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Manger, câest la vieâ! La cuisine est tellement un thĂšme populaire que mĂȘme le 7e art sây intĂ©resse. Pensez Ă Ratatouille, Julie & Julia, The Menu ou mĂȘme, au QuĂ©bec, Le Plongeur. Si la bouffe passionne, elle est aussi un Ă©lĂ©ment important sur les plateaux de tournageâ!
Au QuĂ©bec, Traiteur Bon AppĂ©tit, menĂ© par John DâAmbrosio, fait partie des traiteurs choisis pour les films quĂ©bĂ©cois et internationaux qui sont tournĂ©s ici. «âAu QuĂ©bec, il nây a pas de traiteur officiel. On reçoit des devis et on postule. Mais ça fonctionne vraiment avec la rĂ©putationâ: bonne nourriture, bon service, ponctualitĂ©, etc., et tu te fais un nom dans le domaine. Je suis en affaires depuis 1991 et mes premiers tournages ont Ă©tĂ© en 1993-1994, pour les films Snake Eyes et Battlefield Earth, et ensuite, ça sâest enchaĂźnĂ©.â» Ă Hollywood, Limelight Catering, dirigĂ© par Steve Michelson, est un des services traiteurs prisĂ©s par les studiosâ: «âOn devient traiteur officiel en Ă©tant engagĂ© par un producteur ou le directeur de production. De mon cĂŽtĂ©, ça fait 50 ans que je fais ce mĂ©tier. Mon premier film fut Paint Your Wagon en 1968.â» Si, pour faire un film, vous avez besoin dâune grosse Ă©quipe, le service traiteur doit aussi avoir beaucoup de personnel pour ĂȘtre capable de bien nourrir tout le monde. «âLes plateaux internationaux, câest environ 200 personnes Ă nourrirâ! Comme elles ont un temps limitĂ© pour manger, nous avons deux emplacements de service. On est donc environ 8 à  10 personnes pour faire le service et dans la cuisine, on a une autre Ă©quipe de 6 Ă 7 personnes pour tout prĂ©parerâ», mentionne John DâAmbrosio. Pour les plateaux quĂ©bĂ©cois, les groupes sont plus petits, soit entre 50 et 60 personnes et lâambiance y est plus dĂ©tendue, plus familiĂšre que sur un Ă©norme plateau hollywoodien.
Ă Hollywood, on offre le dĂ©jeuner et le dĂźner, donc les journĂ©es commencent tĂŽt et finissent tardâ: «âLâĂ©quipe dĂ©bute dans nos locaux Ă 3âh du matin pour servir les Ă©quipes sur le plateau Ă 6âh. Le dĂźner est servi 6âh heures aprĂšs le dĂ©but du travail des Ă©quipes, vers 13âh. Une fois les repas terminĂ©s, lâĂ©quipe doit revenir pour prĂ©parer les services du lendemain. Une journĂ©e dans notre mĂ©tier, câest facilement 16âh ou plus de travailâ», explique Steve Michelson.
Sâil vous arrive parfois de vous demander ce que vous allez manger, imaginez le chef qui doit prĂ©parer des plats diffĂ©rents pendant une ou deux semainesâ! «âOn doit avoir des menus diffĂ©rents chaque jour. Ăa veut dire, par exemple, trois choix de repas chaud, cinq choix de salades, fromages, desserts, etc., tous les jours. Donc, câest environ 60 types de salades Ă imaginer, 40 repas chauds diffĂ©rents Ă trouverâ! Câest la complexitĂ© des plateaux de tournage et il faut avoir une expĂ©rience culinaire dans lâassiette. Câest pour ça que nous collaborons avec des chefs de diffĂ©rentes nationalitĂ©s pour avoir des plats extrĂȘmement diffĂ©rentsâ», dĂ©taille John DâAmbrosio.
Les modes culinaires et les diffĂ©rentes diĂštes sont aussi des dĂ©fis Ă relever. John DâAmbrosio a eu Ă composer avec toutes les demandes possiblesâ: «âSans sel, sans gluten, sans lactose, vĂ©gane, cuisson vapeur, bouilli⊠bref, câest beaucoup dâexigences Ă combler et on doit se prĂ©parer Ă tout et sâinformer sur tout pour ĂȘtre certain de savoir quoi faire si une nouvelle demande arrive. On essaie de faire trĂšs attention à ça. Parfois, ça peut ĂȘtre un dĂ©fi. Nous avons dĂ©jĂ eu des demandes, par exemple, dâun repas chaud sans beaucoup de sauce. Mais avec le style buffet, avec des rĂ©chauds, la sauce sert Ă garder la viande ou la nourriture humide, pour ne pas quâelle soit sĂšche. Câest pour ça que parfois, on arrive avec des BBQ et la finition se fait directement sur le plateau.â» «âParfois, on fait des tournages Ă 1âhâ30 de route de MontrĂ©al et on doit servir des repas chauds quand mĂȘme. On a des unitĂ©s Ă tempĂ©rature contrĂŽlĂ©e et on amĂšne souvent des BBQ pour faire des grillades sur place, des poĂȘles pour sauter des lĂ©gumes ou des pĂątes devant le client, des stations de coupe de viande. On veut donner aux gens une expĂ©rience culinaire, on veut que les clients mangent le plus frais possibleâ», ajoute le traiteur. On en entend souvent parlerâ: de nombreuses cĂ©lĂ©britĂ©s ont des demandes alimentaires spĂ©cifiques lorsquâelles travaillent sur des plateaux de tournage. Ăa peut parfois laisser place Ă certaines surprises et John DâAmbrosio en a vĂ©cu quelques-unesâ! «âUne fois, on a eu une crise pour une assiette ultra spĂ©cifique et on a dĂ» courir comme des fous, Ă se demander si on Ă©tait passĂ©s Ă cĂŽtĂ© dâune diĂšte spĂ©ciale, pour se rendre compte que⊠câĂ©tait pour ses chiensâ!â»
John DâAmbrosio ne dĂ©laisserait jamais le service traiteur pour aller travailler dans un restaurantâ: «âChaque journĂ©e est diffĂ©rente et amĂšne un nouveau dĂ©fi, câest ce que jâaime. Un resto, câest le mĂȘme menu tous les jours, mais pas avec un traiteur.â» De plus, il aime le cinĂ©ma et ses acteurs, dont plusieurs lui ont laissĂ© un beau souvenirâ: «âLes acteurs ne se prĂ©sentent pas vraiment au buffet, câest gĂ©nĂ©ralement leur assistant qui vient prendre lâassiette pour eux. Mais je garde de beaux souvenirs de Sylvester Stallone, George Clooney, Bo Derek, Patrick Huard, Colm Feore et plusieurs autres.â» Ă Hollywood, Steve Michelson en a croisĂ© plusieurs avec le temps et a apprĂ©ciĂ© travailler avec Jon Hamm etHarrison Ford. Tout comme John DâAmbrosio, il adore le rythme du service traiteurâ: «âLes plateaux de tournage, câest tous les jours pour plusieurs moisâ! Jâadore mon Ă©quipe et jâai toujours du plaisir Ă cĂŽtoyer les Ă©quipes de tournage.â»
Une suggestion de film culinaire de John DâAmbrosioâ? Big Night (Ă table, 1996) avec Tony Shalhoub et Stanley Tucci, quâil a trouvĂ© trĂšs drĂŽle. Du cĂŽtĂ© de Steve Michelson Ă Hollywood, sâil avoue quâau cinĂ©ma, ce ne sont pas les films culinaires qui lâattirent le plus, le film Chef avec Jon Favreau et Robert Downey Jr. est dans sa liste de recommandations. |