Image tirée du film Karaté Kid (1984)
Porté à l’écran par John G. Avildsen en 1984, The Karate Kid a eu immédiatement un impact sur la culture populaire, tout comme l’avait fait un autre film du cinéaste en 1976 : Rocky. D’ailleurs, c’est ce succès qui a poussé le studio Columbia Pictures à signer une entente avec le réalisateur, confiant qu’il pouvait renouer avec la réussite malgré les échecs commerciaux de ses films suivants. On voulait donc lui trouver un scénario au ton inspirant afin de récréer le phénomène de Rocky tout en lançant une nouvelle franchise, le diktat d’Hollywood dans les années 1980. Frank Price, alors président de Columbia, est intéressé par une histoire que le producteur Jerry Weintraub vient de prendre en option : celle d’un préado qui obtient une ceinture noire en karaté afin de se défendre contre ses intimidateurs. La prémisse gagnante est présente, suffit d’en tirer une histoire intéressante.
Frank Price se tourne vers le scénariste Robert Mark Kamen, auprès de qui il a fait office de mentor à ses débuts dans l’industrie. Au-delà du fait que Price le connaît bien, il sait que cette histoire est un projet tout désigné pour Kamen. En effet, le scénariste partage la même trajectoire que le protagoniste. Tout comme lui, il a été victime d’intimidation à l’adolescence. Non seulement il a également appris les arts martiaux, mais il a quitté son premier entraîneur, un ex-marine, qui encourageait la violence et les représailles. Kamen mettra donc beaucoup de ses propres expériences dans le scénario, dont celle de la poursuite de son apprentissage en karaté avec un sensei japonais qui parlait peu anglais. Le fondateur de cette branche de karaté, le Gōjū-ryū, s’appelait Chōjun… Miyagi. Quant au prénom du personnage d’Ali (Elisabeth Shue), il provient de la fille de Kamen, Allie, née au moment de l’écriture du film. L’un des aspects créatifs réussis de la part du scénariste, c’est celui d’avoir associé à des tâches du quotidien, comme peinturer et cirer, de vrais mouvements de défense de karaté. La fameuse réplique de M. Miyagi, « wax on, wax off », va rapidement intégrer la culture populaire au moment de la sortie du film.
L’un des aspects créatifs réussis de la part du scénariste Robert Mark Kamen, c’est celui d’avoir associé à des tâches du quotidien, comme peinturer et cirer, de vrais mouvements de défense de karaté.
Trouver l’acteur qui incarnerait le personnage du sensei s’est avéré plus compliqué que prévu pour John G. Avildsen. Au départ, la Columbia lui suggère fortement d’engager le légendaire acteur japonais Toshiro Mifune, vétéran des films d’Akira Kurosawa Rashomon (1950), Seven Samurai (1954) et The Hidden Fortress (1958). Tout le monde est derrière la proposition, mais la production est rapidement confrontée à un obstacle majeur : Mifune ne parle pas anglais ! L’idée est donc abandonnée. Le réalisateur passe plusieurs comédiens en audition et c’est peut-être celui auquel on ne s’attendait pas qui se démarque finalement le plus : Pat Morita. Bien qu’Avildsen est convaincu par Morita, les producteurs lui demandent de poursuivre ses recherches. À cette époque, la carrière de Morita est moribonde. De plus, la Columbia veut un acteur jugé plus « sérieux », alors que Morita, un humoriste de stand-up, est surtout connu pour son rôle d’Arnold, propriétaire et cuisinier d’un diner américain dans la troisième saison de la populaire sitcom Happy Days au milieu des années 1970. Morita est invité à une nouvelle audition, pour laquelle il se laisse pousser une barbichette et s’inspire de la personnalité taciturne d’un vieil oncle qui parlait peu anglais. Cette fois-ci, le producteur Jerry Weintraub est convaincu. Le rôle iconique de M. Miyagi accordera d’ailleurs à Morita une nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur acteur dans un rôle de soutien.
Pour le rôle de Danny Webber (finalement changé pour LaRusso), tout le jeune Hollywood auditionne. Pour trouver son Daniel, Alvidsen pige allègrement dans le casting du film de Francis Ford Coppola, The Outsiders (Les Inadaptés), qui vient tout juste de sortir au printemps 1983. Il passe à l’essai C. Thomas Howell (qui sera aussi finaliste pour le rôle de Marty McFly l’année suivante !), Emilio Estevez et un certain… Tom Cruise. Mais le réalisateur s’arrête sur un autre comédien de la production qui fait écarquiller les yeux : Ralph Macchio. Ce dernier impressionne avec son rôle de Johnny. Malgré ses 22 ans, il passe aisément pour un jeune ado gringalet de 16 ans !
Afin d’obtenir à l’écran d’enlevants combats de karaté, la production embauche un multiple champion de cette discipline : Pat E. Johnson. À la fin des années 1960, Johnson a été instructeur en chef pour l’école de karaté de Chuck Norris. Sacré champion national de la discipline en 1971, il obtient deux ans plus tard un petit rôle dans le classique de Bruce Lee Enter the Dragon (Opération dragon). Pour The Karate Kid, le karatéka apparaît également à l’écran en tant qu’arbitre lors du tournoi final. Il s’agit d’un bon clin d’œil, car en plus d’être devenu l’un des arbitres les plus réputés de karaté, Johnson est également celui qui a créé le système de pointage encore utilisé aujourd’hui dans les tournois.
La franchise The Karate Kid ne s’est jamais aussi bien portée. La série Cobra Kaï sur Netflix a introduit le personnage de Daniel LaRusso à une nouvelle génération. Il est également de retour ce printemps sur grand écran dans un nouveau film. Lorsque le film original a pris l’affiche en juin 1984, personne ne prévoyait qu’il connaîtrait un tel succès, se classant cinquième au box-office cette année-là, et encore moins que cet univers serait populaire quarante ans plus tard. Gageons que les enseignements de monsieur Miyagi continueront à être transmis pendant encore longtemps ! |
Karate Kid: Legends sortira au cinéma le 30 mai.