CrĂ©dit photoâ: Unifrance / Philippe Quaisse
Entrevue avec lâactrice Sandrine Kiberlain pour la sortie du film Sarah Bernhardt, la divine.
En plus de 30 ans de carriĂšre, Sandrine Kiberlain a jouĂ© dans plus dâune soixantaine de films pour lesquels elle a remportĂ© deux prix CĂ©sar. En 2021, elle rĂ©alise son premier long mĂ©trage, Une jeune fille qui va bien. Dans Sarah Bernhardt, la divine, elle incarne lâexubĂ©rante comĂ©dienne qui est devenue la premiĂšre star mondiale du théùtre. Ă lâoccasion de la sortie du film, MonCinĂ© a pu sâentretenir avec lâactrice.
Quâest-ce qui vous intĂ©ressait dans ce personnageâ?
CâĂ©tait une femme Ă la fois extrĂȘmement engagĂ©e, impulsive et dĂ©mesurĂ©e. CâĂ©tait la premiĂšre star mondiale. Elle dĂ©gageait quelque chose qui mettait les gens en transe et elle a rĂ©ussi Ă se faire connaĂźtre Ă lâĂ©poque oĂč il nây avait pas les mĂ©dias ni les rĂ©seaux sociaux. Il y avait un truc que jâadorais sur elle, ce quâelle est publiquement, sa façon de ne jamais cesser de jouer, dâĂȘtre en reprĂ©sentation en permanence. Puis, il y a le revers de la mĂ©daille, sa solitude, ce quâelle traĂźne depuis son enfance, dâavoir Ă©tĂ© mal-aimĂ©e et maltraitĂ©e par sa mĂšre qui ressurgit quand lâamour de sa vie lâabandonne. Dâabord, je la connaissais peu, mais je mâarrĂȘtais Ă cette femme un peu ancienne qui dĂ©clamait et, finalement, elle mâa impressionnĂ©e. Je suis devenue passionnĂ©e dâelleâ! Jâai dĂ©couvert une femme moderne qui parlait de la condition des femmes, de lâantisĂ©mitisme, des injustices, de lâintolĂ©rance. Elle Ă©tait extrĂȘmement gĂ©nĂ©reuse. Ce nâest plus pareil quand vous avez ça Ă jouer. Il y a tout un panel dâĂ©motions contradictoires entre ce quâelle montre au monde et ce quâelle est intimement. Pour une actrice, ça, câest gĂ©nial Ă jouer.
Quelle Ă©tait la clĂ© pour interprĂ©ter lâexubĂ©rance du personnageâ?
CâĂ©tait donnĂ© beaucoup par le rythme du scĂ©nario qui contient de vraies rĂ©pliques dâelle. Elle possĂ©dait un esprit fulgurant. Elle avait toujours le dernier mot et elle aimait clouer le bec Ă tout le monde. Ăa, câest trĂšs inspirant. Il suffit de lire ses rĂ©pliques pour trouver son rythme. AprĂšs, il y a des mystĂšres dans le jeu qui font que jâai trouvĂ© une voix et un rire, je ne sais pas comment (rire), mais qui sont venus avec le rythme, avec ce que jâai construit avec le rĂ©alisateur Guillaume Nicloux. Jâai travaillĂ© beaucoup le texte pour quâil devienne totalement digĂ©rĂ©. Jâai poussĂ© les curseurs, car on ne peut pas jouer Sarah Bernhardt sur la pointe des pieds. Il faut y aller comme si on Ă©tait sur un ringâ! Il y a aussi les Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs qui nous aident, comme les costumes et les dĂ©cors.
«âJâai poussĂ© les curseurs, car on ne peut pas jouer Sarah Bernhardt sur la pointe des pieds. Il faut y aller comme si on Ă©tait sur un ringâ!â»
Est-ce quâil y a eu beaucoup de prĂ©paration avec lâĂ©quipe en amont du tournageâ?
Non (rire). Jâai travaillĂ© beaucoup le texte toute seule. Un jour, Guillaume est venu Ă la maison et il mâa demandĂ© sâil voulait quâon fasse une lecture, ce Ă quoi jâai dit non. Il ne voulait pas non plus (rire). Lâair de rien, on parlait beaucoup de Sarah sans que ce soit scolaire. Ăa mâarrangeait quâil y ait une grande part de mystĂšre au tournage. Jâavais aussi envie de lui faire plaisir et de le surprendre. On partageait des informations rĂ©ciproques, mais il y avait une confiance entre nous. On nâavait pas beaucoup de temps ni dâargent pour un film dâĂ©poque comme celui-ci. On lâa fait en cinq semainesâ! Au final, ça aide, un personnage comme Sarah qui ne sâassoit pas (rire). Elle nâattend pas. Elle sait que la vie câest tout de suite, quoiâ! Elle ne se souciait pas si ça allait plaire ou pas, si ça correspondait aux normes. Elle jouait sur scĂšne autant des femmes que des hommes. Elle ne parlait pas pour rien dire, elle faisait.
Câest votre troisiĂšme film avec Laurent Lafitte et votre chimie est trĂšs palpable Ă lâĂ©cran. Comment lâexpliquez-vousâ?
Je ne le sais pas. Câest lâassociation de deux acteurs dans lâimaginaire dâun cinĂ©aste. Mais on sâamuse de la mĂȘme maniĂšre. Et lĂ , câest la premiĂšre fois que lâon jouait des amoureux avec des enjeux trĂšs forts. DĂšs la premiĂšre sĂ©quence, moteur, actionâ: je dois lui sauter dessus, lâembrasser et le mettre sur le lit (rire)â!
Est-ce que vous vous ĂȘtes beaucoup documentĂ©e sur Sarah Bernhardtâ?
Jâai vu une expo sur elle. Jâai lu le livre Le rire incassable de Françoise Sagan parce que câĂ©tait autre chose quâune biographie conventionnelle. Sinon, il y a mille façons dâinventer Sarah Bernhardt et de la filmer. LĂ , câĂ©tait notre façon Ă nous de proposer le regard sur cette femme. |
Le drame biographique historique Sarah Bernhardt, la divine prend lâaffiche le 25Â avril.
