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Entrevue avec Guildor Roy

Crédit photo : Tzara Maud

Entrevue avec le comédien Guildor Roy pour la sortie du film La Petite et le vieux.

NĂ© en 1960 Ă  Cadillac en Abitibi-TĂ©miscamingue, Gildor Roy grandit toutefois Ă  Rigaud dans une famille amoureuse de la musique country. Si, Ă  l’adolescence, il se consacre d’abord Ă  la musique, il se tourne ensuite vers le jeu. DiplĂŽmĂ© de l’École nationale de thĂ©Ăątre en 1983, il enchaĂźne les rĂŽles sur les planches comme Ă  la tĂ©lĂ©vision, oĂč il connaĂźt un immense succĂšs avec Km/h (1998-2006) aux cĂŽtĂ©s de Michel Barrette. Au cinĂ©ma, il se dĂ©marque en 1992 dans le film de Robert Morin Requiem pour un beau sans-cƓur. Il joue Ă©galement dans plusieurs productions populaires comme les deux Karmina, La MystĂ©rieuse mademoiselle C. et Les Boys 4. Plus rĂ©cemment, il a marquĂ© la tĂ©lĂ©vision avec son rĂŽle du commandant Chiasson dans la quotidienne District 31 (2016-2022).

C’est un grand retour pour vous au cinĂ©ma, 12 ans aprĂšs ÉsimĂ©sac. Vous en Ă©tiez-vous ennuyé ?

Oui, mais en mĂȘme temps, je n’ai pas Ă  me plaindre, car j’ai tournĂ© dans plein de choses. Donc, je n’ai pas eu Ă  m’ennuyer du jeu. Mais ce que j’aime au cinĂ©ma, c’est que tu sais comment l’histoire va finir. Tu sais dans quoi tu embarques, ce qui n’est pas le cas des sĂ©ries (rire) !

Que pouvez-vous nous dire à propos de votre personnage dans La Petite et le vieux ?

Mon personnage, monsieur Roger, est un pas propre qui fume, boit et sacre (rire). Il s’assoit sur une chaise et commente ce qui se passe dans le quartier. Il souffre de solitude. Puis, il en vient Ă  dĂ©velopper une relation amicale avec une fillette de 12 ans avec qui il s’obstine. Il survit grĂące Ă  ce contact humain.

Qu’est-ce qui vous attirait dans cette histoire ?

Ça parle d’une Ă©poque diffĂ©rente oĂč les gens prenaient le temps de se parler. Quand tu allais au dĂ©panneur, tu devais calculer plus de temps (rire) ! Je suis un peu nostalgique de cette pĂ©riode, des soirs quand les gens jasaient ensemble parce qu’ils n’avaient rien d’autre Ă  faire. Aujourd’hui, ça existe presque plus.

Comment se sont passĂ©es les retrouvailles avec Vincent-Guillaume Otis, avec qui vous aviez tournĂ© dans Babine et, Ă©videmment, District 31 ?

Dans Babine, nous ne partagions qu’une scĂšne ensemble et je lui donnais une rĂ©plique (rire). J’ai vraiment appris Ă  le connaĂźtre pendant le tournage de District 31 et Vincent, c’est un peu comme mon petit gars. C’est toujours agrĂ©able de jouer avec lui. Il est une personne formidable. En plus, on tournait dans le quartier oĂč il a grandi. C’était spĂ©cial. Quand on se promenait, les gens nous apercevaient et ils devaient se dire : « Vincent se ressemble encore, mais Gildor a donc bien vieilli » (rire) !

Justement, est-ce que cette allure aux cheveux plus longs avec une barbe imposante Ă©tait dans le roman ou bien Ă©tait-ce une proposition qui venait de vous ?

C’était dans le roman, mais j’ai eu de la chance que ce soit mes vrais cheveux et ma barbe et non pas une perruque et un postiche. À l’origine, le film devait se tourner au printemps, mais il a Ă©tĂ© finalement reportĂ© Ă  l’automne. J’ai eu le temps de terminer le dernier Ă©pisode de La Tour, puis je ne me suis pas coupĂ© les cheveux ni rasĂ© la barbe pendant six mois (rire).

« Je suis un peu nostalgique de cette pĂ©riode, des soirs quand les gens jasaient ensemble parce qu’ils n’avaient rien d’autre Ă  faire. Aujourd’hui, ça existe presque plus. »

Comment Ă©tait-ce de tourner avec Juliette Bharucha, une enfant qui en est Ă  ses dĂ©buts ?

Ç’a Ă©tĂ© bien agrĂ©able. Je ne veux pas paraĂźtre nĂ©gatif sur la jeunesse, mais elle n’était pas distraite par les rĂ©seaux sociaux. Elle venait travailler. Elle prenait ça comme un job et elle Ă©tait bien prĂ©parĂ©e. Elle Ă©tait complĂštement lĂ  et trĂšs investie.

Avez-vous fait une audition ensemble ?

Oui. Patrice SauvĂ©, le rĂ©alisateur, avait rĂ©duit la liste de casting Ă  six ou sept fillettes. J’ai donc auditionnĂ© avec elles. Le soir, on s’en parlait et nous Ă©tions unanimes que c’était Juliette le bon choix. Elle avait de quoi de particulier qui nous plaisait.

Comment est Patrice SauvĂ© comme rĂ©alisateur ?

Il est une des raisons pour lesquelles j’ai acceptĂ© le projet. Ça faisait longtemps que je voulais tourner avec lui. J’avais entendu de bonnes choses Ă  son sujet et je n’ai pas Ă©tĂ© déçu (rire). Puisque le scĂ©nario est une adaptation du roman, on se voulait respectueux du texte. Mais il est trĂšs prĂ©parĂ©. Il a une vision claire et il sait ce qu’il veut. On ne perd pas trop de temps sur le plateau, donc ça laisse plus de place Ă  la rĂ©pĂ©tition. Il est trĂšs calme aussi, ce qui est bien le fun. On peut quand mĂȘme trouver le moyen de rire. Par contre, c’est certain qu’il y a toujours une place pour l’improvisation au cinĂ©ma, surtout quand on tourne dans de vrais lieux comme ici. Parfois, un mur est plus proche ou il y a moins de place pour mettre les meubles comme le rĂ©alisateur le voudrait (rire).

Justement, le film a Ă©tĂ© entiĂšrement tournĂ© dans de vrais dĂ©cors. Est-ce plus plaisant pour un comĂ©dien ?

Le film se dĂ©roule au dĂ©but des annĂ©es 1980. Quand on entre dans le dĂ©panneur, on trouve plein de produits qui n’existent plus (rire). C’était vraiment super !

Quelle scĂšne reprĂ©sentait pour vous le plus grand dĂ©fi Ă  tourner ?

C’était de rĂ©ussir Ă  crĂ©er cette grande relation amicale avec la petite sans que ça paraisse dĂ©placĂ©, sans que ça provoque de malaises (rire). Je crois qu’on y est parvenus.

Qu’espĂ©rez-vous que le public retire du film ?

J’espĂšre que les gens vont se souvenir de cette Ă©poque bien diffĂ©rente oĂč le monde prenait le temps de jaser entre eux et que les adultes vont raconter aux plus jeunes qu’il y a aussi de bonnes choses en dehors des rĂ©seaux sociaux (rire). |

La comĂ©die familiale La Petite et le vieux prend l’affiche le 4 octobre.