Scarlett Johansson est la cadette, avec son frère jumeau Hunter, d’une famille de quatre enfants. Elle a grandi avec sa fratrie dans le quartier de Manhattan à New York avec son père d’origine danoise et sa mère issue d’une famille polonaise. Très jeune, elle développe un intérêt pour le théâtre et le cinéma, rêvant d’être Judy Garland. Sur ses premiers plateaux de tournage, elle affirmait savoir instinctivement où se placer et comment se comporter. Si l’on se fie à la carrière qu’elle mène depuis plus de trente ans, elle avait tout pour devenir l’une des plus grandes actrices de sa génération.

Après la reconnaissance internationale de sa performance dans Traduction infidèle, pour laquelle elle remporte le prix d’interprétation au prestigieux festival de la Mostra de Venise, elle enchaîne avec le drame d’époque La Jeune fille à la perle (Girl With a Pearl Earring) réalisé par Peter Webber, où elle partage la vedette avec Colin Firth. Si elle ne réussit pas à se joindre à la production de Mission : Impossible 3 dirigé par J. J. Abrams pour un rôle qui lui était pressenti, Scarlett Johansson tourne un premier film d’action, L’île (The Island) aux côtés d’Ewan McGregor et sous la tutelle du metteur en scène Michael Bay en 2005. Elle élargit davantage son registre la même année, en prenant part à sa première collaboration avec le cinéaste new-yorkais Woody Allen, dans le drame Balle de match (Match Point). Elle le retrouvera rapidement l’année suivante pour Scoop, et trois ans plus tard pour Vicky Cristina Barcelona. Entre temps, elle aura aussi tourné le néo-noir Le Dahlia noir (The Black Dahlia) sous le regard affuté du cinéaste Brian De Palma et, quelques mois plus tard, elle sera dirigée par Christopher Nolan dans Le prestige (The Prestige), ayant comme partenaires de jeu Hugh Jackman et Christian Bale.

Au début de la décennie 2010, Scarlett Johansson apparaît pour la première fois sous les traits de Natasha Romanoff, la veuve noire de l’univers cinématographique de Marvel, dans le film Iron Man 2 orchestré par le réalisateur Jon Favreau. Ce rôle, qu’elle revisitera à sept autres reprises sur une période de onze ans (Les Avengers : Le film; Capitaine America : Le Soldat de l’hiver; Avengers : L’Ère d’Ultron; Capitaine America : La Guerre civile; Avengers : La Guerre de l’infini; Capitaine Marvel; Avengers : Phase finale; Black Widow, sorti en 2021), lui a permis de devenir l’une des plus grandes vedettes de cinéma de la planète, et l’actrice la mieux payée de sa profession. Mais contrairement à son collègue superhéros Robert Downey Jr., qui a été « prisonnier » de son personnage d’Iron Man pendant un peu plus d’une décennie, Scarlett Johansson a continué de participer à des productions moins imposantes, avec des cinéastes réputés et dans des œuvres aux signatures fortes. On pense à l’excellent Sous la peau (Under the Skin) du talentueux Jonathan Glazer, dans lequel elle incarne une déroutante extra-terrestre mangeuse d’hommes, ou encore au film d’anticipation Elle (Her) réalisé par l’inclassable Spike Jonze, dans lequel elle prête sa voix à une intelligence artificielle prénommée Samantha, dont tombe amoureux le personnage de Joaquin Phoenix. En 2016, elle joue DeeAnna Moran dans Ave, César ! des frères Coen, démontrant une fois de plus qu’elle peut très bien se débrouiller dans les comédies autant que dans les drames. La preuve ultime de son indéniable talent est venue en 2020, lorsqu’elle a obtenu ses deux premières nominations aux Oscars, comme meilleure actrice de soutien pour la comédie Jojo (Jojo Rabbit) du Néo-
Zélandais Taika Waititi et comme meilleure actrice dans le drame matrimonial Marriage Story de Noah Baumbach.

N’entre pas qui veut dans l’univers singulier du cinéaste Wes Anderson, lui qui aime travailler sensiblement avec les mêmes acteurs et actrices. Scarlett Johansson a fait l’une des voix de son film d’animation L’Île aux chiens (Isle of Dogs) en 2018, pour ensuite camper l’un des nombreux rôles de son film de science-fiction Asteroid City il y a deux ans, et elle l’a retrouvé cette année pour le film qui était en compétition officielle au Festival de Cannes, The Phoenician Scheme. C’est aussi en mai dernier sur la Croisette du sud de la France que l’actrice a proposé son premier long métrage à titre de réalisatrice, la comédie dramatique Eleanor the Great.

Scarlett Johansson a toujours réussi à éviter les étiquettes, à ne pas tomber dans le piège d’être cataloguée à un type de rôle précis. Rares sont les actrices capables d’être crédibles dans une comédie comme Chef, réalisée par Jon Favreau, et aussi convaincantes dans une adaptation en prises de vues réelles, comme le film animé Ghost in the Shell – Le film, mis en scène par Rupert Sanders. Au début de la quarantaine, Scarlett Johansson n’a pas fini de nous surprendre, et les dinosaures de Monde jurassique : la renaissance, de retour cet été, n’ont qu’à bien se tenir s’ils ne veulent pas que l’actrice et ses complices les domptent une fois pour toutes. |