Image tirée du film Le ProcÚs du chien (2024)
Entrevue avec la cinéaste Laetitia Dosch pour la sortie du film Le ProcÚs du chien.
Laetitia Dosch est une comĂ©dienne, dramaturge et metteuse en scĂšne franco-suisse. Le ProcĂšs du chien, qui a remportĂ© le Valois du meilleur scĂ©nario au Festival du film francophone dâAngoulĂȘme 2024, est son premier film en tant que rĂ©alisatrice. La comĂ©die a Ă©galement fait partie de la sĂ©lection Un certain regard au Festival de Cannes 2024. Ă lâoccasion de la sortie du film, MonCinĂ© a pu sâentretenir avec lâartiste multidisciplinaire.
Cette histoire est-elle rĂ©ellement inspirĂ©e dâun fait vĂ©cuâ?
Je faisais une piĂšce, puis quelquâun est venu me parler de ce procĂšs avec un chien qui avait mordu une femme au visage. Le procĂšs avait eu un impact mĂ©diatique trĂšs fort et il y avait eu des manifestations. CâĂ©tait mĂȘme allĂ© jusquâĂ la Cour europĂ©enne des droits de lâHomme. CâĂ©tait allĂ© tellement loin que la cheffe de police avait fait euthanasier illĂ©galement le chien dans la nuit parce que la situation prenait trop dâampleur. Cette histoire Ă©tait incroyableâ! Je me suis ditâ: «âIl suffirait quâune avocate prouve quâun chien nâest pas une chose pour quâun juge dise que câest quelquâun. Donc, si câest quelquâun, il faut faire le procĂšs du chien pour connaĂźtre sa responsabilitĂ© dans ses actes.â» LĂ pouvait donc commencer un procĂšs oĂč câest le chien qui est lâaccusĂ© et non le maĂźtre.
Vous Ă©crivez pour la scĂšne. Quels Ă©taient les dĂ©fis dâĂ©criture pour un premier scĂ©nario de filmâ?
Je travaille beaucoup sur notre rapport aux autres espĂšces et sur lâĂ©cologie. Et, aussi, le fĂ©minisme. Ce sont des thĂšmes qui sont trĂšs importants pour moi. Et je fais toujours beaucoup de blagues, parce que jâai lâimpression que, si on est trop sĂ©rieux, on donne des leçons. Je veux que les gens passent un bon moment. Câest important pour moi. Mais il y avait tous les dĂ©fis (rire)â! DĂ©jĂ , jâavais des inspirations. Je trouvais que, dans le cinĂ©ma français, il nây avait pas de ton que jâaimais. Jâadore une sĂ©rie comme Fleabag oĂč lâon change de ton tout le temps. Ăa me plaĂźt beaucoupâ! Je voulais donc amener ça dans le cinĂ©ma français. AprĂšs, il fallait Ă©crire un scĂ©nario (rire)â! Jâai donc pris des manuels dâĂ©criture amĂ©ricains. Ăcrire veut dire aussi parler de trucs assez personnels qui sont planquĂ©s un peu partout dans le film. Il a fallu que je me renseigne sur le droit. CâĂ©tait un peu ça, tous les dĂ©fis. Et, au bout dâun an, il y a une jeune rĂ©alisatrice, Anne-Sophie Bailly, qui est venue travailler avec moi.
Est-ce que vous prĂ©voyiez rĂ©aliser le film dĂšs le dĂ©partâ?
Ouiâ! Je voulais que ce soit mon film (rire)â!
Comment Ă©tait-ce de vous dirigerâ?
JâĂ©tais trĂšs bien entourĂ©e. Ce que jâaimais, câĂ©tait lâeffet de troupe.
«âAnne Dorval peut aller trĂšs trĂšs loin dans son jeu. Elle peut ĂȘtre drĂŽle et dramatique. Jâai eu la chance quâelle me dise oui. Je lâadmire Ă©normĂ©ment.â»
Quel type de rĂ©alisatrice Ă©tiez-vous avec vos comĂ©diensâ?
Ăa dĂ©pendait des moments du texte. JâĂ©cris beaucoup Ă lâoreille, donc câest trĂšs musical. Il fallait respecter cette cadence. Mais ils ont aussi parfois improvisĂ© des moments. Câest donc un mĂ©lange des deux.
Nous retrouvons Anne Dorval au gĂ©nĂ©rique. Pourquoi ce choixâ?
DĂ©jĂ , je peux remercier le ciel quâelle existe (rire). Jâai pensĂ© Ă elle parce que jâavais vu beaucoup Le CĆur a ses raisons. Bien sĂ»r, jâavais Ă©galement vu les films de Xavier Dolan. Pour le personnage, celui de cette femme avocate dâextrĂȘme droite qui va utiliser le cas du chien pour parler dâinsĂ©curitĂ©, il me fallait quelquâun qui ose aller dans la caricature. Anne peut aller trĂšs trĂšs loin dans son jeu. Elle peut ĂȘtre drĂŽle et dramatique. Jâai eu la chance quâelle me dise oui. Je lâadmire Ă©normĂ©ment.
Quelle scĂšne a Ă©tĂ© la plus drĂŽle Ă tournerâ?
Il y en a eu tellement (rire), mais Anne Dorval au marchĂ© (rire)⊠Nous lâavons amenĂ©e au marchĂ© de Lausanne oĂč elle improvisait avec les gens. Elle Ă©tait tellement mortelle (rire)â! Il y a aussi une scĂšne oĂč le chien appuie sur des touches pour parler. Il faut savoir quâil y avait 80 figurants tous les jours pour les scĂšnes du procĂšs et, chaque fois que le chien faisait ça, ils ne pouvaient pas contenir leurs rires. On a aussi beaucoup rigolĂ© lors de la scĂšne de sexe avec Jean-Pascal Zadi.
Comment Ă©tait-ce de travailler avec Kodi le chien, qui a dâailleurs gagnĂ© un prix Ă Cannesâ? Il a fallu un long castingâ?
Jâai vu Ă©normĂ©ment de chiens. Je lâai choisi parce quâil est un chien de la rue. Il avait plusieurs Ă©motions diffĂ©rentes et il adore travailler avec les humains. Câest le Joaquin Phoenix des chiens (rire)â! Câest un boulot incroyable! DĂ©jĂ , il faut faire le plan de travail en fonction du chien. On voulait quâĂ©thiquement il soit trĂšs heureux. Il travaillait deux heures le matin et deux heures lâaprĂšs-midi. Entre les deux, il se baladait avec ses huit copains chiens qui Ă©taient tous venus sur le plateau. Avec lâentraĂźneur, nous avions notĂ© par difficultĂ© les cent actions que le chien devait faire dans le film. Ils les ont rĂ©pĂ©tĂ©es. Jâavais mĂȘme la chance dâavoir une bataille avec le chienâ! Câest important pour moi quâil ait gagnĂ© ce prix, car il faut savoir avec ce chien que câest un acteur. Il comprend quand il joue. CâĂ©tait peut-ĂȘtre le plus professionnel de tous les acteurs (rire)â!
Est-ce que cette expĂ©rience vous a donnĂ© le goĂ»t de scĂ©nariser et de tourner un prochain filmâ?
Jâai le projet dâavoir un (rire)â! Je viens de terminer un film comme comĂ©dienne, mais lĂ , je me nourris, je me renseigne. |
La comĂ©die Le ProcĂšs du chien est prĂ©sentement Ă lâaffiche.
