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Par

John Powell

Image tirĂ©e du film Solo : une histoire de Star Wars (2018)

QualifiĂ© de lĂ©gende vivante dans l’univers des compositeurs de musique de film, cet Anglais d’origine Ă©cossaise, installĂ© aux États-Unis depuis 1997, a brillamment mis son talent au service de nombreux films d’animation, mais pas uniquement. Ses mĂ©lodies se sont ainsi taillĂ© une place de choix dans le cƓur des jeunes de tous Ăąges et du monde entier. Il a d’ailleurs Ă©tĂ© deux fois mis en nomination pour l’Oscar de la meilleure musique originale de film : l’an dernier, pour la premiĂšre partie du film Wicked, sortie en novembre 2024, ainsi qu’en 2010, pour Dragons (How to Train Your Dragon). Sera-t-il de nouveau nommĂ©, cette fois pour la partie 2 de Wicked ainsi que pour la version de Dragons en prises de vue rĂ©elles ?

NĂ© en Grande-Bretagne en 1963, Powell prĂ©serve jalousement sa vie privĂ©e. Dans une entrevue rĂ©cente, il confiait que son pĂšre avait Ă©tĂ© tubiste pour le Royal Philharmonic Orchestra sous la direction de Sir Thomas Beecham et que lui-mĂȘme avait commencĂ© dans la musique en jouant du violon : « J’ai Ă©tĂ© bercĂ© par la musique classique. À l’ñge de 14 ans, j’ai mĂȘme eu la chance d’intĂ©grer l’East Sussex Orchestra, dans le sud de l’Angleterre, ce qui m’a offert un bagage extraordinaire. » Ses sources d’inspiration de l’époque sont Isaac Stern, Kate Bush et Peter Gabriel. Des goĂ»ts Ă©clectiques, s’il en est ! En 1986, il entre au trĂšs respectĂ© Trinity College of Music de Londres. Il s’y distingue non seulement en tant que violoniste, mais aussi en y remportant ses premiers prix de composition. C’est sur les bancs de cette Ă©cole qu’il se lie d’amitiĂ© avec le pianiste et compositeur londonien Gavin Greenaway, avec qui il a souvent collaborĂ© depuis. Parce qu’une grande carriĂšre est souvent aussi affaire d’amitiĂ© et qu’on ne bĂątit rien sans la collaboration de ses pairs


Les deux compĂšres dĂ©butent en produisant des messages publicitaires. Il faut bien manger ! C’est d’ailleurs Ă  cette Ă©poque qu’ils font la connaissance de Hans Zimmer, qui donne aussi dans la pub Ă  cette Ă©poque. En 1995, Powell et Greenaway fondent le studio de crĂ©ation musicale Thinking Music (ITM) qui compte pour clients des marques aussi prestigieuses que Coca-Cola, Ford, Sega et BMW.

En 1997, les amis partent ensemble pour les États-Unis et intĂšgrent le studio Media Ventures, cofondĂ© par Hans Zimmer et le producteur Jay Rifkin (aujourd’hui nommĂ© Remote Control Productions et dirigĂ© uniquement par Zimmer).

L’entrĂ©e de John Powell dans le paysage musical des films d’animation hollywoodiens se fait lors du tournage de Fourmiz (Antz, 1997) pour lequel il collabore pour la premiĂšre fois avec Harry Gregson-Williams (tandis que Gavin Greenaway compose des musiques additionnelles).

L’orientation de la carriĂšre de l’Écossais se prĂ©cise lorsqu’il fait Ă  nouveau Ă©quipe avec Gregson-Williams, avec qui il coĂ©crit les musiques de Poulets en fuite (Chicken Run, 2000), puis de Shrek 1 et 2. Pendant la mĂȘme pĂ©riode, il travaille Ă©galement avec Hans Zimmer avec qui il partage la composition de 50 DegrĂ©s Fahrenheit (Chill Factor, 1999), La Route d’Eldorado (The Road to Eldorado, 2000), mais aussi et surtout de Kung Fu Panda 1 et 2, qui font un malheur au box-office. L’avenir du musicien devenu compositeur est tracé !

De la pub aux plus grands studios, John Powell a construit une carriĂšre sans fausse note.

En 2002, on lui confie la musique de La MĂ©moire dans la peau (Bourne Identity). Deux ans plus tard, il assied sa notoriĂ©tĂ© en crĂ©ant aussi celle de La Mort dans la peau (The Bourne Supremacy), puis de La Vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum, 2007) et enfin de Jason Bourne (2016). Il compose Ă©galement la musique de Mr. et Mrs. Smith, en 2005, ainsi que celles de PS – Je t’aime (PS I Love You), sorti sur nos Ă©crans en 2007, d’Un boulot Ă  l’italienne (The Italian Job, 2003) et d’Alfie (en collaboration avec nul autre que Mick Jagger), en 2004.

Au fil des ans, le compositeur se rĂ©vĂšle pourtant le chouchou d’un public plus familial. C’est dire que la comĂ©die lui sied au moins aussi bien que le drame et l’action. La vĂ©ritĂ©, c’est que ce qu’il aime par-dessus tout, c’est d’abord raconter des histoires. Ce qu’il fait avec un talent certain, il faut le reconnaĂźtre. Il est notamment nommĂ© trois fois aux Grammy Awards pour son travail sur Happy Feet (Les Petits pieds du bonheur), Ferdinand et Solo: A Star Wars Story (Solo : Une histoire de Star Wars, avec John Williams). Par ailleurs, les films d’animation deviennent son crĂ©neau fĂ©tiche. Outre le film Robots, sorti en 2005, et Happy Feet 1 et 2, il signe en solo les volets 2, 3 et 4 de L’Ère de glace (Ice Age), Le Lorax (Dr. Seuss’ The Lorax), Des mamans pour Mars (Mars Needs Moms), Rio 1 et 2, ainsi qu’HĂŽtel Transylvanie : Transformanie (Hotel Transylvania: Transformania) et mĂȘme Thelma la licorne (Thelma the Unicorn, sur Netflix).

Son brio et sa renommĂ©e dans ce crĂ©neau populaire se confirment de maniĂšre Ă©clatante lors de la crĂ©ation de la musique de la sĂ©rie de films d’animation Dragons, dont le mĂ©gasuccĂšs n’est certainement pas Ă©tranger au travail remarquable du compositeur. La premiĂšre partie de Wicked, sortie en novembre 2024, lui vaut une nomination pour l’Oscar de la meilleure musique originale.

Travaillant en collaboration avec Stephen Schwartz, l’auteur des chansons originales de la comĂ©die musicale, Powell a, selon ses dires, « tout d’abord abordĂ© le film en tant que spectateur, dĂ©couvrant l’histoire une premiĂšre fois, afin de crĂ©er ensuite une musique qui rĂ©sonne avec le public ». Son approche est marquĂ©e par le respect des structures harmoniques sophistiquĂ©es de Schwartz, mais aussi par une adaptation propre aux contraintes du cinĂ©ma, oĂč l’intensitĂ©, la densitĂ© et le rythme doivent parfois ĂȘtre modifiĂ©s par rapport Ă  ceux d’une production scĂ©nique. Ensemble, ils ont donc créé une musique orchestrale unique et originale qui enrichit les chansons emblĂ©matiques de la comĂ©die musicale, tout en ajoutant une profondeur cinĂ©matographique au rĂ©cit. Powell a Ă©galement dirigĂ© l’orchestre pour les musiques de scĂšne, tandis que Stephen Oremus, le chef d’orchestre original, a dirigĂ© celui pour les chansons.

RĂ©flĂ©chissant au cheminement de sa carriĂšre, le compositeur dit : « Je pensais devenir violoniste, mais en grandissant puis en Ă©crivant de la musique destinĂ©e Ă  la publicitĂ©, j’ai rĂ©alisĂ© qu’écrire de la musique d’images Ă©tait ce que je prĂ©fĂ©rais. »

John Powell a Ă©tĂ© mariĂ© avec Melinda Lerner, dĂ©cĂ©dĂ©e en 2016 et avec qui il a eu un garçon, Oliver Powell. Exprimant son chagrin, le compositeur a dit qu’elle avait Ă©tĂ© sa muse, une source d’inspiration essentielle Ă  son Ɠuvre. |