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Entrevue avec Catherine Chabot

CrĂ©dit photo : Tzara Maud

Entrevue avec la comédienne Catherine Chabot pour la sortie du film Folichonneries.

Catherine Chabot est nĂ©e en 1988. DiplĂŽmĂ©e du Conservatoire d’art dramatique de MontrĂ©al en 2013, elle connaĂźt un grand succĂšs avec sa piĂšce de théùtre Lignes de fuite, qui remporte le prix du meilleur texte original 2019 remis par l’Association quĂ©bĂ©coise des critiques de théùtre. Le grand public la dĂ©couvre la mĂȘme annĂ©e avec Menteur, film quĂ©bĂ©cois le plus populaire au box-office. Au grand Ă©cran, elle joue Ă©galement dans Le Guide de la famille parfaite (2021), Lignes de fuite (2022), adaptation de sa piĂšce, et Menteuse. Cet hiver, elle tient la tĂȘte d’affiche de Folichonneries en compagnie d’Éric K. Boulianne, pour qui il s’agit d’un premier long mĂ©trage.

Est-ce qu’il y a un moment charniĂšre dans votre vie qui vous a donnĂ© le goĂ»t de devenir comĂ©dienne ?

J’ai toujours aimĂ© jouer, mĂȘme petite. J’ai participĂ© Ă  des piĂšces de théùtre. Mais c’est au CĂ©gep de Limoilou que j’ai su que je voulais en faire un mĂ©tier. D’ailleurs, mon professeur Ă©tait Fabien Cloutier ! Il Ă©tait un enseignant passionnĂ© et engagĂ©. Il m’a montrĂ© comment « battre la trail », comme il le disait (rire), c’est-Ă -dire qu’il m’a guidĂ©e vers mon chemin Ă©motif.

En 2019, vous dĂ©butez au cinĂ©ma avec un rĂŽle marquant dans la comĂ©die Menteur d’Émile Gaudreault. Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage ?

L’histoire de mon casting est assez drĂŽle. Émile est d’abord venu me voir dans une piĂšce de théùtre que j’avais Ă©crite. Il voulait qu’on Ă©crive un film ensemble. Au mĂȘme moment, il passait des auditions pour le rĂŽle de ChloĂ©. Finalement, il trouvait que j’avais l’énergie du personnage et il m’a demandĂ© de passer une audition. Au bout de quelques-unes, il m’a annoncĂ© que ça ne fonctionnerait malheureusement pas. Puis, on s’est reparlĂ© une semaine plus tard et il m’a invitĂ©e Ă  refaire une nouvelle audition en compagnie de Louis-JosĂ© Houde, avec qui je me suis mise Ă  improviser. On a vraiment eu du fun ensemble ! Émile m’a finalement donnĂ© le rĂŽle (rire). Mais c’était quand mĂȘme stressant au dĂ©but, car je suis une grande fan de Louis-JosĂ©. Rapidement, il m’a fait sentir bien, en confiance. On a tellement ri ! Antoine Bertrand a Ă©galement contribuĂ© Ă  ce que je fasse partie du gang. Ç’a Ă©tĂ© vraiment une belle expĂ©rience sur toute la ligne.

Le film a eu un Ă©norme succĂšs et vous a rĂ©vĂ©lĂ©e au grand public. Avez-vous ressenti un avant et un aprĂšs Menteur ?

Absolument ! Ça m’a mise en confiance et plein de portes se sont ouvertes. Depuis, j’enchaüne de merveilleux projets.

« Je pense qu’Éric est la rĂ©vĂ©lation du film. Il montre qu’il est un grand acteur. Je le trouve trĂšs touchant et il m’a fait pleurer (rire). »

Vous suivez ce succĂšs avec Le Guide de la famille parfaite (2021) de Ricardo Trogi. Comment s’est dĂ©roulĂ©e cette expĂ©rience ?

D’abord, Ricardo est trĂšs diffĂ©rent d’Émile sur un plateau. Il est trĂšs peu directif et il laisse aller les comĂ©diens. Quand il rit, c’est qu’on a fait la bonne affaire (rire). Ce film marque ma rencontre avec Louis Morissette, avec qui j’ai créé un beau lien. Ce film reprĂ©sentait aussi un bon dĂ©fi pour le jeu, puisqu’on est Ă  mi-chemin entre la comĂ©die et le drame.

En 2022, vous adaptez avec Émile Gaudreault la piĂšce Lignes de fuite. Quels ont Ă©tĂ© les principaux dĂ©fis de transposer une piĂšce de théùtre pour le cinĂ©ma ?

Ma piĂšce est un huis clos. Il fallait donc dynamiser l’intrigue afin de la rendre cinĂ©matographique. Le dĂ©fi Ă©tait de faire sortir les filles du lieu principal oĂč se dĂ©roule l’histoire et d’aller Ă  la rencontre de leur intimitĂ©. La question majeure Ă©tait : comment on les prĂ©sente ? Qu’est-ce qu’on cache ? Surtout, il y avait une volontĂ© que le public s’attache aux personnages.

Vous corĂ©alisez le film avec Miryam Bouchard (Mon cirque Ă  moi). Comment avez-vous travaillĂ© ensemble ?

L’idĂ©e est venue d’Émile qui me disait que, puisque c’était mon univers, je devais y laisser ma marque, que j’en sois un peu la gardienne (rire). Miryam et moi avons fait le dĂ©coupage ensemble. Ensuite, sur le plateau, c’était elle qui menait. Je m’occupais plus des acteurs. J’ai vraiment aimĂ© participer Ă  la postproduction et Ă  toutes les dĂ©cisions que ça impliquait. J’ai appris plein d’affaires parce que je n’avais jamais fait ça auparavant.

Cet Ă©tĂ©, vous avez renouĂ© avec votre personnage de ChloĂ© pour Menteuse. Comment Ă©tait-ce de rejouer ce personnage six ans plus tard ?

L’expĂ©rience Ă©tait juste meilleure parce que j’étais complĂštement en confiance. Mes expĂ©riences acquises depuis le premier film m’ont permis de me laisser aller et d’avoir plus de fun. Je pouvais en donner plus comme actrice et, au pire, ça serait coupĂ© au montage (rire).

Qu’est-ce qui vous a plu dans le scĂ©nario de votre nouveau film, Folichonneries, d’ailleurs Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Éric K. Boulianne, coscĂ©nariste de Menteur et Menteuse ?

Un jour, sur le plateau de Menteuse, Éric est venu me voir en me parlant de son projet de film. J’ai tout de suite acceptĂ© sans mĂȘme avoir lu le scĂ©nario (rire). J’étais all in (rire) ! J’aimais sa vision d’un couple qui est ensemble depuis longtemps avec maintenant deux enfants. Ils ont besoin de changements dans leur intimitĂ© afin de dynamiser leur couple. Au théùtre, j’ai jouĂ© de la nuditĂ©. Je suis Ă  l’aise avec ça. Comme actrice, je suis assez impudique. Donc, cet aspect ne me dĂ©rangeait pas. Aussi, je crois que c’est un thĂšme parlant. Le film dĂ©cloisonne le couple monogame en abordant le sujet sans tabous. J’étais vraiment en confiance avec Éric. On tournait avec une petite Ă©quipe et je me sentais dans un safe space. Il a Ă©tĂ© un bon capitaine de bateau. D’ailleurs, je pense qu’Éric est la rĂ©vĂ©lation du film. Il montre qu’il est un grand acteur. Je le trouve trĂšs touchant et il m’a fait pleurer (rire).

Que pouvez-vous nous dire à propos du personnage de Julie ?

Julie est une cheffe pour un restaurant traiteur. Elle a de la drive et elle en prend beaucoup sur ses Ă©paules. Mais elle est aussi sur le pilote automatique quant Ă  son couple. Elle est prisonniĂšre de son quotidien. Quand elle reçoit cette proposition d’explorer sa sexualitĂ© de couple, elle est d’abord un peu rĂ©ticente, puis elle se sent finalement revivre. Mon personnage a un beau cheminement au cours du film.

Vu le sujet, est-ce que certaines scĂšnes ont Ă©tĂ© plus cocasses Ă  tourner ?

Je dirais les scĂšnes de BDSM avec plein d’accessoires rigolos de chez Rona. Certaines positions Ă©taient quand mĂȘme assez vulnĂ©rabilisantes. On tournait en pellicule, donc on ne pouvait pas recommencer trop souvent. On n’avait pas le choix (rire) ! Il fallait y aller et on plongeait (rire) ! Cette dynamique a toutefois laissĂ© de la place Ă  de beaux moments d’improvisation (rire). |

La comĂ©die Folichonneries prend l’affiche le 30 janvier.