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Wimoweh ! Retour sur les 30 ans du Roi Lion

Image tirĂ©e de l’affiche du film Le Roi Lion (1994)

AprĂšs une dĂ©cennie moribonde pour le studio d’animation Disney, celui-ci retrouve de son prestige en 1989 avec le succĂšs commercial et critique de The Little Mermaid (La Petite sirĂšne) qui amorce une pĂ©riode de renaissance pour la lĂ©gendaire compagnie. En 1991, Beauty and the Beast (La Belle et la bĂȘte) devient mĂȘme le premier film d’animation Ă  recevoir une nomination aux Oscars dans la catĂ©gorie du meilleur film. En 1992, le succĂšs se poursuit avec Aladdin qui termine au premier rang des recettes cumulĂ©es au box-office pour l’annĂ©e. Au tournant des annĂ©es 1990, Disney est non seulement redevenu Ă  la mode, mais ses productions ont retrouvĂ© le gage de qualitĂ© des meilleurs films de son Ăąge d’or. Mais rien ne pouvait prĂ©parer la compagnie Ă  ce qui s’en venait !

La paternitĂ© de l’idĂ©e du film The Lion King (Le Roi Lion) est contestĂ©e par ses diffĂ©rents acteurs. Charlie Fink, alors vice-prĂ©sident du studio d’animation, prĂ©tend ĂȘtre celui qui a proposĂ© au prĂ©sident Jeffrey Katzenberg la prĂ©misse d’une histoire du type Bambi qui pourrait se dĂ©rouler en Afrique. Roy E. Disney, neveu de Walt et cadre haut placĂ© au sein de l’entreprise, affirme plutĂŽt que c’est Katzenberg et lui qui, lors d’un vol d’avion en 1988, avaient Ă©voquĂ© l’idĂ©e d’un film se dĂ©roulant dans la savane. Peu importe les origines de la production, le concept obtient rapidement l’aval des hautes instances du studio qui partent Ă  la recherche de scĂ©naristes.

Au total, une dizaine d’écrivains plancheront sur diffĂ©rentes versions du scĂ©nario. Dans une Ă©bauche datĂ©e du 2 mars 1989, le nom de Simba apparaĂźt pour la premiĂšre fois. Un jet du 19 janvier 1990 porte le titre officiel The Lion King, mais sera changĂ© quelques mois plus tard pour King of the Beasts. Ce nouveau titre est de Ron Bass, laurĂ©at d’un Oscar pour le scĂ©nario de Rain Man. Ce dernier supervise les rĂ©Ă©critures de l’histoire qui passe par de nombreux changements. Katzenberg veut ĂȘtre certain d’avoir LA bonne histoire avant de se commettre Ă  la mise en chantier de la production. Finalement, en 1991, Linda Woolverton, qui a travaillĂ© sur Beauty and the Beast, est embauchĂ©e afin de remanier le scĂ©nario. Sa version, maintenant intitulĂ©e King of the Jungle, met en scĂšne Simba au cƓur d’une guerre entre les lions et les babouins, qui sont menĂ©s par Scar.

George Scribner, le cinĂ©aste d’Oliver & Company (1988), doit d’abord rĂ©aliser le film. À l’origine, The Lion King n’est pas conçu pour ĂȘtre une comĂ©die musicale, mais plus une fiction du type documentaire animalier. Son partenaire assignĂ© par Disney est Roger Allers, qui avait impressionnĂ© les dirigeants par son travail comme responsable de l’animation pour Beauty and the Beast. Mais les deux ne sont pas au mĂȘme diapason. Avec les succĂšs de cette derniĂšre production et d’Aladdin, sur lequel Allers a Ă©galement travaillĂ©, celui-ci convainc Disney de transformer The Lion King en comĂ©die musicale, ce qui n’enchante pas Scribner. Il dĂ©cide donc de quitter le projet. Il est remplacĂ© par Rob Minkoff, un jeune animateur pour le studio qui a pris beaucoup de galon dans les derniĂšres annĂ©es. Minkoff et Allers trouvent que le scĂ©nario n’est pas complĂštement Ă  point. Ils le retravaillent avec les producteurs du film et la version finale de l’histoire prend dĂ©finitivement place alors qu’ils dĂ©cident de rendre l’intrigue plus shakespearienne, s’inspirant de la piĂšce Hamlet du cĂ©lĂšbre dramaturge anglais. Mufasa et Scar sont dĂ©sormais frĂšres et ce dernier usurpe le trĂŽne en assassinant le premier. Simba doit donc exposer la traĂźtrise de son oncle. On change Ă©galement le titre une derniĂšre fois alors qu’on retourne Ă  The Lion King. AprĂšs tout, Minkoff et Allers font valoir le point judicieux que l’histoire se dĂ©roule dans la savane et non la jungle. Il aura donc fallu plusieurs annĂ©es afin d’en arriver Ă  un scĂ©nario satisfaisant pour tous. Il faut Ă©galement souligner qu’il s’agit d’une premiĂšre histoire originale depuis Fantasia en 1940 (aprĂšs, tous les autres longs mĂ©trages d’animation de Disney Ă©taient inspirĂ©s d’Ɠuvres connues).

Au tournant des annĂ©es 1990, Disney est non seulement redevenu Ă  la mode, mais ses productions ont retrouvĂ© le gage de qualitĂ© des meilleurs films de son Ăąge d’or.

Pour les chansons du film, Disney invite le parolier Tim Rice Ă  collaborer de nouveau avec le compositeur Alan Menken. Le duo venait de travailler ensemble sur le film Aladdin, Rice terminant le travail du fidĂšle collaborateur de Menken, Howard Ashman, dĂ©cĂ©dĂ© prĂ©maturĂ©ment d’une maladie. Par contre, le musicien doit renoncer Ă  sa participation alors qu’il s’est dĂ©jĂ  commis auprĂšs d’un autre projet. Rice, qui dĂ©sire de la musique plus pop, suggĂšre alors le groupe ABBA, qui passe Ă©galement son tour alors que ses membres ont dĂ©jĂ  des engagements professionnels ailleurs. Il se rabat donc sur Elton John, qui accepte l’invitation avec empressement. John s’inspire de la musique du film de 1967 The Jungle Book (Le Livre de la jungle), dont il aime bien les chansons. Ensemble, ils Ă©crivent cinq chansons, dont trois d’entre elles seront Ă©ventuellement en nomination aux Oscars. C’est finalement Can You Feel the Love Tonight qui l’emportera !

Pour la trame musicale originale, la production fait appel Ă  un jeune compositeur qui commence Ă  se faire remarquer Ă  Hollywood : Hans Zimmer. Celui-ci est principalement embauchĂ© en raison de sa musique composĂ©e pour deux films se dĂ©roulant en Afrique : A World Apart (Un monde Ă  part, 1988) et The Power of One (La Puissance de l’ange, 1992). La trame sonore du film The Lion King connaĂźtra un immense succĂšs. L’album termine l’annĂ©e non seulement au quatriĂšme rang des meilleures ventes d’albums du Billboard 200, mais il trĂŽnera en premiĂšre place des trames sonores. D’ailleurs, celle-ci sera certifiĂ©e diamant, signifiant la vente de 10 millions d’albums, une premiĂšre pour un film d’animation.

Lorsque la production arrive Ă  l’étape du casting, un choix s’impose rapidement pour le rĂŽle de Mufasa : James Earl Jones. Selon les rĂ©alisateurs, le comĂ©dien, qui prĂȘtait sa voix Ă  Darth Vader, possĂšde une voix puissante qui Ă©voque le rugissement d’un lion. Pour incarner son frĂšre ennemi Scar, plusieurs acteurs sont considĂ©rĂ©s, tels Alan Rickman, Patrick Stewart et Ian McKellen, avant que Jeremy Irons l’obtienne. Par contre, l’acteur refuse d’abord le rĂŽle, le jugeant trop comique. Les scĂ©naristes retravaillent donc les dialogues de Scar pour les rendre plus dramatiques et les animateurs se collent un peu plus sur les expressions faciales d’Irons pour les traits du personnage.

À l’origine, les comĂ©diens Nathan Lane et Ernie Sabella, qui jouaient ensemble dans une comĂ©die musicale Ă  Broadway, avaient auditionnĂ© pour les rĂŽles des hyĂšnes. Vu qu’ils partagent une chimie comique Ă©vidente, on leur offre plutĂŽt les rĂŽles respectifs de Timon et Pumbaa. Pour les hyĂšnes, la production dĂ©sire fortement le duo cĂ©lĂšbre Cheech & Chong. Malheureusement, seul Cheech Marin est disponible. On choisit finalement Whoopi Goldberg, qui tenait absolument Ă  jouer dans le film, pour le rĂŽle transformĂ© au fĂ©minin du chef des hyĂšnes.

Malheureusement, le film subit d’autres changements en cours de production qui lui font rater sa date de sortie initiale de Thanksgiving de 1993. RepoussĂ© Ă  l’étĂ© 1994, c’est The Nightmare Before Christmas (L’Étrange NoĂ«l de Monsieur Jack) qui prend sa place. Ce retard amĂšne une part d’anxiĂ©tĂ© chez Disney alors qu’il est plutĂŽt rare Ă  cette Ă©poque qu’un film d’animation de cette envergure soit lancĂ© en pleine pĂ©riode estivale.

Sorti le 15 juin 1994, The Lion King termine sa vie sur les Ă©crans avec une rĂ©colte impressionnante de 763 millions de dollars au box-office mondial. Pour cette Ă©poque, il s’agit non seulement du meilleur rĂ©sultat pour un film d’animation, mais ses recettes le placent en deuxiĂšme position, tous genres confondus, derriĂšre Jurassic Park (Le Parc jurassique) (sans tenir compte de l’inflation bien sĂ»r). Avec les sorties subsĂ©quentes au fil des annĂ©es, ce montant s’élĂšve maintenant Ă  979 millions. Le film dĂ©tient aussi le record mondial des plus grandes ventes de VHS, soit 55 millions d’exemplaires, jusqu’à son retrait temporaire du marchĂ© Ă  la fin de 1997. C’est sans compter les ventes de produits dĂ©rivĂ©s, sa populaire comĂ©die musicale Ă  Broadway (qui a cĂ©lĂ©brĂ© ses 27 ans en 2024 !) et la diffusion de sĂ©ries tĂ©lĂ© connexes, faisant du Roi Lion une marque trĂšs importante pour l’empire Disney. Simba (et Mufasa ce NoĂ«l) continuera Ă  vivre des aventures pendant plusieurs annĂ©es encore. |

Le film d’animation Mufasa : Le Roi Lion sera sur les Ă©crans le 20 dĂ©cembre.