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Entrevue avec Brigitte Poupart et Sara Montpetit

CrĂ©dit photo : Unifrance / Marie Rouge

Entrevue avec la cinĂ©aste Brigitte Poupart et la comĂ©dienne Sarah Montpetit pour la sortie du film OĂč vont les Ăąmes.

OĂč vont les Ăąmes est le premier long mĂ©trage de fiction Ă©crit et rĂ©alisĂ© par l’actrice Brigitte Poupard. Le film aborde un sujet dĂ©licat : celui de l’aide mĂ©dicale Ă  mourir. Sauf qu’ici, c’est une adolescente, incarnĂ©e par Sara Montpetit, qui en fait la demande. Quelles rĂ©percussions cette demande aura-t-elle au sein de sa famille ? MonCinĂ© a pu s’entretenir avec la cinĂ©aste et la comĂ©dienne.

Pourquoi avoir choisi cette histoire pour la rĂ©alisation de votre premier long mĂ©trage ?

Brigitte : C’est une accumulation de plein de choses qui ont Ă©tĂ© en gestation pendant trĂšs longtemps. Le scĂ©nario provient de plein d’expĂ©riences personnelles que j’ai transposĂ©es dans des personnages. Quand on met ça dans le blender, il en ressort quelque chose d’étonnant (rire) ! Mais au fil de l’écriture, les personnages parlaient d’eux-mĂȘmes et le narratif s’est Ă©loignĂ© un peu plus de moi. Tous les thĂšmes partent de mon vĂ©cu : la violence psychologique, la maladie, la mort, la fratrie, la famille. Je pense que c’est pour ça que les gens se reconnaissent dans le film, parce que ce sont des sujets importants.

Votre pĂšre Ă©tait musicien. C’était important pour vous de mettre la musique au cƓur de votre film ?

Brigitte : Mon pĂšre Ă©tait bassiste. Tous les dimanches, nous Ă©coutions de la musique. Il me disait : « Quelle est la ligne mĂ©lodique, la ligne rythmique ? » Chez nous, les trois filles ont fait du piano. J’ai mĂȘme aussi fait du violoncelle. C’est un concours de circonstances qui fait que je ne suis pas musicienne et que je suis allĂ©e vers le théùtre. Évidemment, mon pĂšre est Ă  mille lieues de celui que je dĂ©cris dans le film (rire). Il Ă©tait tout l’opposé !

Vous avez un trio d’actrices incroyables. Comment se sont imposĂ©s ces choix de Monia Chokri, Julianne CĂŽtĂ© et Sara Montpetit ?

Brigitte : Je les entendais Ă  l’écriture du scĂ©nario. Monia Ă  la moquerie de ma fille aĂźnĂ©e. Julianne me fait penser Ă  une de mes sƓurs. J’entendais Sara dans les rĂ©pliques courtes et punchĂ©es. Je me croisais les doigts qu’elles acceptent. Puis, c’est arrivĂ©. Elles ont toutes dit oui (rire). MĂȘme pour mes rĂŽles secondaires, j’ai eu mon casting de rĂȘve.

Sara, qu’est-ce qui vous plaisait dans ce personnage ?

Sara : C’était un rĂŽle avec une grande profondeur. J’avais une curiositĂ© d’aller explorer cet aspect de son histoire : celui de vouloir chercher l’aide mĂ©dicale Ă  mourir.

« Tous les thĂšmes du film partent de mon vĂ©cu : la violence psychologique, la maladie, la mort, la fratrie, la famille. Je pense que c’est pour ça que les gens se reconnaissent dans le film, parce que ce sont des sujets importants. »

– Brigitte Poupart

Comment Ă©tait-ce de travailler avec Monia et Julianne pour vous en tant qu’actrice ?

Sara : C’était super chouette ! MĂȘme si le sujet Ă©tait lourd, le tournage Ă©tait trĂšs joyeux. On riait beaucoup ensemble.

Brigitte : J’aime crĂ©er des atmosphĂšres de travail qui sont agrĂ©ables. Je suis moi-mĂȘme actrice et je crois que, pour aller chercher le meilleur de tout le monde, il faut crĂ©er de bonnes conditions. J’essaie le plus possible d’ĂȘtre dans la bienveillance, la joie et le rire. Étonnamment, le rire permet d’ouvrir beaucoup parce qu’il part de la mĂȘme place que les larmes.

Les comĂ©diennes partagent une belle chimie Ă  l’écran. Avez-vous rĂ©pĂ©tĂ© avant le tournage ?

Brigitte : Malheureusement, les budgets ne nous le permettent pas vraiment. Je trouve ça dommage, car je viens du monde du théùtre et je crois beaucoup aux rĂ©pĂ©titions. Mais on a eu une lecture de groupe. Par contre, sur le plateau, on prenait le temps de discuter. Il Ă©tait important qu’on ne se sente pas rushĂ©s dans le rĂ©sultat et la performance.

Sara, tout au long du film, ton personnage est dans la maladie. Quelle scĂšne a Ă©tĂ© la plus mĂ©morable Ă  jouer ?

Sara : Pour moi, ç’a Ă©tĂ© celle de l’adieu au cheval. Elle a eu un effet cathartique. C’était un cheval Ă  la retraite, mais il avait beaucoup travaillĂ© avec des enfants malades ou souffrant de handicap. J’avais tissĂ© un beau lien Ă©motionnel avec lui. Quand j’ai donc fait la scĂšne de l’au revoir, c’était vraiment comme si je disais adieu aux animaux qui m’ont dĂ©jĂ  quittĂ©e. Parfois, il y a des scĂšnes comme celle-lĂ  qu’on tourne et qui nous font du bien psychologiquement. Évidemment, il y a aussi la sĂ©quence Ă  la fin quand mon personnage reçoit l’aide mĂ©dicale Ă  mourir. C’était assez bouleversant Ă  jouer. Il y avait un vrai mĂ©decin avec nous sur le plateau qui nous a dit les paroles prononcĂ©es avant l’acte. D’ailleurs, Brigitte les a rĂ©cupĂ©rĂ©es mot Ă  mot dans le film. Ce que l’on voit, c’est ce qui se passe rĂ©ellement, donc c’était quand mĂȘme troublant de vivre mon dĂ©cĂšs, d’entendre tout ce qui se dit avant, mais dans une telle douceur. C’était trĂšs Ă©mouvant et ça m’a permis de faire la paix avec les gens qui ont quittĂ© ma vie. C’est parfois vraiment bizarre des tournages comme ça dans lesquels on touche Ă  des sujets aussi profonds et oĂč on arrive Ă  se connecter Ă  d’autres aspects de notre vie personnelle.

Brigitte, en tant que rĂ©alisatrice, quelle scĂšne reprĂ©sentait un plus grand dĂ©fi ?

Brigitte : Celle de la fin assurĂ©ment. Elle Ă©tait trĂšs exigeante pour les actrices. Je leur en demandais beaucoup, car je voulais que ce soit vrai et non caricatural. Comme actrice, je sais que, pour ce genre de scĂšne lĂ , tu ne peux pas la faire cinq fois de suite. J’avais dit Ă  l’équipe qu’il fallait la tourner comme un documentaire, bien et tout de suite. Je ne leur accordais que deux prises parce que l’émotion que les filles avaient Ă  ce moment-lĂ , elle Ă©tait vraie.

La maison du film est presque un personnage en soi. A-t-elle Ă©tĂ© difficile Ă  trouver ?

Brigitte : Oui, ç’a Ă©tĂ© long avant de la trouver. Au dĂ©part, mon souhait Ă©tait de pouvoir tourner Ă  la campagne, mais ça coĂ»tait trop cher de dĂ©mĂ©nager toute l’équipe. Donc, on a trouvĂ© une maison en banlieue de MontrĂ©al que je voulais somptueuse et chargĂ©e. C’est la maison du pĂšre qui est comme une prison dorĂ©e pour ces femmes. C’était aussi trĂšs important pour moi qu’elle soit entourĂ©e d’eau. Ce n’était pas simple Ă  trouver, mais on a rĂ©ussi aprĂšs beaucoup de repĂ©rages. On a trichĂ© un peu les extĂ©rieurs, car les scĂšnes avec le cheval ont Ă©tĂ© tournĂ©es en Estrie. |

Le drame OĂč vont les Ăąmes est prĂ©sentement Ă  l’affiche.