autographes pour des jeunes en sortant de l’aréna. C’est plus tard, dans la séquence à la pêche, qu’on lui a parlé.

«Maurice était quelqu’un de simple avec qui on pouvait tout bonnement parler.»

Le tournage s’est étiré sur quarante ans. Aviez-vous tourné plusieurs heures?

Il n’y avait pas une grande fréquence de tournage. Un peu plus au début, entre 1980 et 1984, mais après, Robert a arrêté parce qu’il avait déménagé de Montréal. Je pense qu’on a été près de six ans sans tourner. On s’était aussi chicanés un peu (rire). À partir de 1991, on a recommencé à tourner un peu jusqu’aux images où on voit Maurice signer des patins. C’est la dernière chose qu’on a filmée à part quelques images extérieures de ses funérailles. Au total, il y avait une vingtaine d’heures en pellicule 16 mm qu’on a dû tout mettre en numérique pour faire le montage.

Peu avant sa mort en 2018, Robert vous demande de compléter le film. Comment en êtes-vous arrivé à structurer votre récit?

J’ai lu un livre de Benoît Melançon qui portait sur le mythe de Maurice Richard et je me suis dit: «Je l’ai au naturel dans son quotidien avec le chanteur Oscar Thiffault, le joueur Aurèle Joliat, son idole, avec des jeunes…» J’ai décidé de l’aborder d’un côté culturel et comment il est entré dans notre imaginaire collectif. Il y a eu des matins où j’ai parfois regretté l’idée en voyant tout le travail devant moi (rire)!

Quelle impression Maurice vous a-t-il laissée au fil de vos rencontres?

Il était quelqu’un de simple avec qui on pouvait tout bonnement parler. |

Le documentaire Maurice est présentement à l’affiche.