|

Par

Entrevue avec Mallory Wanecque et Malik Frikah

CrĂ©dit photo : Unifrance

Entrevue avec les comĂ©diens Mallory Wanecque et Malik Frikah pour la sortie du film L’Amour ouf.

Sorti en octobre dernier, le drame romantique aux accents de polar L’Amour ouf est devenu le succĂšs inattendu de l’annĂ©e aux guichets français. Avec prĂšs de cinq millions d’entrĂ©es cumulĂ©es, le long mĂ©trage de Gilles Lellouche se pointe au quatriĂšme rang du box-office annuel de France. Alors que le film prend l’affiche au QuĂ©bec le 1er janvier prochain, MonCinĂ© s’est entretenu avec les comĂ©diens Mallory Wanecque et Malik Frikah.

Comment expliquez-vous cet engouement à propos du film ?

Mallory Wanecque : Je pense qu’il faut le demander au public (rire). AprĂšs, c’est un film d’amour intergĂ©nĂ©rationnel qui peut parler Ă  tout le monde.

Malik Frikah : Je pense qu’il s’explique aussi par les passions du rĂ©alisateur Gilles Lellouche pour le cinĂ©ma et pour l’amour. Je pense que le film se veut un message d’amour qu’on a essayĂ© de retransmettre au maximum. Pour nous, jeunes acteurs, le plus important n’est pas le nombre d’entrĂ©es, bien que nous soyons contents, mais c’est l’écho qu’il a auprĂšs des gens. Ça fait du bien et plaisir.

Est-ce que le processus d’audition a Ă©tĂ© long pour chacun de vous ?

Malik : Six mois (rire) ! Dans mon cas, je suis parti de zĂ©ro. J’ai rĂ©pondu Ă  une annonce de casting sur les rĂ©seaux sociaux qui affichait seulement qu’on cherchait des adolescents avec de forts caractĂšres pour un long mĂ©trage. Il n’y avait rien d’autre. Ç’a donc Ă©tĂ© quatre mois de diffĂ©rentes auditions avant de rencontrer Gilles et Mallory, qui, elle, avait dĂ©jĂ  sa petite place dans le casting. Ils nous ont fait jouer souvent ensemble. Donc, six mois en tout avant que Gilles m’annonce que j’aie le rĂŽle.

Mallory : Moi, ç’a Ă©tĂ© diffĂ©rent. La directrice m’avait vue dans mon premier film, Les Pires (2022) et elle trouvait que j’avais une certaine ressemblance avec AdĂšle Exarchopoulos. C’est elle qui a proposĂ© Ă  Gilles de me voir en casting. J’ai passĂ© quelques auditions seule et aprĂšs, il m’a fait rencontrer Clotaire, euh, Malik je veux dire (rire).

Qu’est-ce qui vous attirait dans ces personnages ?

Mallory : Avant mĂȘme d’aimer mon personnage, j’ai aimĂ© le scĂ©nario. Il Ă©tait super bien Ă©crit, hyper dĂ©taillĂ© et avec des dialogues qu’on n’avait mĂȘme pas besoin de rĂ©Ă©crire. DĂ©jĂ , le personnage de Jackie est une fille assez douce, hyper mature et assez « rentre dedans » qui dĂ©teste la violence, qui est de bonne Ă©cole, intelligente et observatrice. Bref, c’est une fille qui m’a plu (rire). Ensuite, il y a le rĂŽle de Clotaire qui est super. C’est une histoire d’amour qui m’a vraiment touchĂ©e. J’ai lu le scĂ©nario et je voulais que tourner les pages et connaĂźtre la suite. Je suis aussi trĂšs admirative du travail de Gilles. Je ne pouvais donc que lui faire confiance et aller de l’avant.

Malik : En fait, moi, je n’avais aucune instruction sur mon personnage au moment du casting. J’y allais par instinct. J’ai reçu le scĂ©nario une fois aprĂšs avoir eu le rĂŽle. J’en suis tombĂ© amoureux. Ç’a Ă©tĂ© un bouleversement de le lire. Ce qui m’attirait dans mon personnage, c’est le fait que certains spectateurs peuvent penser qu’à la base il n’est qu’un petit voyou qui est attirĂ© par la haine, alors qu’il est juste un enfant dĂ©semparĂ© et dĂ©sarmĂ© en raison de la fracture de sa relation avec son pĂšre et de son milieu social. Il Ă©prouve de la haine envers cette injustice sociale qu’il subit dĂ©jĂ  depuis l’enfance. Ça m’a parlĂ© de dĂ©fendre ce qu’il essayait de dĂ©fendre, mais maladroitement. Il avait juste besoin que quelqu’un le comprenne, mais pour le faire, il utilise ses poings, car il ne sait pas utiliser les mots. Du coup, ça ne fait qu’envenimer la chose. La seule personne qui le comprend, c’est Jackie. Je trouvais tout ça puissant dans la construction du personnage.

« Pour nous, jeunes acteurs, le plus important n’est pas le nombre d’entrĂ©es, bien que nous soyons contents, mais c’est l’écho qu’il a auprĂšs des gens. Ça fait du bien et plaisir. Â»

– Malik Frikah

Comment Ă©tait-ce pour vous, Malik, de jouer ces scĂšnes pĂšre-fils parfois violentes ? J’imagine que c’est quand mĂȘme plaisant pour un comĂ©dien de jouer ce qui est loin de nous ?

Malik : Je le rejoins dĂ©jĂ  sur cette haine envers la justice sociale, car je viens du mĂȘme milieu que lui. Je partage aussi sa dĂ©termination et sa rage de rĂ©ussir. Mais oui, Ă©videmment en tant qu’acteur, c’est trĂšs jouissif de hurler et de se lĂącher, et en mĂȘme temps de pouvoir faire des scĂšnes plus lĂ©gĂšres. C’est une palette complĂšte qui est mise dans ce film.

Vous mentionnez votre amour envers Gilles Lellouche. Comment est-ce d’ĂȘtre dirigĂ© par un rĂ©alisateur qui est aussi acteur ?

Malik : Travailler avec Gilles, ce n’est pas juste travailler avec un acteur qui va rĂ©aliser un film. C’est un rĂ©alisateur qui a le don et le talent et qui sait extrĂȘmement bien jouer. Je n’ai pas eu la chance de cĂŽtoyer Ă©normĂ©ment de rĂ©alisateurs, mais Gilles est passionnĂ© autant par le cinĂ©ma que par le partage. Ça faisait dix-sept ans qu’il avait ce film-lĂ  en tĂȘte. Prendre de jeunes acteurs qui sortent de nulle part pour combler ce film, c’est dĂ©jĂ  une prise de risque pour lui. On dit qu’« il y a une rencontre qui bouleverse notre vie ». Gilles a Ă©tĂ© la mienne. Il l’a changĂ©e du tout au tout. Je n’avais qu’une envie : ĂȘtre Ă  la hauteur de la chance qu’il me donnait. Pour les instructions, je me rappelle que la seule qu’il m’ait donnĂ©e c’est que je connaisse le personnage mieux que lui-mĂȘme. Une fois sur le tournage, il nous a laissĂ©s vachement libres d’accaparer nos personnages et de les laisser vivre Ă  notre maniĂšre.

Mallory : Se faire diriger par Gilles, c’est plus comme un jeu. Il nous laissait trĂšs libres. Il retravaillait aussi avec l’équipe de son film Le Grand bain (2018). Donc, tout le monde se connaissait et rigolait. Ç’a Ă©tĂ© un bonheur de travailler avec lui.

Malik : On respectait vraiment le texte du scĂ©nario, mais lĂ  oĂč on a vu l’acteur, c’est lors de la sĂ©quence de la riviĂšre. Gilles a rĂ©uni tous les jeunes et il nous a dit : « On va mettre la camĂ©ra et faites ce que vous voulez. Amusez-vous, mais restez dans le thĂšme de vos personnages. » Le fait qu’il sache jouer lui permet de prendre des raccourcis.

Vous partagez des scĂšnes avec deux grands du cinĂ©ma, Malik avec BenoĂźt Poelvoorde et Mallory avec Alain Chabat. Était-ce intimidant ?

Mallory : Oui, un peu au dĂ©but. Mais Alain est quelqu’un d’hyper accessible, simple et doux. Tout de suite, ça s’est super bien passĂ© et ç’a Ă©tĂ© gĂ©nial de tourner avec lui. Dans la vraie vie comme Ă  l’écran, Alain, c’est un peu le papa parfait (rire). Qui n’aime pas Alain Chabat ? Il est tellement drĂŽle !

Malik : Pour ma part, avec BenoĂźt, ç’a Ă©tĂ© une expĂ©rience magistrale de pouvoir jouer avec ce grand acteur. Il y avait zĂ©ro pression. C’est quelqu’un de trĂšs prĂ©sent et l’une des personnalitĂ©s les plus fortes que j’ai vues dans ma vie (rire). Mais, c’est aussi quelqu’un qui a une sensibilitĂ© absolue et un cƓur immense. Pour ce qui est du jeu, c’est vrai qu’on respectait le texte, mais il nous plongeait dans des improvisations. Il est tellement fort lĂ -dedans que Gilles le laissait faire. On apprend beaucoup en le cĂŽtoyant.

Comment Ă©tait-ce pour vous de tourner dans un film « d’époque » qui se dĂ©roule dans les annĂ©es 1980 ?

Malik : Moi, je fonce dedans les annĂ©es 1980 (rire) ! C’est la plus belle Ă©poque ! Y’a pas de rĂ©seaux sociaux ni de cellulaires, dĂ©jĂ  que je n’aime pas trop. Il y a dans cette Ă©poque un dĂ©sir de libertĂ©. J’ai l’impression aussi qu’on pouvait s’ennuyer, ce qui Ă©tait bien ! J’aime bien ces annĂ©es-ci, mais la musique, les habits, les dĂ©cors, les voitures : c’étaient mieux dans les annĂ©es 1980 (rire) ! On n’a qu’envie d’y vivre (rire)! |

Le drame romantique L’Amour ouf prend l’affiche le 1er janvier.