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François Gauthier, artiste maquilleur

Le Cinéma vu par François Gauthier, artiste maquilleur

Autodidacte et passionné de maquillage depuis un jeune âge, François Gauthier est allé parfaire ses connaissances à Toronto. Il a ensuite travaillé 10 ans pour le maquilleur Adrien Morot, gagnant d’un Oscar pour The Whale (La Baleine). Au cours de sa carrière, il a travaillé sur plus d’une vingtaine de films d’ici et d’Hollywood comme Horloge biologique, Bon Cop, Bad Cop, Night at the Museum (Une nuit au musée) et The Day After Tomorrow (Le Jour d’après). Plus récemment, il a participé à la production Farador.

Quel a été le premier maquillage marquant d’un film que tu as vu?

C’est celui de Freddy Krueger dans A Nightmare on Elm Street (Les Griffes de la nuit). J’ai vu le film chez ma marraine quand j’avais 11 ou 12 ans. J’ai été fasciné par son visage brûlé et, évidemment, par son gant muni de lames. C’est un personnage qui a marqué mon imaginaire, et j’ai toujours eu le rêve de rencontrer un jour Robert Englund. Au-delà de Freddy, tous les trucages du film m’avaient laissé une grande impression, particulièrement celui de la mort du personnage de Johnny Depp dont le sang explose vers le plafond (rire).

Après ça, je me suis lancé dans la production artisanale de masques en latex. J’habitais un bloc appartements dans lequel il y avait un espace libre au sous-sol. Je m’étais organisé un petit studio (rire).

Tu as travaillé sur plusieurs productions. De quel maquillage es-tu le plus fier?

Je dirais celui du Néandertal du film Night at the Museum (Une nuit au musée). J’ai eu un budget de quelques milliers de dollars pour le créer. J’avais déjà de l’expérience dans la pose de poils pour perruques et barbes, donc j’étais en terrain connu. Et, j’ai eu beaucoup de compliments de la part des autres artistes canadiens et américains qui travaillaient sur la production. Ça fait plaisir (rire)!

« Grâce au numérique, on peut maintenant utiliser des logiciels pour faire du moulage 3D. On n’est pas encore comme dans les Mission : impossible (rire), mais on gagne du temps et on économise de l’argent. »

Quel maquillage aurais-tu aimé réaliser?

J’ai adoré le travail d’Adrien Morot sur The Whale (La Baleine). La transformation de Brendan Fraser était spectaculaire, mais crédible. On y croyait! C’est le genre de projet que j’aurais aimé faire.

Le numérique a-t-il changé le métier?

Énormément! On peut maintenant utiliser des logiciels pour faire du moulage 3D. On n’est pas encore comme dans les Mission : impossible (rire), mais on gagne du temps et on économise de l’argent. Avec l’inflation, le coût des matériaux a vraiment explosé et faire des films est vraiment dispendieux.

Cette année, The Exorcist (L’Exorciste) fête ses 50 ans. Selon toi, pourquoi les maquillages du film terrifient-ils encore autant les spectateurs?

C’est le film qui a changé ma vie (rire)! C’est celui qui m’a donné le goût de faire ce travail. Les maquillages de Dick Smith sont encore impressionnants. Ils sont subtils par leur réalisme, mais tout aussi terrifiants. Même si j’aime le genre des films de possession comme The Conjuring (La Conjuration) ou Insidious (Insidieux), L’Exorciste demeure une œuvre tellement réaliste et puissante.

Y a-t-il un artiste duquel tu admires l’œuvre?

J’étais vraiment impressionné par le travail de Tom Savini sur les Friday the 13th (Vendredi 13) (il a travaillé sur les premier et quatrième films). Pour l’époque, ses coupures et trucages corporels sur les victimes de Jason étaient tellement réalistes.

Récemment, tu as travaillé sur le film québécois Farador. Comment s’est déroulée cette expérience?

Ç’a été tellement plaisant. J’ai eu le mandat de transformer le lutteur Marko Estrada en orque. Il s’est vraiment prêté au jeu! Il faut dire que le processus n’est pas toujours évident pour les comédiens, même si la plupart aiment ça. Afin de faire les moulages, ils passent plusieurs heures le visage plâtré, respirant par les narines avec des pailles. Ensuite, le jour du tournage, ils repassent encore plusieurs heures pour l’application du masque ou des prothèses. Travailler sur Farador était aussi excitant parce qu’au Québec, on a moins l’occasion de faire des films de genre dans lesquels on peut se permettre ce type de création.

Quelle est la meilleure recette pour fabriquer du faux sang?

Celle que j’aime utiliser, dont j’apprécie beaucoup le résultat, est un mélange de savon à vaisselle transparent, de colorants alimentaires en poudre (c’est plus opaque qu’un colorant liquide!) bleus et rouges et de liquide pour développer les photos. |