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Entrevue avec Costa-Gavras

CrĂ©dit photo : Marie Rouge / Unifrance

Entrevue avec le cinéaste Costa-Gavras pour la sortie du film Le Dernier souffle.

Tout au long de sa carriĂšre de 60 ans, le cinĂ©aste grec Costa-Gavras a tournĂ© tant en France qu’aux États-Unis. Son troisiĂšme long-mĂ©trage, Z (1969), lui vaut le Prix du jury au Festival de Cannes et l’Oscar du meilleur film Ă©tranger. En 1982, le thriller politique Missing remporte la Palme d’or Ă  Cannes et l’Oscar du meilleur scĂ©nario adaptĂ©. À 92 ans, le rĂ©alisateur est toujours animĂ© par sa passion du cinĂ©ma. Son plus rĂ©cent film, Le Dernier souffle, est une rĂ©flexion sur le thĂšme de la mort, racontĂ©e par les cas vĂ©cus de patients d’un mĂ©decin en soins palliatifs et commentĂ©e par un ami Ă©crivain et philosophe.

Qu’est-ce qui vous a plus dans le rĂ©cit de Claude Grange et RĂ©gis Debray au point de vouloir en tirer un film ?

J’arrive Ă  un Ăąge oĂč il faut affronter les problĂšmes. Quand j’ai lu les diffĂ©rentes situations racontĂ©es dans leur livre, je me suis tout de suite intĂ©ressĂ© Ă  ce qu’avaient vĂ©cu les patients, des choses qui n’avaient pas Ă©tĂ© inventĂ©es par des scĂ©naristes. J’avais le goĂ»t d’en faire un film, mais il fallait d’abord trouver la ligne scĂ©naristique. Ç’a Ă©tĂ© relativement facile, car j’avais l’exemple de la rencontre entre l’écrivain et philosophe RĂ©gis Debray et le docteur Claude Grange. La seule chose qu’il a fallu changer est que l’écrivain philosophe devait avoir un problĂšme lui-mĂȘme afin de provoquer cette rencontre avec le docteur. AprĂšs, il fallait trouver une fin. Quand quelqu’un mourait au village lorsque j’étais enfant, on le mettait dans une grande piĂšce entourĂ©e de monde. Les femmes pleuraient un moment. Les hommes aussi Ă©taient tristes. Puis, on racontait des histoires sur la personne qui faisaient rire. C’était une sorte de cĂ©lĂ©bration. J’ai cherchĂ© ce type d’idĂ©e Ă  travers ce personnage de la Tsigane. Il fallait aussi revenir avec le docteur et le problĂšme de santĂ© de l’écrivain. Quand le problĂšme explose, il fallait qu’il trouve un moyen pour lutter parce qu’on peut le sauver.

Comment avez-vous approchĂ© le ton du film ?

À cĂŽtĂ© de cet homme, il y a la vie : des enfants qui jouent, des gens qui passent Ă  cheval. Donc, du monde qui va vers l’avant. Ce parallĂšle entre la vie et la mort est tout le temps lĂ . J’ai donc voulu montrer ça de maniĂšre plus lĂ©gĂšre.

« Quand j’ai lu les diffĂ©rentes situations racontĂ©es dans le livre, je me suis tout de suite intĂ©ressĂ© Ă  ce qu’avaient vĂ©cu les patients, des choses qui n’avaient pas Ă©tĂ© inventĂ©es par des scĂ©naristes. »

À quel personnage vous identifiez-vous le plus ?

Aux deux (rire) ! Ce qui est intĂ©ressant chez le docteur en soins palliatifs c’est qu’il parle d’égal Ă  Ă©gal au patient. C’est tout Ă  fait diffĂ©rent des autres mĂ©decins qui sont plus rigides ou autoritaires.

Est-ce que ça a Ă©tĂ© dur de convaincre Denis PodalydĂšs et Kad Merad de joindre le film ?

DĂšs le dĂ©part, Denis Ă©tait trĂšs enthousiaste. Kad, il a aimĂ©, mais en me disant que ce rĂŽle n’était pas pour lui. Pour le convaincre, je lui ai dit que j’allais faire un Jack Lemon de lui (comĂ©dien qui a jouĂ© son premier rĂŽle dramatique dans Missing). Il a donc acceptĂ©. C’est vrai qu’au dĂ©but, il avait tendance Ă  partir dans ce qu’il fait trĂšs bien. J’ai dĂ» beaucoup le retenir (rire), mais il Ă©tait trĂšs content Ă  la fin.

Quelle scĂšne s’est avĂ©rĂ©e la plus Ă©motive Ă  tourner ?

Je dirais celle avec Françoise Lebrun, qui est formidable, mais qui hĂ©sitait au dĂ©but, vu l’apprĂ©hension envers la mort Ă  son Ăąge. Elle devait aborder les religions, qui ont chacune leur moyen de rendre paisible celui qui doit partir. C’est quand mĂȘme une chose formidable (rire) !

Vu le sujet, est-ce que ce film se veut votre film testament en quelque sorte ?

Non, non. Je refuse (rire) ! Je travaille dĂ©jĂ  sur d’autres sujets (rire).

À 92 ans, qu’est-ce qui vous garde encore passionnĂ© par le mĂ©tier de rĂ©alisateur ?

D’avoir de la santĂ© physique et mentale (rire) ! |

Le drame Le Dernier souffle est prĂ©sentement Ă  l’affiche.