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Par

John Williams

Image tirĂ©e de l’affiche du film La Guerre des Ă©toiles (1977)

L’aventurier refait surface
Indiana Jones est de retour! L’archĂ©ologue le plus intrĂ©pide du cinĂ©ma brandira Ă  nouveau le fouet pour Ă©carter toute menace. Également de retour, l’homme sous le chapeau du personnage : Harrison Ford, qui fĂȘtera d’ailleurs ses 81 ans cet Ă©tĂ©. Pour une ultime fois, le comĂ©dien se glissera dans la peau de cet aventurier chĂ©ri par toute une gĂ©nĂ©ration de cinĂ©philes. C’est en tout cas ce qu’il a dĂ©claré  S’il brise sa promesse, ce sera pour notre plus grand bonheur!

Le grand absent de ce cinquiĂšme volet est Steven Spielberg, le rĂ©alisateur tout aussi cĂ©lĂšbre des quatre Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Ce dernier a prĂ©fĂ©rĂ© passer le flambeau Ă  un cinĂ©aste plus jeune. L’heureux Ă©lu est James Mangold, rĂ©alisateur qui a su apporter un vĂ©ritable vent de fraĂźcheur Ă  la sĂ©rie des X-Men avec le film Logan en 2017. Arrivera-t-il Ă  reproduire cet exploit? Cela reste Ă  voir.

Et en avant la musique!
IntitulĂ© Indiana Jones et le Cadran de la DestinĂ©e, ce nouvel opus marque le retour d’une autre grande lĂ©gende du cinĂ©ma amĂ©ricain et un alliĂ© plus qu’important de cette sĂ©rie : John Williams. Le cĂ©lĂšbre compositeur signe Ă  nouveau la musique du film. Toujours actif, Williams continue de rĂ©colter les Ă©loges aprĂšs une carriĂšre bien remplie. Sa derniĂšre collaboration avec le cinĂ©aste Steven Spielberg lui a d’ailleurs valu une nomination bien mĂ©ritĂ©e aux Oscars pour le film Les Fabelman. MĂȘme s’il n’a pas remportĂ© la fameuse distinction cette annĂ©e, John Williams peut toutefois dormir tranquille : il en possĂšde dĂ©jĂ  cinq!

John Williams naĂźt en 1932 dans la bruyante ville de New York. Il grandit au sein d’une famille de quatre enfants, sans doute elle-mĂȘme assez bruyante, dont le pĂšre est percussionniste de jazz. En 1948, ils dĂ©mĂ©nagent en Californie, Ă  Los Angeles, lĂ  oĂč John fera ses Ă©tudes. À l’universitĂ©, il Ă©tudie la composition avec Mario Castelnuovo-Tedesco, un grand guitariste italien qui, Ă  la suite de son immigration aux États-Unis, travaille comme compositeur pour les studios MGM.

Outre ses talents de compositeur, John Williams est un pianiste exceptionnel, ce qui lui a permis de faire ses premiers pas Ă  Hollywood. Il a interprĂ©tĂ© le piano sur une quantitĂ© Ă©tonnante de classiques amĂ©ricains tels que Certains l’aiment chaud et West Side Story. En 1958, il complĂšte sa premiĂšre bande sonore pour un long mĂ©trage intitulĂ© Daddy-O, une comĂ©die de sĂ©rie B qui tombe vite dans l’oubli. En 1967, John Williams est sĂ©lectionnĂ© aux Oscars pour la premiĂšre fois pour La VallĂ©e des poupĂ©es, un film mĂ©prisĂ© par les critiques Ă  l’époque de sa sortie, mais qui depuis est devenu culte. Il remporte enfin une premiĂšre statuette en 1971 pour Un violon sur le toit, une Ɠuvre pour laquelle il a adaptĂ© la musique de Jerry Bock, compositeur du spectacle version Broadway.

« Lorsque ce dernier a jouĂ© au piano les deux notes cĂ©lĂšbres signifiant la prĂ©sence du requin, Steven Spielberg croyait qu’il plaisantait. »

En 1974, un certain Steven Spielberg, encore inconnu, approche le compositeur pour son premier long mĂ©trage. Spielberg Ă©tait fort impressionnĂ© par les partitions musicales du compositeur, particuliĂšrement celle du film The Reivers avec Steve McQueen. John Williams, charmĂ© par l’enthousiasme du jeune cinĂ©aste et surtout impressionnĂ© par ses connaissances musicales, accepte finalement la proposition. Sugarland Express marque donc le dĂ©but d’une longue et prĂ©cieuse collaboration entre les deux artistes qui perdure encore Ă  ce jour, malgrĂ© le fait que ce premier film fut un Ă©chec commercial. Le succĂšs mitigĂ© de Sugarland Express n’aura pas dĂ©couragĂ© les deux artistes de travailler ensemble.

Un an plus tard, le film Les Dents de la mer arrive en salle en plein mois de juin et terrorise les vacanciers. Le succĂšs est immĂ©diat et le grand requin blanc ne fait qu’une bouchĂ©e du box-office. MalgrĂ© tout le savoir-faire technique du jeune Spielberg, c’est ultimement la musique de John Williams qui donne au film toute sa personnalitĂ© et sa rĂ©sonance dans la culture populaire.

Ironiquement, Steven Spielberg Ă©tait au dĂ©part trĂšs surpris par l’approche minimaliste du musicien. Lorsque ce dernier a jouĂ© au piano les deux notes cĂ©lĂšbres signifiant la prĂ©sence du requin, Steven Spielberg croyait qu’il plaisantait. Puis il s’est vite ravisĂ©. En dĂ©finitive, ce fut du pur gĂ©nie, la musique Ă©voquant quelque chose de primitif et d’infatigable. Avec Les Dents de la mer, John Williams remporte sa deuxiĂšme statuette dorĂ©e. Puis, Steven Spielberg fera appel Ă  John Williams pour la presque totalitĂ© de sa filmographie, dont La Liste de Schindler et E. T., l’extra-terrestre, deux autres trames sonores oscarisĂ©es.

Toutefois, la contribution de John Williams ne se limite pas qu’aux films de Steven Spielberg. Le compositeur a travaillĂ© avec de nombreux rĂ©alisateurs tels Robert Altman (Images), George Miller (Les SorciĂšres d’Eastwick) et Brian De Palma (Furie). C’est Ă©galement John Williams qui a signĂ© la musique des trois premiers volets de la sĂ©rie des Harry Potter ainsi que celle de Maman, j’ai ratĂ© l’avion!, un incontournable durant la saison des fĂȘtes. Encore une fois, nous pouvons remercier Steven Spielberg d’avoir prĂ©sentĂ© John Williams au rĂ©alisateur George Lucas pour lequel il a composĂ© une des bandes sonores parmi les plus populaires : celle de La Guerre des Ă©toiles (cinquiĂšme Oscar). L’Institut amĂ©ricain du film, un organisme vouĂ© Ă  la prĂ©servation de films amĂ©ricains importants, l’a mĂȘme dĂ©clarĂ© la meilleure trame sonore de tous les temps.

Indiana Jones et le Cadran de la DestinĂ©e Ă©tait censĂ© ĂȘtre le dernier film de la carriĂšre de John Williams. En tout cas, c’est ce qu’il mentionne en entrevue Ă  l’Associated Press en 2022. Mais le compositeur semble avoir changĂ© d’avis en cours de route. Si aucun projet n’est officiellement annoncĂ© pour l’instant, nous pouvons nous rĂ©jouir de ce revirement de situation. En ces temps plutĂŽt cyniques, la musique porteuse d’espoir de John Williams fait toujours du bien Ă  entendre. |