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Entrevue avec Franck Dubosc

CrĂ©dit photo : Unifrance

Entrevue avec le réalisateur, scénariste et comédien Franck Dubosc pour la sortie du film Un ours dans le Jura.

Connu pour ses comĂ©dies plus lĂ©gĂšres, l’acteur Franck Dubosc signe ici un scĂ©nario qui s’inspire de l’humour noir quelque peu dĂ©calĂ© des frĂšres Ethan et Joel Coen, plus particuliĂšrement de leur film Fargo (1996). Pour son troisiĂšme long mĂ©trage en tant que rĂ©alisateur, Dubosc s’est entourĂ© d’une distribution impressionnante avec Laure Calamy, BenoĂźt Poelvoorde et Emmanuelle Devos. À l’occasion de la sortie du film Un ours dans le Jura, MonCinĂ© s’est entretenu avec le populaire comĂ©dien.

Qu’est-ce qui vous a donnĂ© le goĂ»t de tourner un film aux accents de comĂ©die noire, genre auquel vous n’ĂȘtes pas associé ?

J’avais envie d’aller vers le cinĂ©ma que j’aime en tant que spectateur, comme celui des frĂšres Coen.

En tant que scĂ©nariste, pour vous, est-ce plus difficile d’écrire un film de ce type plutĂŽt qu’une comĂ©die plus grand public ?

Oui, puisqu’il y a une histoire policiĂšre qui s’entrecoupe. Ce n’est pas une Ă©criture forcĂ©ment linĂ©aire. En fait, j’ai coĂ©crit le scĂ©nario avec Sarah Kaminsky, c’est rassurant d’ĂȘtre deux. Autant on peut pousser plus loin, autant on sait aussi qu’on a quelqu’un pour nous retenir. Pour moi, c’était une nouvelle expĂ©rience.

Comment est-ce de se diriger sur un plateau ?

J’ai fait trois films dans lesquels je joue. En fait, jouer, ce n’est pas vraiment la difficultĂ© pour moi. Ça l’est peut-ĂȘtre plus pour les autres qui sont en face de moi. Tout d’un coup, ils se disent : « Mais il me regarde comme un rĂ©alisateur ou comme le personnage ? » Je leur dis alors que je les regarde comme le personnage, mais c’est faux. Je les regarde comme le rĂ©alisateur (rire).

Le film se dĂ©roule en hiver dans la campagne. Était-ce un tournage difficile ?

Pour le coup, nous avons eu de la chance. J’ai fait acheter Ă  tout le monde des vĂȘtements chauds. Moi, j’en ai dĂ©jĂ , car je viens souvent chez vous – au Canada. Donc, j’avais tout ce qu’il me fallait (rire). Finalement, on a eu un assez bon climat. BenoĂźt Poelvoorde me taquinait souvent avec ses vĂȘtements qui Ă©taient trop chauds (rire). À l’image, ça paraĂźt un peu froid, mais nous n’étions pas dans les tempĂ©ratures extrĂȘmes comme on aurait pu l’ĂȘtre.

« J’avais envie d’aller vers le cinĂ©ma que j’aime en tant que spectateur, comme celui des frĂšres Coen. »

Pour ce film, vous ĂȘtes entourĂ© de grosses pointures. Comment en ĂȘtes-vous arrivĂ© Ă  ces choix de casting ?

Ils Ă©taient mes premiers choix. Ce sont des acteurs que j’admire. J’ai pu tourner avec Laure et voir tout ce qu’elle pouvait amener. Elle tenait Ă  faire toutes ses cascades ! Elle aime vraiment tout ce qui est jeu physique. Ça faisait longtemps que je voulais travailler avec BenoĂźt et j’ai eu l’impression de le retrouver Ă  ses dĂ©buts. Je l’ai trouvĂ© trĂšs sain dans ce film (rire).

Avec des comĂ©diens pur-sang de leur trempe, est-ce difficile de maintenir une certaine discipline ?

Oui! C’est trĂšs dur (rire)! C’est franchement assez difficile. Avec des natures comme Laure et BenoĂźt, on sait qu’on va devoir calmer le jeu quand ils arrivent sur un tournage (rire). Ils font du bruit, ils parlent fort, ils rient et ils sont indisciplinĂ©s (rire). AprĂšs, on oublie quand ils nous donnent. C’est comme une cour de rĂ©crĂ© qu’on doit parfois fermer. Ce qui est difficile aussi pour moi, c’est que si j’étais juste acteur, je voudrais m’amuser avec eux. Mais lĂ , je deviens un peu le bougon de la bande, celui qui fait chier en les ramenant Ă  l’ordre (rire). Le rĂ©alisateur est un peu le maĂźtre d’école, quoi. C’est lui qui va taper un petit peu sur les doigts pour avoir des rĂ©sultats. Le temps coĂ»te trĂšs cher au cinĂ©ma.

Comment dirigez-vous vos comĂ©diens ? Laissez-vous une part Ă  l’improvisation ?

Non. Je suis trĂšs strict. Tout est calculĂ© afin que tout soit bien posĂ©. J’écris des mots et j’aime qu’on les dise (rire).

Finalement, comment Ă©tait-ce de tourner avec un ours ?

C’est trĂšs chiant (rire) ! En fait, ce n’est pas si impressionnant que ça. Quand je suis allĂ© le voir pour la premiĂšre fois, le dresseur m’a dit de mettre une guimauve Ă  la bouche et qu’il allait mettre ses pattes sur mes Ă©paules pour la prendre et la manger. C’est comme une grosse peluche. Pour le faire courir, il fallait le suivre avec une brouette. C’était la seule chose qui le faisait avancer, mais encore sur dix mĂštres. Il Ă©tait souvent fatiguĂ© et il prĂ©fĂ©rait dormir. Curieusement, un ours ne fait pas tant de bruit que ça lorsqu’il crie. Il a fallu rajouter des sons. Mais c’est un ours en captivitĂ©. Si jamais j’en croise un dans vos forĂȘts, je n’attendrai pas qu’il vienne me prendre une guimauve (rire) ! |

La comĂ©die noire Un ours dans le Jura est prĂ©sentement Ă  l’affiche.