Image tirée du film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles (2024)
Entrevue avec les acteurs Alexandre Goyette et MylĂšne Mackay pour la sortie du film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles
Alexandre Goyette a fait des Ă©tudes en interprĂ©tation Ă lâĂcole de thĂ©Ăątre du CĂ©gep Saint-Hyacinthe. Ă la tĂ©lĂ©vision, il se distingue dans des sĂ©ries populaires comme La Promesse, C.A. et 19-2. Au cinĂ©ma, il tourne, entre autres, pour Alain Desrosiers (Nitro et Nitro Rush), Xavier Dolan (Laurence Anyways et Mommy) et Podz (Les Sept jours du talion et King Dave). Goyette a adaptĂ© lui-mĂȘme sa piĂšce de thĂ©Ăątre, King Dave, pour le cinĂ©ma.
DiplĂŽmĂ©e de lâĂcole nationale de thĂ©Ăątre du Canada, MylĂšne Mackay sâimpose rapidement au cinĂ©ma. En 2015, elle remporte un prix Ăcrans canadiens comme meilleure actrice de soutien pour Endorphine. Puis, en 2017, elle remporte le prix Iris de la meilleure actrice pour Nelly. Ă la tĂ©lĂ©vision, elle se distingue dans les sĂ©ries Victor Lessard, Les Honorables et Sans rendez-vous. En 2023, elle publie chez Somme toute Mon cĆur accrochĂ© sur vos murs en carton, un essai sur lâamour.
Quâest-ce qui vous a attirĂ© dans ces doubles rĂŽles (frĂšre Marie-Victorin/Antoine et Marcelle Gauvreau/Roxane)â?
Alexandreâ: Jâai Ă©tĂ© invitĂ© tard dans le processus dâaudition, mais câest une position que jâapprĂ©cie. Je peux juste surprendre (rire). CâĂ©tait aussi une chance incroyable de jouer deux personnages dans le mĂȘme film. Jâai eu le sentiment de participer Ă quelque chose dâunique. Et ce nâest pas souvent que jâai eu la chance comme acteur de jouer un personnage historique. Je lâai fait plus au thĂ©Ăątre, mais pas au cinĂ©ma.
MylĂšneâ: Je trouvais intĂ©ressante la proposition du film dans le film de la scĂ©nariste et rĂ©alisatrice Lyne Charlebois. On nâa pas trop lâoccasion de naviguer dans deux Ă©poques diffĂ©rentes dans le mĂȘme film. Ăa reprĂ©sentait un bon dĂ©fi pour le jeu. Je me demandaisâcomment jâallais faire ça (rire). Jâavais aussi un attachement au personnage de Marcelle Gauvreau. Mon pĂšre Ă©tait professeur au Jardin botanique de MontrĂ©al et ma mĂšre, botaniste. Jâai baignĂ© dans cet univers-lĂ . Je suis aussi sensible Ă lâĂ©criture. Jâavais adorĂ© lire les lettres de Gauvreau. Jâaime aussi les lettres dâamour et je trouve ça dommage quâon nâen Ă©crive presque plus (rire).
Vous partagez une belle chimie Ă lâĂ©cran. Est-ce que Lyne Charlebois vous avait auditionnĂ©s ensembleâ?
Alexandreâ: MylĂšne avait dĂ©jĂ le rĂŽle quand jâai auditionnĂ©. On se connaissait trĂšs peu. Nous avions dĂ©jĂ passĂ© 48 heures ensemble Ă Vancouver pour un festival de films. Elle pour Nelly et moi pour King Dave. On avait vĂ©cu des moments agrĂ©ables ensemble, mais on ne sâĂ©tait jamais revus depuis. Ă lâaudition, çâa vraiment cliquĂ© entre nous. Nous Ă©tions Ă la mĂȘme place, dans lâĂ©coute et lâĂ©merveillement. Elle a Ă©tĂ© vraiment une collĂšgue prĂ©cieuse dans cette aventure.
MylĂšneâ: Je nâĂ©tais pas dans les premiĂšres actrices Ă auditionner, peut-ĂȘtre dans la deuxiĂšme ou troisiĂšme vague. Jâavais dĂ©jĂ interprĂ©tĂ© Marcelle Gauvreau dans un petit rĂŽle dans le film Les Fleurs oubliĂ©es (2019) dâAndrĂ© Forcier. Peut-ĂȘtre que Lyne ne voulait pas reprendre la mĂȘme actrice (rire)â? Quand est venu le temps de passer mon audition, je nâĂ©tais pas disponible. JâĂ©tais sur un autre tournage. Jâai donc envoyĂ© une vidĂ©o. Faut croire que ça sâest bien passĂ©, car jâai eu le rĂŽle (rire). Mon audition avec Alexandre, câĂ©tait la premiĂšre du matin. CâĂ©tait aussi la premiĂšre fois que je le faisais en personne devant Lyne. JâĂ©tais nerveuse (rire). Avec Alexandre, on a plongĂ© ensemble et cette nervositĂ© a crĂ©Ă© une certaine tension qui servait bien les personnages. Alexandre est respectueux, tendre et affectueux. Tout sâest fait naturellementâ!
Avez-vous fait beaucoup de recherches en amont du tournageâ?
Alexandreâ: Jâai fait une dizaine dâheures de cours de calligraphie afin de reproduire lâĂ©criture du frĂšre Marie-Victorin. Finalement, on ne me voit pas Ă©crire dans le film (rire)â! Jâai aussi lu ses lettres, ses journaux intimes, ses discours et ses billets dans Le Devoir. Jâai aussi eu la chance de rencontrer un frĂšre de la mĂȘme congrĂ©gation. Il a 94 ans et il avait croisĂ© Marie-Victorin jeune. Jâai Ă©galement Ă©tĂ© pensionnaire Ă lâĂ©cole, donc je connaissais un peu Ă quoi cette vie ressemblait. Il y a aussi les costumes qui changent tout quand tu les portes. La soutane de laine est pesante (rire). Avoir Ă©tĂ© riche, je serais parti avant le tournage dans un monastĂšre en Italie (rire).
MylĂšneâ: Jâai lu les lettres de Marcelle Gauvreau et du frĂšre Marie-Victorin. Jâai aussi observĂ© ma mĂšre qui possĂšde une personnalitĂ© plus timide, introvertie. Le film est une ode Ă la nature. Je laissais la place au moment prĂ©sent. Je pratique la mĂ©ditation et, avant chaque jour de tournage, je prenais ce moment pour me connecter Ă lâĂ©quipe. On gardait une courte pĂ©riode de silence afin dâentendre le son de la nature.
Est-ce que câest plaisant pour des comĂ©diens de jouer dans des films dâĂ©poqueâ?
Alexandreâ: Câest un grand bonheurâ! Artistiquement, tous les dĂ©partements mettent lâĂ©paule Ă la roue. La direction artistique sur le film est incroyableâ! On ne voit pas les dĂ©cors. On dirait que ces lieux existent vraiment et quâils sont figĂ©s dans le temps. Les costumes sont beaux. Jâavais mĂȘme une soutane faite sur mesure (rire)â! Je sentais que tout le monde voulait se dĂ©passer. Comme acteur, jâaccepterais ce genre proposition nâimporte quand, car câest rare quâon puisse faire un film dâĂ©poque comme ça.
MylĂšneâ: Les costumes sont magnifiques. Jâai vĂ©cu un moment spĂ©cial lors de la scĂšne oĂč lâon creuse le Jardin botanique. On est partis dâun terrain oĂč il nây avait rien. CâĂ©tait impressionnantâ! La scĂšne oĂč jâinterviewe une amie sur les marches Ă©tait un peu surrĂ©elle avec des poules partout (rire). On rĂ©alise aussi Ă quel point on Ă©tait tellement loin de ce que nous sommes aujourdâhui.
Quelle scĂšne reprĂ©sentait pour vous le plus grand dĂ©fi Ă tournerâ?
Alexandreâ: La scĂšne de nuditĂ© (rire). Pas celle dans lâintimitĂ©, car on vient Ă sâoublier parce quâon est dans une action. Câest celle oĂč lâon se retourne nus et que lâon se regarde. CâĂ©tait assez stressant (rire). Mais le directeur de photo nous avait montrĂ© le cadre du plan. Je trouvais ça beau et ça donnait du sens au film. MylĂšne Ă©tait aussi une excellente partenaire. Il y a aussi les scĂšnes de cours magistraux qui reprĂ©sentaient un gros morceau Ă livrer. CâĂ©tait des grosses journĂ©es de tournage avec plusieurs figurants. Finalement, plusieurs de ces scĂšnes ont Ă©tĂ© Ă©courtĂ©es au montage (rire)â!
MylĂšneâ: Je dirais la scĂšne finale sur la plage. Ăâa Ă©tĂ© tournĂ© au dĂ©but, on marchait longtemps et on devait sâarrĂȘter parfois Ă cause des intempĂ©ries. Alexandre et moi jouions aussi nos deux doubles rĂŽles en mĂȘme temps qui changeaient rapidement. CâĂ©tait donc un dĂ©fi de possĂ©der leurs deux langues, leurs deux personnalitĂ©s et leurs deux corps qui sont trĂšs diffĂ©rents. |
Le drame Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles prend lâaffiche le 21Â juin.