Crédit photo : Immina films / Drowster
Entrevue avec l’acteur et scĂ©nariste Patrice Robitaille pour la sortie du film Ru
NĂ© Ă QuĂ©bec en 1974, Patrice Robitaille a obtenu son diplĂŽme du Conservatoire dâart dramatique de MontrĂ©al en 1998. En 2002, il sâest fait connaĂźtre auprĂšs du grand public avec le film QuĂ©bec-MontrĂ©al, pour lequel il a remportĂ© le prix Jutra du meilleur scĂ©nario en compagnie de Jean-Philippe Pearson et Ricardo Trogi. Il enchaĂźne ensuite plusieurs rĂŽles dans des films Ă succĂšs comme Horloge biologique, Un Ă©tĂ© sans point ni coup sĂ»r et, tout rĂ©cemment, Au revoir le bonheur. Il a Ă©galement jouĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision dans des sĂ©ries populaires telles que Les Invincibles, Les Beaux malaises et Câest comme ça que je tâaime. On a Ă©galement pu le voir sur les planches dans diffĂ©rentes piĂšces, entre autres dans le rĂŽle-titre de Cyrano de Bergerac en 2014.
Est-ce que le cinéma a toujours fait partie de ta vie?
Oui! Jâai toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par les films. CâĂ©tait beaucoup les films dâhorreur entre amis, Ă se faire des peurs (rire). On regardait aussi souvent des films en famille. Jâai Ă©galement de bons souvenirs des premiers films qui nâĂ©taient pas pour enfants et que je pouvais apprĂ©cier autant que mes parents, comme Kramer contre Kramer (rire). Je ne sais pas trop pourquoi celui-lĂ mâavait intĂ©ressĂ©, mais çâa Ă©tĂ© un film marquant (rire).
As-tu toujours voulu ĂȘtre comĂ©dien?
Mon dĂ©sir est vraiment nĂ© vers la fin de mon secondaire, mais ça demeurait plus un rĂȘve inaccessible. Ă ce moment-lĂ , je ne pensais pas rĂ©ellement Ă faire ce mĂ©tier. Je pensais plutĂŽt Ă devenir policier ou Ă un autre travail du genre. Ă lâUniversitĂ© Laval, je suis devenu ami avec Ricardo Trogi. Nous nous sommes connus dans la ligue dâimprovisation. Jâai fait quelques courts mĂ©trages avec lui, mais câĂ©tait encore plus dans lâordre du loisir, je nâavais pas de plan concret. Je dirais que câest quand jâai Ă©tĂ© acceptĂ© au Conservatoire dâart dramatique de MontrĂ©al que câest devenu plus rĂ©el.
Que peux-tu nous dire du film QuĂ©bec-MontrĂ©al, qui fĂȘte cette annĂ©e ses 21 ans?
Jâai eu lâidĂ©e de dĂ©part du film quelques annĂ©es plus tĂŽt. En fait, mon idĂ©e Ă©tait celle dâun film qui se dĂ©roule complĂštement dans une auto qui fait le trajet de lâautoroute 20 entre QuĂ©bec et MontrĂ©al, filmĂ© en temps rĂ©el. Jâavais mĂȘme en tĂȘte une scĂšne qui se dĂ©roulerait au resto du Madrid, genre dix minutes pendant lesquelles les personnages feraient juste attendre lĂ (rire). Je dĂ©sirais aussi que le film soit en bonne partie improvisĂ©. Les comĂ©diens auraient eu un certain canevas, des sujets Ă aborder, mais on aurait improvisĂ© les dialogues. Mais Ă ce moment-lĂ , ce nâĂ©tait pas allĂ© plus loin. Jâavais jouĂ© dans le court mĂ©trage Câest arrivĂ© prĂšs de chez nous de Ricardo Trogi, un pastiche du film Câest arrivĂ© prĂšs de chez vous. Le film avait crĂ©Ă© un certain buzz et un producteur nous avait approchĂ©s pour tourner une sĂ©rie pour TĂ©lĂ©-QuĂ©bec. En cours dâĂ©criture, nous avions mĂȘme tournĂ© un pilote. Mais nous Ă©tions en dĂ©saccord artistique avec le producteur sur quelques points et il a prĂ©fĂ©rĂ© nous mettre Ă la porte du projet (rire). On a dĂ» redonner notre argent aux institutions. On se retrouvait donc sans emploi et sans le sou (rire). Ricardo et moi sommes allĂ©s dans un bar et câest lĂ quâil mâa relancĂ© sur mon idĂ©e de film dâauto. De son cĂŽtĂ©, Ricardo Ă©tait en pourparlers avec la productrice Nicole Robert pour un projet qui nâa pas abouti. Elle lui avait dit de lui en parler sâil avait dâautres projets en tĂȘte. On lui a donc prĂ©sentĂ© notre concept qui allait devenir QuĂ©bec-MontrĂ©al.
Comment expliques-tu cette chimie entre Ricardo Trogi et toi?
Câest vrai quâon a tournĂ© souvent ensemble au dĂ©but de nos carriĂšres, mais notre dernier film ensemble, Le Mirage (2015), remonte quand mĂȘme Ă un petit bout dĂ©jĂ . Au-delĂ du fait que ce soit un ami, Ricardo est non seulement quelquâun de trĂšs rassembleur, mais aussi extrĂȘmement talentueux. Ces derniĂšres annĂ©es, il a Ă©tĂ© trĂšs occupĂ© avec ses films autobiographiques et moi aussi, de mon cĂŽtĂ©, je nâai pas manquĂ© de travail. JâespĂšre bien que dans son prochain film, qui se dĂ©roule alors que nous Ă©tions amis, il y aura peut-ĂȘtre un personnage qui me ressemble (rire).
Tu as eu lâoccasion de tourner beaucoup de films. Duquel gardes-tu un Ă©norme plaisir?
Ăa, câest dur comme question (rire). Je ne suis pas quelquâun de nostalgique, qui regarde en arriĂšre. Mais, spontanĂ©ment comme ça, je dirais La Petite reine. Pour ce projet, nous avions eu le bonheur de tourner Ă lâĂ©tranger, en Belgique et en Arizona, aux Ătats-Unis. Câest vraiment agrĂ©able de combiner travail et voyage. Câest aussi trĂšs rassembleur pour lâĂ©quipe. Ensuite, il y avait une trĂšs bonne chimie entre la comĂ©dienne Laurence Leboeuf et moi. Jâai eu beaucoup de plaisir avec elle, mĂȘme si nous jouions des scĂšnes parfois trĂšs dures.
Comment choisis-tu tes projets?
Je nâai pas de plan de carriĂšre. En premier lieu, ça passe par une rencontre avec les personnes qui pensent Ă toi. Câest quand mĂȘme flatteur (rire). Ensuite, ça va avec la lecture du scĂ©nario. Au final, câest un peu les deux qui dictent mon choixâ: avec qui je vais tourner et est-ce que le personnage est intĂ©ressant sur la page. Mais, sincĂšrement, quand on est approchĂ© pour un film et quâon peut le faire, on accepte souvent (rire). Je me compte trĂšs chanceux dâĂȘtre un comĂ©dien qui a la chance de jouer dans beaucoup de films. Ce nâest pas le cas pour plusieurs acteurs. Je ne tiens jamais ce privilĂšge pour acquis et je me dis souvent que câest peut-ĂȘtre mon dernier film.
Ces derniĂšres annĂ©es, on a lâimpression que tu as lâoccasion de jouer des rĂŽles plus sĂ©rieux ou matures, est-ce quelque chose qui te plaĂźt?
En fait, jâen ai toujours un peu jouĂ©, mais souvent, câĂ©tait dans des projets qui ont connu moins de succĂšs. Câest peut-ĂȘtre pour ça que le public lâoublie, mais câest certain que je suis aussi associĂ© Ă un type de rĂŽle. Mais câest vrai quâavec lâapparition de poils blancs (rire), on me propose plus souvent des rĂŽles pour lesquels on nâaurait pas nĂ©cessairement pensĂ© Ă moi avant, comme pour le film La RĂ©vision. Jâai vraiment adorĂ© jouer dedans. CâĂ©tait un rĂŽle plus verbeux, avec beaucoup de dialogues.
Vu le sujet de La Révision, avais-tu des craintes quant à la réception du film?
On savait que le sujet Ă©tait dĂ©licat, mais jâai rapidement Ă©tĂ© rassurĂ© par la rĂ©alisatrice, Catherine Therrien. Elle cherchait vraiment Ă crĂ©er un dialogue entre les deux points de vue de nos personnages, Ă Nour Belkhiria et moi.
Cet Ă©tĂ©, tu Ă©tais Ă lâaffiche du film Le Temps dâun Ă©tĂ© qui a remportĂ© un Ă©norme succĂšs. Quâest-ce qui tâa attirĂ© dans ce projet?
Dâabord la rĂ©alisatrice, Louise Archambault, dont jâadore les films. Ensuite, je trouvais ça intĂ©ressant de jouer un curĂ© (rire). Enfin, lâidĂ©e de passer un Ă©tĂ© Ă tourner dans le Bas-du-Fleuve Ă©tait aussi agrĂ©able (rire). Comme je le mentionnais, quand on a une chance de tourner ailleurs, on saute lĂ -dessus!
Que peux-tu nous dire de ton expérience sur le film Ru?
Jâavais lu le roman de Kim ThĂșy, donc jâĂ©tais vraiment content de faire partie dâun film avec une belle histoire. Je trouve que les personnages que Karine Vanasse et moi interprĂ©tons reprĂ©sentent bien la façon dont le QuĂ©bec accueillait ses immigrants Ă cette Ă©poqueâ: avec peut-ĂȘtre parfois une maladresse, mais surtout une ouverture dâesprit et de la bontĂ©. Jâai aussi bien aimĂ© travailler avec le rĂ©alisateur, Charles-Olivier Michaud. DĂšs le dĂ©part, il avait une vision trĂšs claire de son film. Je pense quâon aborde le sujet avec le regard dâaujourdâhui. Je pense que le public va trouver le film trĂšs agrĂ©able mĂȘme si au moment de faire cet entretien, je nâai pas encore eu la chance de le voir (rire). |