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Entrevue avec Stéphanie Lapointe

CrĂ©dit photo : Shayne Laverdière

Entrevue avec la chanteuse, actrice et auteure Stéphanie Lapointe pour la sortie du film Fanny.

En 2004, StĂ©phanie Lapointe remporte Ă  20 ans la deuxiĂšme Ă©dition de la populaire Ă©mission de variĂ©tĂ© musicale Star AcadĂ©mie. AprĂšs trois albums, elle dĂ©laisse le monde de la musique en 2015 pour se consacrer Ă  temps plein Ă  l’écriture. Elle est laurĂ©ate de deux Prix du Gouverneur gĂ©nĂ©ral pour des albums jeunesse : Grand-pĂšre et la lune en 2017 et Jack et le temps perdu en 2019. En 2018, elle lance sa sĂ©rie de romans pour adolescentes, Fanny Cloutier, qui connaĂźt un immense succĂšs populaire et dont elle vient de scĂ©nariser l’adaptation du premier tome pour le cinĂ©ma. MonCinĂ© a pu s’entretenir avec l’autrice.

Comment est nĂ©e la sĂ©rie Fanny Cloutier ?

Petite, j’étais une grande fan du film Bach et Bottine (1986). La prĂ©misse d’une enfant qui a tout perdu alors qu’elle est trop jeune m’avait fascinĂ©e. Je me suis dit que je pourrais partir d’une ado qui a perdu sa mĂšre, mais qui va rĂ©aliser que son pĂšre lui a cachĂ© un gros secret. On suit une ado qui passe Ă  la barre de sa quĂȘte pour en connaĂźtre plus sur sa vie. Je trouvais qu’il y avait beaucoup de sĂ©ries pour ados qui Ă©taient campĂ©es dans des Ă©coles et qui parlaient de relations amoureuses. Mais quand on est ado, on vit tellement plus que ça. On a des parents imparfaits. C’est donc ça qui est devenu la toile de fond de la sĂ©rie : une ado qui vit avec un pĂšre qui a plein de bibittes Ă  l’intĂ©rieur de lui.

RĂȘviez-vous de voir votre sĂ©rie adaptĂ©e pour le cinĂ©ma ?

En fait, je me suis fait proposer trĂšs vite une adaptation, soit huit mois aprĂšs sa sortie. Il faut dire qu’il Ă©tait sur les palmarĂšs des meilleures ventes, ce qui a attirĂ© l’attention. J’ai eu des offres de plusieurs producteurs pour en faire un film, mais Ă©galement une sĂ©rie tĂ©lĂ©. J’ai senti que c’était un film que je voulais faire.

Était-ce une condition que vous Ă©criviez le scĂ©nario ?

À cette Ă©poque-lĂ , je commençais la scĂ©narisation d’une sĂ©rie tĂ©lĂ©, mais je me sentais tellement imposteure. Au dĂ©but, je ne connaissais pas les codes de ce type d’écriture et lĂ , en plus, je venais de signer un contrat pour Ă©crire un film (rire). Mais c’était mon bĂ©bĂ©. Je ne pouvais pas le laisser Ă  n’importe qui. En mĂȘme temps, ma productrice, Annie Blais, avait dĂ©jĂ  vĂ©cu cette expĂ©rience sur un autre projet avec une autrice qui scĂ©narisait son premier film. Elle m’a dit : « C’est ton histoire. Tu es capable de la raconter. » Ç’a vraiment Ă©tĂ© du travail (rire) !

Était-ce difficile de transformer son histoire pour un autre mĂ©dium ?

J’étais vraiment correcte avec le fait que ce soit une nouvelle bibitte. Un roman, ce n’est pas construit de la mĂȘme façon qu’un film. C’est comme deux gĂąteaux qui ne goĂ»tent pas pareil (rire). J’avais ce dĂ©tachement-lĂ , mais le dĂ©fi Ă©tait de conserver l’essence du personnage de Fanny.

« Un roman, ce n’est pas construit de la mĂȘme façon qu’un film. C’est comme deux gĂąteaux qui ne goĂ»tent pas pareil (rire). »

Combien de temps avez-vous passĂ© sur l’écriture du scĂ©nario ?

Je dirais six ans d’écriture ? J’ai dĂ» faire une centaine de versions. C’est assez capoté ! Au fil des annĂ©es, on a fait plusieurs dĂ©pĂŽts aux institutions. Je dirais que c’est la plus belle des Ă©preuves. Quand j’étais chanteuse, j’avais toujours le syndrome de l’imposteure. Je me disais que je n’avais pas fait mes classes et que c’est Star AcadĂ©mie qui m’avait donnĂ© le tremplin. En scĂ©narisation, j’ai tellement travaillé ! Je me disais « ça, c’est une Ă©cole, de passer Ă  travers le scĂ©nario d’un premier film ». Ç’a Ă©tĂ© trĂšs exigeant, mais vraiment formateur.

Est-ce que parfois vous vous ĂȘtes dĂ©couragĂ©e durant ce long processus ?

Le dĂ©fi de faire un film est qu’il faut que tu sois prĂȘt Ă  foncer sans savoir si ça va aboutir. Il faut non seulement y croire, mais il faut aussi avoir du fun pendant l’aventure. C’est vrai qu’il y a tellement de moments oĂč on se disait : « Ça ne le fera pas. On ne sera pas capables. » Souvent, il y a le doute qui s’installe et qui dit d’arrĂȘter. Peu avant de me mettre Ă  l’écriture du scĂ©nario, j’avais croisĂ© ChloĂ© Robichaud (Les Jours heureux, Deux femmes en or) qui m’avait dit : « Faut ĂȘtre un peu masochiste, mais trĂšs amoureux du cinĂ©ma, pour faire des films. »

Est-ce que cette expĂ©rience vous a donnĂ© le goĂ»t de poursuivre l’écriture d’autres scĂ©narios de film ?

Oui, vraiment ! J’ai le goĂ»t d’y replonger, mais pas tout de suite (rire) !

Étiez-vous impliquĂ©e dans le choix des comĂ©diens ?

J’ai vraiment Ă©tĂ© gĂątĂ©e de ce cĂŽtĂ©-lĂ . On m’a consultĂ©e Ă  toutes les Ă©tapes du film, mĂȘme pour l’affiche. J’ai Ă©tĂ© lĂ  au casting et on Ă©tait pas mal toujours en diapason sur le plan des choix, l’équipe et moi. Quand j’ai vu Milya Corbeil-Gauvreau arriver dans la salle, qui Ă©tait Ă  la fois tellement diffĂ©rente de la Fanny que j’avais imaginĂ©e mais c’était tellement elle, j’espĂ©rais vraiment que le rĂ©alisateur Yan England soit Ă  la mĂȘme place que moi sinon j’allais me battre pour elle (rire) ! Elle Ă©tait vraiment excellente ! Elle avait tout compris des nuances et de la tristesse de cette adolescente qui a une mentalitĂ© d’une femme de 30 ans dans un corps de 16 ans.

Comment est-ce pour une autrice de voir ses personnages vivre en chair et en os ?

C’est particulier ! C’est un vrai cadeau. Surtout, j’ai eu la chance de travailler avec des acteurs qui ont vraiment respectĂ© mon texte. C’était juste toujours meilleur que ce que je m’imaginais. |

Le drame d’aventure Fanny prend l’affiche le 9 mai.