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Entrevue avec le comĂ©dien Jean Dujardin et le cinĂ©aste Jan Kounen pour la sortie du film L’Homme qui rĂ©trĂ©cit.
Le cinĂ©aste Jan Kounen et le comĂ©dien Jean Dujardin ont dĂ©jĂ fait Ă©quipe pour le film 99 francs (2007), adaptation du roman Ă succĂšs de FrĂ©dĂ©ric Beigbeder. Ils se retrouvent prĂšs de 20 ans plus tard pour LâHomme qui rĂ©trĂ©cit, une reprise de The Shrinking Man, portĂ© Ă lâĂ©cran en 1957 dâaprĂšs le roman de 1956 par Richard Matheson.
Jean Dujardin, vous ĂȘtes aussi lâun des producteurs du film. Pourquoi vouloir refaire ce film et, puisque les droits sont amĂ©ricains, est-ce quâils ont Ă©tĂ© plus difficiles Ă obtenirâ?
Jeanâ: Jâaime le film original et jâĂ©tais curieux de savoir comment on pourrait le rĂ©aliser en 2025. Nous avons nĂ©gociĂ© pendant un an. Ils se demandaientâ: «âMais pourquoi les Français veulent-ils refaire ce film (rire)â?â»
Jan Kounen, comment avez-vous rĂ©agi lorsque Jean Dujardin vous a proposĂ© de le rĂ©aliserâ?
Janâ: JâĂ©tais trĂšs surpris quand Jean mâa proposĂ© de faire ce film, parce que moi, je lâavais vu quand jâavais 11 ans, je pense. Et je mâen souvenais parfaitement, mĂȘme si je ne lâavais pas revu. JâĂ©tais aussi Ă©tonnĂ© quâen France, on rĂ©adapte un roman qui a Ă©tĂ© dĂ©jĂ portĂ© Ă lâĂ©cran par un grand studio dâHollywood. En gĂ©nĂ©ral, câest rare.
Jeanâ: Jan est quelquâun de calme et rassurant. Câest important pour ce genre de production. Il sait mettre lâĂ©quipe en confiance et câest un rĂ©alisateur qui a une vision.
«âCe roman, il fait partie de la grande force du fantastique. Câest celle de parler de nous, de notre place dans le monde, de nous, les humains, en utilisant une mĂ©taphore.â»
– Jan Kounen
Quâest-ce qui vous rejoignait tous les deux dans les thĂšmes du roman et la pertinence dâen faire une nouvelle version en 2025â?
Jeanâ: La rĂ©sonance des thĂšmes de la vie, de la mort et du temps qui passe. Le sujet du roman de Richard Matheson est singulier.
Janâ: Ce roman, il fait partie de la grande force du fantastique. Câest celle de parler de nous, de notre place dans le monde, de nous, les humains, en utilisant une mĂ©taphore. Dâun coup, on va avoir un film qui va nous faire voir notre vie ou voir qui on est dâun autre point de vue. Et ce que raconte pour moi cette histoire, câest vraiment dâun coup ĂȘtre face Ă la rĂ©alitĂ© de lâimpermanence des choses dans laquelle on nage. Tout est en mouvement toujours, sauf quâon ne sâen aperçoit pas dans notre quotidien. Et en mĂȘme temps, câest notre nature propre et la nature propre du monde. Donc de faire un film oĂč quelquâun va ĂȘtre confrontĂ© Ă un monde qui change Ă chaque instant, ça grandit pour lui chaque jour un peu plus. Moi, jâai trouvĂ© que câĂ©tait lâoccasion de faire un film qui est Ă la fois une sorte dâexpĂ©rience cognitive : celle de ressentir ce que ce serait, si le monde sâagrandissait chaque jour. Câest sur la force de la vie, en fait.
Comme rĂ©alisateur, quels dĂ©fis reprĂ©sente une production de la sorteâ?
Janâ: Le plus grand dĂ©fi, çâa Ă©tĂ© la totalitĂ© du film (rire), Ă savoir en utilisant les contraintes quâon avait, parce que câest un film oĂč tous les plans vont ĂȘtre truquĂ©s. Donc, câest le bateau gĂ©nĂ©ral (rire). Il y a des plans qui sont techniquement trĂšs complexes Ă rĂ©aliser, comme une transition oĂč le personnage de Jean passe dâune taille Ă une autre dans le mĂȘme plan. Donc, câest vraiment un casse-tĂȘte oĂč il faut fabriquer un fauteuil trĂšs, trĂšs grand et puis un autre un peu plus petit ou un peu plus grand que le normal. Et puis, trouver exactement les raccords des positions de camĂ©ra, puisque ce sont des Ă©chelles diffĂ©rentes. Donc, tout doit ĂȘtre calculĂ©.
Jâimagine que ça doit ĂȘtre quand mĂȘme trĂšs satisfaisant pour un rĂ©alisateur de baigner dans un environnement fantastique comme ça, dâavoir un casse-tĂȘte intĂ©ressant Ă gĂ©rer au quotidien toute la durĂ©e du tournageâ?
Janâ: Oui, moi, jâaime bien la technologie aussi et la magie du cinĂ©ma par les trucages. Jâai toujours aimĂ© çaâ! Et la camĂ©ra, ça fait toujours partie dâune des choses qui sont importantes. Ce que je trouvais intĂ©ressant, câest quâune partie de lâĂ©motion et de la sensation, elle passe en fait par lâeffet dâĂ©chelle. Donc câĂ©tait vraiment excitant de travailler Ă la fois le cadre, qui va parfois donner ce sentiment dâĂ©chelle, la position de la camĂ©ra, mais aussi dâun coup la maniĂšre dont on va achever quelque chose dâimmersif et de complexe. Câest passionnant comme dĂ©fi et câest trĂšs excitant Ă faire. Quand on est au milieu du tournage, on fatigue quand mĂȘme. Vous voyez ce que je veux direâ? Câest un peu comme dire : «âMais ça serait magnifique de faire un film entiĂšrement en haut de lâEverest.â» Câest super, mais au bout de deux semaines en haut de lâEverest, on nâen peut plus avec lâoxygĂšne et tout (rire).
En tant quâacteur, comment est-ce de travailler sur ce genre de projetâ?
Jeanâ: On retrouve un cĂŽtĂ© un peu laboratoire, mais câest trĂšs plaisant. Câest un peu une raretĂ©, ce genre de jeu. On doit sâassurer de fournir les images qui iront avec celles dĂ©jĂ tournĂ©es en arriĂšre-plan par Jan. Je dirais que câest une aventure plus folle que compliquĂ©e (rire)â!
Au gĂ©nĂ©rique, on retrouve la comĂ©dienne quĂ©bĂ©coise Marie-JosĂ©e Croze. Un petit mot sur ce choixâ?
Jeanâ: Câest la premiĂšre que jâai appelĂ©e. Elle avait le tempĂ©rament pour Ălise, la femme de mon personnage, Paul. Elle adorait ce film, quâelle avait vu enfant. Elle a dit oui tout de suite. Je connais Marie-JosĂ©e depuis longtemps. Nous avons tournĂ© ensemble dans le film de Nicole Garcia, Un balcon sur la mer (2010). Elle est trĂšs franche et bosseuse. Quand on a confiance avec qui on travaille, on gagne beaucoup de temps.
Janâ: Face Ă Jean, il fallait trouver quelquâun dâintense qui reprĂ©sente un fĂ©minin fort. Ce que jâaime chez elle quand je la vois Ă lâĂ©cran, câest quâelle nous capte. Elle porte en elle une intensitĂ© naturelle dans son jeu. Ăâa Ă©tĂ© vraiment super de travailler avec Marie-JosĂ©e. |
Le film de science-fiction LâHomme qui rĂ©trĂ©cit prend lâaffiche le 5 dĂ©cembre.


