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Entrevue avec Reem Kherici

Crédit photo : Unifrance / Marie Rouge

Entrevue avec l’actrice Reem Kherici pour la sortie du film Chien et chat

Reem Kherici s’est fait connaĂźtre en 2005 avec la troupe La bande Ă  Fifi et ses sketchs humoristiques portant sur l’actualitĂ©. En 2009, elle fait ses dĂ©buts au cinĂ©ma dans la comĂ©die OSS 117 : Rio ne rĂ©pond plus, le deuxiĂšme film de la trilogie. La comĂ©dienne passe ensuite derriĂšre la camĂ©ra pour les films Paris Ă  tout prix (2013) et Jour J (2017). Chien et chat est son troisiĂšme long mĂ©trage en tant que rĂ©alisatrice.

Le chat dans votre film est inspirĂ© de votre propre chatte, une Maine Coon qui se prĂ©nomme Ă©galement Diva. Il y a longtemps que vous aviez en tĂȘte de faire un film avec Diva comme personnage principal ?

Oui. À la sortie de mon premier long mĂ©trage, Paris Ă  tout prix, j’avais demandĂ© Ă  mes producteurs de rĂ©aliser un film qui mettrait en vedette Diva et un chien. Ils m’ont dit : « Hop, hop, hop. Calme deux secondes. C’est trĂšs technique. Tu vas donc faire un autre film d’abord afin de confirmer ton talent, ou pas, de rĂ©alisatrice (rire). Et on verra ce qui en adviendra. » Il faut dire que c’est quelque chose qui n’a jamais Ă©tĂ© fait en France, soit d’intĂ©grer des animaux virtuels dans un dĂ©cor rĂ©el. Ils Ă©taient donc quand mĂȘme trĂšs rĂ©ticents. Finalement, j’ai tenu bon (rire). J’avais vraiment envie de rĂ©aliser ce rĂȘve d’enfant qui Ă©tait de faire parler des animaux.

En tant que rĂ©alisatrice, quels dĂ©fis reprĂ©sentait cette production ?

C’est trĂšs dur de rĂ©aliser un projet avec des animaux virtuels. D’une part, il faut dĂ©jĂ  Ă©crire un scĂ©nario qui tient la route et qui personnifie les deux animaux. On doit s’attacher Ă  eux, qu’ils aient une vraie personnalitĂ© et que ça ne soit pas juste Reem qui a voulu faire un film sur son chat (rire). Il faut aussi parler au public adulte et aux enfants. Ensuite, il y a une phase de prĂ©paration intense. Quand le scĂ©nario est fini, au lieu d’aller tout de suite tourner, on a dĂ» prĂ©parer le film pendant un an en crĂ©ant des storyboards animĂ©s qui mettent en scĂšne les animaux en dessins pour savoir combien de temps durent les scĂšnes. Les acteurs qui font les voix vont lire le texte qu’on intĂšgre Ă  ces visuels. AprĂšs, il faut tourner, souvent avec des peluches qui remplacent les personnages virtuels sur le plateau afin d’avoir une rĂ©fĂ©rence pour la lumiĂšre. Une fois le tournage complĂ©tĂ©, il faut compter deux ans de postproduction pour intĂ©grer les animaux dans les dĂ©cors. C’est extrĂȘmement long (rire) !

L’intrigue se dĂ©roule en bonne partie Ă  MontrĂ©al et au QuĂ©bec. Pourquoi avoir choisi ces lieux ?

J’ai vĂ©cu dans les Laurentides pendant quatre ans et j’ai adorĂ©. J’ai eu la chance de dĂ©couvrir des paysages enneigĂ©s fabuleux. J’avais rĂ©alisĂ© mon premier film Ă  cette Ă©poque et je me suis dit : « Il faut absolument que je vienne faire de belles images ici. C’est trĂšs beau. »

On vous a dĂ©couverte avec La bande Ă  Fifi de Philippe Lacheau. Vous tournez souvent avec lui. Que pouvez-vous nous dire sur cette chimie que vous possĂ©dez ensemble ?

Ça fait vingt ans que nous travaillons ensemble. On a Ă©cumĂ© les bides et les succĂšs (rire). C’est une amitiĂ© qui dure depuis toujours, qui nous lie artistiquement et humainement.

« […] C’est quelque chose qui n’a jamais Ă©tĂ© fait en France, soit d’intĂ©grer des animaux virtuels dans un dĂ©cor rĂ©el. »

Depuis le dĂ©part, c’était voulu d’avoir comme tĂȘtes d’affiche Philippe Lacheau et Franck Dubosc ?

J’avais envie de m’entourer des meilleurs (rire). Franck est un grand acteur de comĂ©die, mais je voulais lui offrir un rĂŽle qu’il n’avait jamais fait avec une Ă©lĂ©gance un peu Ă  l’anglaise. Ça lui va d’ailleurs trĂšs bien. Philippe, il est toujours un peu le rigolo. J’ai donc voulu lui proposer le rĂŽle du mĂ©chant.

Avec pareil duo, comment le dirigiez-vous ? Laissiez-vous une place à l’improvisation ?

Pas du tout (rire). Je ne suis pas autoritaire, mais prĂ©cise. J’avais en face de moi deux comĂ©diens qui sont aussi auteurs et rĂ©alisateurs. Ils ont Ă©normĂ©ment de respect pour le plateau, la ponctualitĂ© et le dĂ©sir du rĂ©alisateur. Puisqu’ils me connaissent, ils me faisaient aussi vraiment confiance.

Comment avez-vous choisi les voix pour Diva et Chichi ?

InÚs Reg et Artus sont des rock stars de la comédie française. Ils se sont rapidement imposés comme choix et ils ont énormément apporté à leurs personnages.

Quelle scĂšne a Ă©tĂ© la plus complexe Ă  tourner ?

La scĂšne la plus compliquĂ©e a Ă©tĂ© celle du lac. On a tournĂ© avec des vents Ă  -40 degrĂ©s. Au QuĂ©bec, vous connaissez ça (rire) ! Nous Ă©tions sur un lac dans les Laurentides sur lequel nous ne pouvions pas marcher pour des raisons de sĂ©curitĂ©. Il a donc fallu recrĂ©er en 3D le lac. Ça, c’était un de premiers jours de tournage (rire)! Ă€ la fin de la journĂ©e du tournage de huit heures, tu dis Â«â€‰coupez », mais tu n’as filmĂ© que du vide (rire). Tu ne sauras que deux ans plus tard le rĂ©sultat (rire). Cette scĂšne a donc pris deux ans et demi Ă  fabriquer pour deux minutes trente de film !

Est-ce qu’on vit parfois des dĂ©couragements en faisant ce type de production ?

Si (rire) ! J’avoue quand que tu tournes et que tu as froid pendant 8 heures et que tu sais que tu as 35 jours comme ça, et que de temps en temps tu ne tournes rien car les animaux seront ajoutĂ©s aprĂšs, du coup, Ă  la fin de la journĂ©e, tu n’as pas la mĂȘme satisfaction que d’avoir tournĂ© avec des comĂ©diens. Au moins, avec eux, tu as rigolĂ© et tu peux voir les images qui t’encouragent pour le lendemain. Je dirais que c’est souvent la foi qui m’a fait tenir (rire) !

Chien et chat est votre troisiĂšme film en tant que rĂ©alisatrice. Est-ce quelque chose que vous dĂ©sirez encore plus explorer ?

Oui. J’ai vraiment trouvĂ© ma voix en tant que rĂ©alisatrice. J’aime pouvoir parler Ă  la famille depuis que je suis devenue maman. Avoir des salles avec des enfants pour qui, parfois, il s’agit de leur premier film de leur vie et de marquer leur inconscient, ça c’est quelque chose que je n’imaginais pas et qui est arrivĂ©. Je m’y trouve beaucoup lĂ -dedans. |