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Halloween : genĂšse d’une franchise d’horreur

Image tirĂ©e de l’affiche du film Halloween (1978)

Depuis 1978, le psychopathe Michael Myers terrorise les habitants, mais surtout le personnage de Laurie Strode (Jamie Lee Curtis), de la petite ville fictive d’Haddonfield, en Illinois. Saviez-vous qu’Halloween, l’Ɠuvre peut-ĂȘtre la plus marquante du cinĂ©aste John Carpenter, Ă©tait Ă  l’origine une commande du producteur Irwin Yablans? Celui-ci cherchait Ă  faire un film Ă  propos d’un tueur qui s’en prend Ă  une gardienne d’enfants le soir de l’Halloween.

ImpressionnĂ© par le travail de John Carpenter pour son long mĂ©trage Assault on Precinct 13, Yablans le convainc de rĂ©aliser son projet qui est dotĂ© d’un budget de 300 000 $, somme trĂšs mince pour l’époque. Toutefois, Carpenter demande d’avoir le contrĂŽle total sur les dĂ©cisions crĂ©atives en Ă©change d’un maigre salaire de 10 000 $ pour Ă©crire (qu’il fera avec Debra Hill, sa copine qui agira Ă©galement comme productrice), rĂ©aliser et composer la musique du film. Par contre, il obtient Ă©galement 10 % des profits, un pari qui lui rapportera beaucoup.

Les deux comĂ©diens principaux du film, Donald Pleasence et Jamie Lee Curtis, n’étaient pas les premiers choix de Carpenter. Pour le personnage du psychiatre de Michael Myers, Sam Loomis, le cinĂ©aste a tout d’abord offert le rĂŽle Ă  Peter Cushing (Tarkin de Star Wars), mais son agent ne lui a mĂȘme pas refilĂ© le scĂ©nario, trouvant le salaire de 25 000 $ dĂ©risoire. Ensuite, Christopher Lee l’a dĂ©clinĂ©, erreur qu’il admettra plus tard. Finalement, Loomis deviendra sans doute le rĂŽle le plus connu de Pleasence.

Quant au personnage de Laurie Strode, c’est Anne Lockhart qui est approchĂ©e, mais celle-ci ne peut accepter parce qu’elle doit tourner un autre projet. Carpenter embauche donc Jamie Lee Curtis, pour qui il s’agit d’un premier rĂŽle. Ce n’est qu’une fois engagĂ©e qu’il apprend qu’elle est la fille de Janet Leigh, la cĂ©lĂšbre victime de la scĂšne de la douche du film Psycho d’Alfred Hitchcock. Pour Curtis, le rĂŽle de Strode prĂ©sentait quand mĂȘme un certain dĂ©fi parce qu’elle avait un caractĂšre trĂšs extraverti. Elle s’identifiait davantage aux personnages de ses consƓurs qu’au sien!

Pour la vĂ©ritable vedette du film, Michael Myers, Carpenter s’est tournĂ© vers un choix curieux et non traditionnel, soit celui d’un ami cinĂ©aste, Nick Castle. La raison? Il aimait tout simplement sa dĂ©marche! Plus tard, ce dernier tournera quelques films, dont The Last Starfighter et The Boy Who Could Fly.

On doit la signature visuelle de Michael Myers Ă  Tommy Lee Wallace, directeur artistique de la production. Carpenter voulait que son personnage porte un masque de visage humain, pĂąle et sans expression. Wallace a eu l’ingĂ©nieuse idĂ©e d’acheter un masque de William Shatner pour son personnage du capitaine Kirk qu’il a peint d’un blanc bleutĂ© en plus de lui Ă©tirer les trous des yeux. Le rĂ©sultat terrifiant a donc Ă©tĂ© achevĂ© pour la modique somme de deux dollars!

« Halloween est rapidement devenu un succĂšs jouissant d’un incroyable phĂ©nomĂšne de bouche Ă  oreille. »

Le plus grand dĂ©fi d’Halloween a Ă©tĂ© de donner l’impression que le tournage, qui a eu lieu au mois de mai, se dĂ©roulait en octobre. La production a utilisĂ© de fausses feuilles qu’elle ramassait et dĂ©plaçait dans les diffĂ©rents lieux. Par contrainte budgĂ©taire, le film a Ă©tĂ© tournĂ© Ă  Los Angeles. Dans certains plans, on peut mĂȘme apercevoir des palmiers, vĂ©gĂ©tation qui n’existe pas en Illinois!

Sorti en octobre 1978, Halloween est rapidement devenu un succĂšs jouissant d’un incroyable phĂ©nomĂšne de bouche Ă  oreille. À la fin de son parcours en salle, il a rĂ©coltĂ© 70 millions de dollars, devenant l’un des films indĂ©pendants les plus profitables d’Hollywood.

Au fil du temps, la sĂ©rie a connu diverses suites plus ou moins rĂ©ussies, dont une, en 1983, sans Myers (Halloween III). Quant Ă  Carpenter, il a vendu ses parts de la franchise au milieu des annĂ©es 1980, considĂ©rant que cet univers n’avait plus rien d’intĂ©ressant Ă  offrir.

PrĂ©sentement, Michael Myers est au cƓur d’une nouvelle trilogie, dont le deuxiĂšme volet (et douziĂšme film de la sĂ©rie!), Halloween Tue prendra l’affiche en octobre. L’histoire reprend oĂč celle d’Halloween (2018) se terminait, avec le psychopathe brĂ»lant dans les flammes de la maison de Laurie Strode, figure Ă©ternelle de son obsession. Soulignons que le personnage de Curtis est ramenĂ© Ă  la vie pour une troisiĂšme fois (probablement une premiĂšre dans l’histoire du cinĂ©ma!) dans cette nouvelle chronologie qui se dĂ©roule 40 ans aprĂšs les Ă©vĂ©nements du premier film et qui, du mĂȘme coup, efface la relation fraternelle entre Strode et Myers telle que rĂ©vĂ©lĂ©e dans Halloween II (1981).

AprĂšs toutes ces annĂ©es, John Carpenter n’aurait sans doute jamais imaginĂ© voir ses personnages encore prĂ©sents sur les Ă©crans alors que son but premier Ă©tait de faire un petit film d’horreur rempli de sursauts, comme si nous Ă©tions dans une maison hantĂ©e. Avec son thĂšme musical simple, mais ĂŽ combien angoissant, et sa version moderne de la lĂ©gende du croque-mitaine, il a crĂ©Ă© bien plus. Carpenter nous a offert une figure emblĂ©matique du cinĂ©ma d’horreur qui terrorisera Haddonfield, et les cinĂ©philes, encore longtemps. |