En septembre dernier, jâai eu le privilĂšge de couvrir le Festival international du film de Toronto. Le TIFF est aujourdâhui le deuxiĂšme festival de cinĂ©ma au monde en termes dâimportance et de rayonnement aprĂšs celui de Cannes. MonCinĂ© y Ă©tait prĂ©sent pour la premiĂšre fois. Je partais donc en mode dĂ©couverte, ne sachant pas trop Ă quoi mâattendre. Le festival dure 16 jours sur deux fins de semaine. Jây Ă©tais du vendredi 6 au mardi 10 septembre.
Le festival se dĂ©roule en plein centre-ville de Toronto, principalement sur la rue King. Cette rue est comparable Ă Sainte-Catherine Ă MontrĂ©al. Les fins de semaine de lâĂ©vĂ©nement, elle est piĂ©tonniĂšre, fermĂ©e aux voitures entre les avenues University et Spadina. Nous y trouvons des camions de rue pour la nourriture et des kiosques des partenaires commerciaux du festival. Les lieux sont extrĂȘmement sĂ©curitaires alors que beaucoup de policiers et dâagents de sĂ©curitĂ© sont prĂ©sents. Il y a aussi plusieurs bĂ©nĂ©voles afin de guider les festivaliers.
La majoritĂ© des endroits pour voir les films se retrouvent Ă quelques minutes Ă pied dans ce quadrilatĂšre, avec cinq lieux au total. Trois dâentre eux accueillent les premiĂšres avec tapis rouge. Quelques salles pĂ©riphĂ©riques prĂ©sentent les films dâart et dâessai et des documentaires plus nichĂ©s. Deux lieux sont de vĂ©ritables cinĂ©masâ: le Scotiabank Theatre et le TIFF Bell Lightbox. Câest Ă ces mĂ©gacomplexes que sont prĂ©sentĂ©s les films tant pour le public que pour la presse accrĂ©ditĂ©e.
La salle la plus prestigieuse est le Royal Thomson Hall. Salle de concert, elle est la maison de lâOrchestre symphonique de Toronto. Elle peut accueillir jusquâĂ 2â600 spectateurs. Câest ici que sont prĂ©sentĂ©s les films les plus glamour du festival comme Eden de Ron Howard ou Megalopolis de Francis Ford Coppola. Câest Ă proximitĂ© de celle-ci que lâon retrouve le tapis rouge principal qui doit faire un bon cent mĂštres. Les talents et artisans qui le foulent sont un peu Ă lâabri des fans. Jâai quand mĂȘme eu la chance de voir passer au loin Coppola et quelques acteurs de Megalopolis, dont Adam Driver qui a suscitĂ© plusieurs cris parmi la foule entassĂ©e tout prĂšs.
Les autres endroits avec des tapis rouges sont le Princess of Wales Theatre et le Royal Alexandra Theatre. En fait, ces deux salles sont dĂ©diĂ©es aux comĂ©dies musicales, mais transformĂ©es en cinĂ©mas le temps du festival. Elles sont plus petites que le Royal Thomson Hall. Devant chaque lieu, on trouve des barriĂšres Ă©rigĂ©es sur le trottoir de lâautre cĂŽtĂ© de la rue. Ces enclos sont des fans zones oĂč les festivaliers peuvent se planter dans lâespoir de voir les vedettes lors de leur arrivĂ©e. Le public y a accĂšs une heure avant la premiĂšre du film. Câest dâailleurs ce que jâai le plus aimĂ© du festival. Couvrir les tapis rouges procure une bonne dose dâadrĂ©nalineâ!
Dâabord, il est vraiment fascinant dâobserver lâĂ©cosystĂšme qui gravite autour dâeux. On y trouve des bĂ©nĂ©voles, des agents de sĂ©curitĂ©, des coordonnateurs du festival, des relationnistes de presse, des assistants et du personnel des studios et des distributeurs. Ătant accrĂ©ditĂ© comme journaliste, jâai Ă©tĂ© quand mĂȘme surpris de constater que jâai eu accĂšs Ă la plupart des tapis rouges. Nous devions nous prĂ©senter 30 minutes avant lâarrivĂ©e des talents qui, eux, se pointaient Ă©galement une trentaine de minutes avant lâheure de la projection du film. On nous plaçait en file le long du tapis qui se situait vers lâintĂ©rieur du cinĂ©ma. Ă lâextĂ©rieur, on retrouvait en premier les photographes, avec ensuite les journalistes et camĂ©ramans des grands rĂ©seaux de tĂ©lĂ© comme CBC, Global, CTV News. Il y avait aussi de populaires Ă©missions comme Entertainment Tonight et Etalk. Ensuite, on y trouvait les autres mĂ©dias selon lâordre dâimportance. Je me situais donc le plus souvent vers la fin de la queueâ! On nous prĂ©venait aussi quâil nâĂ©tait pas certain que nous puissions avoir la chance dâinterviewer les talents et artisans. Ăvidemment, plus ils prenaient de temps au dĂ©but, moins nous avions lâoccasion de les voir devant nous. Lâheure de la projection nâest pas repoussĂ©e. Ăâa Ă©tĂ© le cas pour mon premier tapisâŠ
Quand je suis arrivĂ© pour le film On Swift Horses, on mâa indiquĂ© de me rendre devant la pastille 34. Devant le tapis rouge, il y a 40 pastilles identifiĂ©es par un numĂ©ro devant lesquelles les journalistes se placent. Cette partie est intĂ©ressante alors quâon peut Ă©changer avec les plus jasants. Jâai donc cĂŽtoyĂ© au fil des tapis des gens de lâAngleterre, de lâAustralie, des Tunisiennes de DubaĂŻ, des Français de Los Angeles et, bien sĂ»r, des Torontois. Pour cette premiĂšre expĂ©rience, jâespĂ©rais avoir lâoccasion de rencontrer Jacob Elordi (Saltburn) et Daisy Edgar-Jones (Twisters), le temps de poser une ou deux questions max. Malheureusement, faute de temps, ils nâont pu faire toute la file et ils sont passĂ©s gentiment devant moi. Je nâai mĂȘme pas eu le temps de les prendre en photoâ!
Par la suite, jâai Ă©tĂ© plus chanceux. Le lendemain, jâai eu le privilĂšge de me prĂ©senter au tapis dâAnora, le plus rĂ©cent gagnant de la Palme dâor de Cannes. Heureusement, jâavais eu la chance de voir le film la veille. Jâai eu le bonheur dâinterviewer la plupart des comĂ©diens, dont lâactrice principale Mikey Madison (Scream 5). TrĂšs sympathique, elle prenait le de temps de bien rĂ©pondre Ă toutes les questions des journalistes. Par contre, Sean Barker, le rĂ©alisateur du film, mâa glissĂ© entre les doigtsâ! Cette comĂ©die dramatique noire se retrouvera assurĂ©ment parmi les listes des meilleurs films des critiques et sera vraisemblablement nommĂ©e aux Oscars dans plusieurs catĂ©gories.
Le soir mĂȘme, jâĂ©tais sur le tapis pour le thriller Heretic (HĂ©rĂ©tique), mettant en vedette Hugh Grant, film que je nâavais malheureusement pas vu. Dans ce cas-lĂ , on doit trouver des questions un peu plus gĂ©nĂ©ralesâ! Dans un premier temps, jâai posĂ© une question Ă la comĂ©dienne Sophie Thatcher de la sĂ©rie tĂ©lĂ© Yellowjackets. Du coin de lâĆil, je pouvais apercevoir Grant sâapprocher tranquillement. Il Ă©tait incontestablement la plus grande vedette que jâallais interviewer. Je nâĂ©tais pas du tout nerveux, mais je connaissais sa rĂ©putation dâĂȘtre parfois insolent envers les mĂ©dias. Heureusement, il semblait ĂȘtre bien disposĂ© et il a bien rĂ©pondu Ă ma question.
Le lendemain, jâassistais au tapis de la comĂ©die Les Barbares de Julie Delpy. Puisquâelle est française, nous ne nous sommes retrouvĂ©s que quatre journalistes pour lâĂ©vĂ©nementâ! Jâavoue que câest cette rencontre qui me rendait le plus fĂ©brile, Ă©tant un grand fan de son travail dans la trilogie Before de Richard Linklater. Jâai donc pu lui poser quelques questions sans trop mâinquiĂ©ter du temps qui nous Ă©tait allouĂ©.
En soirĂ©e, je suis allĂ© couvrir la premiĂšre du film Rumours (Rumeurs). Cette satire politique met en scĂšne les membres du G7, alors que le premier ministre canadien est incarnĂ© par Roy Dupuis. Mais la majoritĂ© des journalistes et influenceurs attendait lâactrice Cate Blanchett. Les rumeurs circulaient quâelle ne foulerait pas le tapis rouge. Mon voisin australien Ă©tait lĂ pour elle et il avait vĂ©cu dĂ©jĂ une premiĂšre dĂ©ception alors quâelle avait Ă©galement Ă©vitĂ© la presse lors de la premiĂšre dâun autre film pendant ce mĂȘme festival. Finalement, on a eu la confirmation quâelle rentrerait directement dans le cinĂ©ma aprĂšs seulement quelques photos officielles. Pour ce qui est de Roy Dupuis, faute de temps, il est passĂ© tout droit devant moiâ!
Mon seul regret, câest de ne pas avoir eu assez de temps pour voir plus de films. Les projections de presse sont gĂ©nĂ©ralement en matinĂ©e. Il faut donc faire des choixâ! Mise Ă part Anora, mon film coup de cĆur, jâai quand mĂȘme eu le plaisir de visionner Nightbitch, une comĂ©die grinçante teintĂ©e de rĂ©alisme magique sur la maternitĂ©. Mettant en vedette Amy Adams, le film, qui sortira en dĂ©but dĂ©cembre, fera assurĂ©ment jaser. Enfin, jâai Ă©galement regardĂ© The Return, un drame psychologique historique avec Ralph Fiennes et Juliette Binoche qui se veut une relecture minimaliste de LâOdyssĂ©e dâHomĂšre.
Le TIFF est un festival dont lâorganisation est bien rodĂ©e et quâil est agrĂ©able de frĂ©quenter. Les bĂ©nĂ©voles et coordonnateurs sont trĂšs avenants. La programmation de films internationaux est riche et variĂ©e. Dâailleurs, plusieurs dâentre eux sortiront sur les Ă©crans au cours des prochaines semaines. Le TIFF est vraiment un incontournable pour les amoureux du septiĂšme art.â |