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Entrevue avec Christophe Honoré

CrĂ©dit photo : Unifrance / Marie Rouge

Entrevue avec le cinéaste Christophe Honoré pour la sortie du film Marcello Mio.

Pour son film Marcello Mio, le cinĂ©aste Christophe HonorĂ© retrouve pour la septiĂšme fois la comĂ©dienne Chiara Mastroianni. Dans cette proposition singuliĂšre, l’actrice dĂ©cide de se faire passer pour son pĂšre, Marcello Mastroianni. Au gĂ©nĂ©rique, Chiara retrouve sa mĂšre, Catherine Deneuve, qui joue une version fictive d’elle-mĂȘme. À l’occasion de la sortie du film, MonCinĂ© a pu s’entretenir avec Christophe HonorĂ©.

Comment est nĂ©e cette idĂ©e fantaisiste pour ce film ?

Elle est nĂ©e parce que je frĂ©quente Chiara et Catherine depuis plusieurs annĂ©es. On a fait quelques films ensemble. Il y a quelque chose de trĂšs particulier dans la vie de Chiara : c’est Ă  la fois une actrice trĂšs importante avec une filmographie exigeante, mais on ne peut pas s’empĂȘcher de projeter sur elle autre chose que ce qu’elle est. Le film essaye justement d’affronter cela : comment les gens projettent sur vous Ă  la fois votre pĂšre et votre mĂšre, ce qui parfois peut ĂȘtre un piĂšge et vous enfermer quelque part. Pour moi, le point de dĂ©part du film, c’était de me dire que, par la fiction, je pouvais donner Ă  Chiara l’occasion de s’échapper de cette espĂšce de piĂšge mystificateur autour de son hĂ©ritage.

Comment avez-vous prĂ©sentĂ© le projet Ă  Chiara et Catherine ? Les aviez-vous prĂ©venues en amont de l’écriture ?

Évidemment, elles Ă©taient informĂ©es depuis le dĂ©but du projet que j’avais en tĂȘte. Je savais que le film ne comporterait aucune rĂ©vĂ©lation. Ce n’est pas du tout un biopic autour de la famille. L’idĂ©e Ă©tait vraiment d’ĂȘtre le plus proche possible d’un personnage fĂ©minin qui, Ă  un moment, veut retrouver son pĂšre et faire le truc impossible de faire revivre un mort. Or, le cinĂ©ma permet ça. C’est comme ça que le film s’est engagĂ© dans cette voie un peu fantaisiste. C’est vraiment un rapport de confiance entre nous.

« Pour moi, le point de dĂ©part du film, c’était de me dire que, par la fiction, je pouvais donner Ă  Chiara l’occasion de s’échapper de cette espĂšce de piĂšge mystificateur autour de son hĂ©ritage. »

Melvil Poupaud et Benjamin Biolay, qui jouent Ă©galement leurs propres rĂŽles Ă  l’écran, sont des ex-partenaires de Chiara. Était-ce dur de les convaincre ?

Ils ont eu l’élĂ©gance de ne pas me dire si c’était un effort (rire). J’avais dĂ©jĂ  travaillĂ© avec Benjamin. Nous Ă©tions donc contents de nous retrouver. Je ne connaissais pas Melvil. HonnĂȘtement, je pense que, pour un acteur, ce n’est jamais une bonne nouvelle quand un cinĂ©aste vient te dire : « J’aimerais bien que vous soyez dans mon film, mais vous allez porter le mĂȘme nom. » Je pense qu’ils ont vu que le film essayait d’interroger ce que c’est pour l’acteur, ce changement de personnalitĂ©. Ils Ă©taient plutĂŽt joyeux Ă  l’idĂ©e de rejoindre le projet.

Fabrice Luchini s’amuse avec cette version fictive empreinte de bonhomie de lui-mĂȘme. Était-ce sur la page ou cette proposition venait de lui ?

Je ne connaissais pas Fabrice, mais c’est un acteur que j’aime bien depuis longtemps. La dĂ©personnalisation de l’acteur est un sujet presque nĂ©vrosĂ© chez lui (rire). On lui offre souvent des rĂŽles un peu hargneux et, lĂ , ça m’amusait de lui proposer celui de l’ami, de quelqu’un de tendre et de gĂ©nĂ©reux (rire). J’ai dĂ©couvert au tournage qu’il a beaucoup d’affection pour l’autre. Ç’a vraiment Ă©tĂ© un grand plaisir de le dĂ©couvrir sur le film.

Vous avez tournĂ© plusieurs films avec Chiara. Comment s’est dĂ©veloppĂ©e cette relation au film des annĂ©es ?

On a vieilli ensemble (rire). Notre premier film, Les Chansons d’amour (2007), remonte Ă  prĂšs de vingt ans. Je l’ai Ă©galement amenĂ©e au thĂ©Ăątre. On pourrait croire que, quand on travaille souvent avec un acteur, on s’épuise parce qu’on le connaĂźt trop. Je pense que c’est l’inverse. J’ai beaucoup retravaillĂ© avec les mĂȘmes acteurs. J’aime bien cette idĂ©e de la troupe. |

La comĂ©die fantaisiste Marcello Mio est prĂ©sentement Ă  l’affiche.