Crédit photo : Mariphotographe
Entrevue avec la réalisatrice et comédienne Mariloup Wolfe
Mariloup Wolfe est nĂ©e en 1978 Ă MontrĂ©al. Elle est titulaire dâune majeure en Production cinĂ©matographique de lâUniversitĂ© Concordia (2001) et dâune mineure en Ătudes culturelles de lâUniversitĂ© McGill (1999). Elle sâest dâabord fait connaĂźtre par son rĂŽle de Marianne dans la sĂ©rie jeunesse tĂ©lĂ©visĂ©e Ramdam, diffusĂ©e de 2001 Ă 2008 Ă TĂ©lĂ©-QuĂ©bec. Depuis, elle a jouĂ© dans diffĂ©rentes sĂ©ries Ă succĂšs comme UnitĂ© 9 et 30 vies. En parallĂšle Ă sa carriĂšre dâactrice, elle passe derriĂšre la camĂ©ra, rĂ©alisant les longs mĂ©trages Les Pieds dans le vide, Jouliks, Arlette et CĆur de slush.
Est-ce que le cinéma a toujours fait partie de ta vie?
Oui, et ce, grĂące Ă mon pĂšre qui est un grand cinĂ©phile. Enfant, il me montrait des grands classiques du cinĂ©ma et des films de tous les genres. Ă la maison, il enregistrait plein de film sur des cassettes Betamax (rire). Jâai de bons souvenirs aussi lorsque, un peu plus vieille, il mâamenait au Festival des films du monde de MontrĂ©al. Je pense quâil aurait bien aimĂ© ça devenir rĂ©alisateur de films.
On te connaßt comme actrice, mais tu as également fait beaucoup de réalisations, tant pour la télé que pour le cinéma. Laquelle de ces passions est venue en premier?
MĂȘme si jâai dĂ©butĂ© le jeu tĂŽt, par de la figuration, puis avec de petits rĂŽles, jâai dĂ©couvert ma passion pour la production cinĂ©matographique dans mes cours au cĂ©gep. Jâai pu faire un vidĂ©oclip et un court mĂ©trage documentaire qui mâavait mĂȘme valu un prix. Cette pĂ©riode a Ă©tĂ© toute une rĂ©vĂ©lation pour moi et elle mâa vraiment donnĂ©e le goĂ»t dâen faire une carriĂšre. Pour gagner de lâexpĂ©rience, je suis allĂ©e faire la scripte lors dâun tournage dâun clip musical, sans mĂȘme savoir ce que câĂ©tait (rire). Puis, jâai agi comme stagiaire pour un assistant-rĂ©alisateur pour une production de tĂ©lĂ© canadienne-anglaise. AprĂšs ĂȘtre allĂ©e apprendre lâanglais en Angleterre, jâai poursuivi avec des Ă©tudes en cinĂ©ma Ă Concordia. Puis, jâai obtenu le contrat pour Ramdam. Ces annĂ©es ont Ă©tĂ© super formatrices. JâĂ©tais trĂšs privilĂ©giĂ©e, car en plus de bien gagner ma vie, je pouvais observer les rĂ©alisateurs et comprendre la vie dâun plateau.
Pourquoi avoir choisi Les Pieds dans le vide comme premier long métrage?
Le comĂ©dien Vincent Bolduc, qui est un bon ami de Guillaume Lemay-Thivierge, a Ă©crit le scĂ©nario. Il savait que je dĂ©sirais rĂ©aliser un long mĂ©trage. Auparavant, jâavais tournĂ© deux courts mĂ©trages. Il a donc proposĂ© mon nom Ă la production et jâai eu le contrat! Câest sĂ»r que la situation avait fait rĂ©agir dans le milieu, mais en mĂȘme temps, ce que certains savaient peut-ĂȘtre moins, câest que jâavais travaillĂ© fort pour faire mes classes. Ce qui mâintĂ©ressait dans le projet, câĂ©tait Ă©videmment, pour moi, une façon de comprendre la passion de mon conjoint de lâĂ©poqueâ: celle du parachutisme. Aussi, le film posait de bons dĂ©fis techniques. Nous avions fait venir un camĂ©raman de Los Angeles pour tourner les sĂ©quences aĂ©riennes. Lâhistoire me plaisait aussi. Elle Ă©tait trĂšs contemporaine, mais Ă©galement intemporelle par ses thĂšmes. Jâai vraiment Ă©tĂ© choyĂ©e, car jâai vĂ©cu une trĂšs belle premiĂšre expĂ©rience.
Pourquoi avoir attendu si longtemps (dix ans), avant de faire un deuxiĂšme film, Jouliks?
Ce nâĂ©tait pas nĂ©cessairement par choix (rire). En fait, il y a plusieurs raisons. Tout dâabord, jâai eu deux enfants. Ensuite, on mâa offert des projets de rĂ©alisation pour la tĂ©lĂ© vraiment intĂ©ressants, que je ne pouvais pas refuser, et qui ont occupĂ© pas mal de mon temps (rire). Enfin, au cinĂ©ma, les projets peuvent prendre plusieurs annĂ©es avant dâobtenir du financement. En ce qui concerne Jouliks, jâavais rencontrĂ© les producteurs, mais un autre rĂ©alisateur avait obtenu le job. Puis, en cours de route, il sâest dĂ©sistĂ© et on mâa offert de le remplacer.
Quâest-ce qui tâa attirĂ©e dans le projet?
Il y avait une belle poĂ©sie dans le scĂ©nario de Marie-Christine LĂȘ-Huu. Jâadorais lâhistoire de ce couple non conformiste. Jâavais aussi une grande latitude quant aux choix artistiques, pour y mettre mes propres rĂ©fĂ©rences. Je pense que câest le film qui me ressemble le plus. Aussi, câĂ©tait un beau dĂ©fi de travailler avec une enfant, Lilou Roy-Lanouette. Jâaime cette part de puretĂ© et dâinexpĂ©rience que les enfants possĂšdent. Mon rĂŽle, câĂ©tait vraiment juste de la guider dans le jeu. En plus, sa mĂšre, qui venait dâaccoucher, lâaccompagnait sur le plateau avec le bĂ©bĂ©. Il y avait donc une ambiance trĂšs familiale. Ăa a Ă©tĂ© un beau tournage.
Quels étaient les défis posés par Arlette?
Câest un monde que je ne connaissais pas vraiment, mis Ă part ce que je voyais aux nouvelles (rire). Mais, je trouvais intĂ©ressante la structure thĂ©Ăątrale du scĂ©nario de Marie Vien, qui Ă©tait vraiment bien Ă©crit. Jâaimais son propos trĂšs actuel sur la misogynie. Sur le plan esthĂ©tique, jâĂ©tais complĂštement ailleurs par rapport Ă Jouliks. Dans ce dernier, câĂ©tait sale et crasseux (rire). Ici, câĂ©tait chic et luxueux. Jâadore crĂ©er des univers visuels et trouver des solutions aux dĂ©fis rencontrĂ©s.
Que peux-tu nous dire sur CĆur de slush?
Jâai Ă©tĂ© approchĂ©e dĂšs 2016 lorsque lâautrice Sarah-Maude Beauchesne travaillait sur la premiĂšre version du scĂ©nario. On a finalement obtenu le financement en 2022 (rire)! Jâadore ce genre de films coming of age. Dâailleurs, câest dommage que le genre soit plutĂŽt boudĂ© par les subventionnaires. Ce sont pourtant des films qui marquent lâadolescence et qui peuvent avoir un impact sur une gĂ©nĂ©ration. Pour CĆur de slush, jâai adorĂ© le message et le style dâĂ©criture de Sarah-Maude. Je trouve quâelle sait bien Ă©crire les vraies Ă©motions que lâon peut ressentir Ă cet Ăąge. Le plaisir, aussi, de faire des films pour ados, câest de dĂ©couvrir des nouveaux talents. Et, encore une fois, jâai eu une belle libertĂ© pour crĂ©er cet univers. CâĂ©tait aussi plaisant de tourner lâĂ©tĂ© et dans un parc aquatique (rire).
Est-ce quâil y a un genre cinĂ©matographique que tu aimerais Ă©ventuellement aborder?
Jâaimerais bien un jour faire un drame avec une portĂ©e sociale, quelque chose qui brasse! |