Image tirée du film Le Plongeur (2023)
Entrevue avec Francis Leclerc et Ăcric K. Boulianne pour la sortie du film Le Plongeur
PubliĂ© en 2016, Le Plongeur, roman de StĂ©phane Larue, a connu un vif succĂšs tant commercial que critique. Il nâest donc pas Ă©tonnant que plusieurs producteurs et cinĂ©astes aient Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©s dâen obtenir les droits afin de le porter Ă lâĂ©cran. Câest finalement Francis Leclerc qui a eu cette chance et, en plus dâen rĂ©aliser la version cinĂ©matographique, il sâest Ă©galement chargĂ© de lâadaptation du roman avec Ăric K. Boulianne. MonCinĂ© a eu lâoccasion de sâentretenir avec le rĂ©alisateur et son coscĂ©nariste.
Francis, comment tâes-tu retrouvĂ© impliquĂ© dans ce projet?
Francis Leclercâ: Jâai adorĂ© le roman que jâai lu en deux jours Ă la suite de la suggestion de ma copine qui me disait quâil y avait vraiment un film Ă tirer du livre. Je dĂ©sirais vivement obtenir les droits. Lorsque jâai parlĂ© Ă StĂ©phane Larue, il mâa dit quâil aimait beaucoup mon film Un Ă©tĂ© sans point ni coup sĂ»r. Il nâen revenait pas que je veuille adapter son roman. Et, dĂšs le dĂ©part, câĂ©tait clair que je dĂ©sirais travailler avec un coscĂ©nariste. Jâai donc impliquĂ© Ăric trĂšs tĂŽt dans le processus.
Ăric K. Boulianneâ: En fait, jâai dĂ» passer par une audition de scĂ©nariste (rire). Pas une audition de type scĂ©naristes enfermĂ©s dans une piĂšce avec deux heures pour Ă©crire quatre ou cinq pages (rire), mais plutĂŽt une rencontre amicale. On a discutĂ© du ton du film, de lâhistoire, de ce que je pensais quâil serait important de tirer du roman⊠Jâai dĂ» bien rĂ©pondre Ă ses questions, car jâai eu le job (rire).
Francisâ: Je me suis entretenu avec plusieurs scĂ©naristes, mais Ăric, tout comme moi, croyait en une Ă©nergie de jeunesse qui devait ĂȘtre au cĆur du film. En discutant ensemble, on a Ă©voquĂ© des Ćuvres comme Goodfellas et Trainspotting qui ont beaucoup servi comme inspiration.
Ăricâ: Le roman est racontĂ© Ă la premiĂšre personne. On a voulu conserver cet effet en dĂ©cidant dây inclure une narration hors-champ.
Comment sâest dĂ©roulĂ©e votre collaboration?
Francisâ: On a travaillĂ© prĂšs de trois ans ensemble. On faisait plusieurs rencontres de travail oĂč lâon mangeait des chaussons aux pommes (rire).
Ăricâ: Nous avons structurĂ© lâhistoire Ă deux ainsi que la partie de scĂšne Ă scĂšne, mais aprĂšs, Francis me laissait Ă©crire le scĂ©nario avec les dialogues. Je le retravaillais Ă la suite de ses commentaires.
Francisâ: CâĂ©tait quand mĂȘme un bon dĂ©fi de convertir un roman de 600 pages en scĂ©nario de 150 pages.
Ăricâ: Oui, câĂ©tait un peu stressant. Câest la premiĂšre fois que jâĂ©crivais un scĂ©nario qui nâĂ©tait pas une histoire originale. Dâune part, tu veux respecter lâauteur. Tu veux quâil soit content. Sur ce plan, StĂ©phane a Ă©tĂ© hyper respectueux en nous laissant une grande latitude. Il tenait vraiment Ă ce quâon fasse notre film. Ensuite, tu veux aussi plaire aux lecteurs.
Quâest-ce qui vous a attirĂ© dans cette histoire?
Francisâ: Jâai fait beaucoup de films avec des jeunes. Jâaime leur Ă©nergie. CâĂ©tait donc une suite logique dâexplorer une histoire avec des jeunes au dĂ©but de la vingtaine. Le roman contient plusieurs personnages complĂštement diffĂ©rents qui sont obligĂ©s de travailler ensemble, de former une Ă©quipe. La prĂ©sence des ethnies me plaisait aussi beaucoup. CâĂ©tait important pour moi de conserver cet aspect dans le film.
Ăricâ: Le drame que vit le personnage avec sa dĂ©pendance au jeu est aussi trĂšs intĂ©ressant.
Est-ce que le processus a Ă©tĂ© long avant de trouver lâacteur principal?
Francisâ: TrĂšs tĂŽt, jâai passĂ© en audition beaucoup dâacteurs qui Ă©taient ĂągĂ©s de seize ou dix-sept ans Ă ce moment, sachant quâils auraient lâĂąge du personnage quand viendrait le temps de tourner le film. Je voulais vraiment avoir un comĂ©dien qui avait lâĂąge du personnage, qui possĂ©dait sa fougue et son Ă©nergie, mĂȘme si les comĂ©diens de cet Ăąge peuvent ĂȘtre parfois un peu maladroits dans leurs performances. Henri Picard Ă©tait venu en audition. Il avait dix-sept ans et ça ne sâĂ©tait pas trĂšs bien passĂ© (rire). Trois ans plus tard, jâai continuĂ© ma dĂ©marche et jâai eu la chance de le revoir et lĂ , il a Ă©tĂ© complĂštement surprenant. Il avait mĂ»ri. Surtout, il nous a offert une proposition qui correspondait exactement au personnage. Il agissait comme un petit crisse de menteur qui fourre tout le monde (rire). Il a Ă©tĂ© parfait!
Comment as-tu approché les séquences du restaurant?
Francisâ: Sur 30 jours de tournage, 11 se dĂ©roulaient dans le restaurant ou Ă la plonge. Afin de faciliter la production, on a construit un dĂ©cor. On tournait dans un environnement contrĂŽlĂ©. On pouvait donc mettre le plafond plus haut (rire). Je dĂ©sirais placer la camĂ©ra oĂč je voulais. GĂ©nĂ©ralement, les plongeurs font face Ă un mur. Cette option nous permettait de les dĂ©placer afin de mettre la camĂ©ra sur Henri.
Dans le roman, la musique mĂ©tal occupe une place importante. Ătait-ce un dĂ©fi de faire de mĂȘme pour le film?
Ăricâ: Ă lâĂ©criture du scĂ©nario, je me suis gĂątĂ©. Jâincluais dĂ©jĂ des piĂšces spĂ©cifiques dans certaines des scĂšnes pour les forcer Ă aller chercher les droits (rire).
Francisâ: On savait quâĂ la maniĂšre de C.R.A.Z.Y., la musique occuperait une grande place dans le film. DĂšs le dĂ©part, un budget a Ă©tĂ© allouĂ© pour les droits musicaux. Au-delĂ de la musique, on voulait aussi les droits dâutilisation pour du matĂ©riel visuel comme des pochettes dâalbums et des affiches. Ătonnamment, cette partie sâest plutĂŽt bien dĂ©roulĂ©e. Les bands rĂ©agissaient positivement Ă nos demandes et ils Ă©taient contents quâelles arrivent dâun film indĂ©pendant au lieu dâune production du type Marvel (rire). Avant mĂȘme de tourner, nous avions rĂ©ussi Ă obtenir environ 90% des piĂšces sollicitĂ©es. On nây retrouve pas juste du mĂ©tal. On voulait vraiment recrĂ©er lâĂ©poque musicale de cette pĂ©riode de la fin des annĂ©es 1990. Les lecteurs du livre ne seront pas déçus. |